Fermeture de Sural: une situation intenable à l’ABI?

LOCK-OUT. La fermeture de Sural à Bécancour et Victoriaville aurait des répercussions importantes à l’Aluminerie de Bécancour qui y écoulait une partie de l’aluminium liquide produite par les employés-cadres depuis le début du conflit.

Selon ce que révélait le FM 106,9 Mauricie, dans l’émission Que la Mauricie se lève, cette situation pourrait entraîner des complications pour la suite des choses. «Nous aurons à adapter certaines opérations à cette nouvelle réalité dans les jours à venir et nous ferons le point prochainement sur les ajustements nécessaires à court terme. Cette fermeture suscitera probablement des questionnements quant aux opérations futurs d’ABI et de sa fonderie», a fait savoir la direction dans une note interne dont la station a obtenu copie.

C’est que les deux usines de Sural, avec l’aluminerie de Shawinigan, permettaient d’écouler une partie de l’aluminium liquide. Leur fermeture signifierait donc qu’ABI devrait traiter davantage de métal en fusion à la fonderie, pour le couler en tés et ensuite le scier en blocs.

En entrevue avec Catherine Gaudreault, le professeur titulaire en relations de travail à l’UQTR, Jean-Claude Bernatchez, croit qu’avec 115 cadres, ABI n’aura pas le personnel nécessaire pour mener à bien ces opérations.

Pourtant, comme l’a fait valoir une source qui a voulu conserver l’anonymat, couler le métal en fonderie ne serait pas un «problème». L’opération nécessiterait environ une dizaine de personnes par quart de travail, soit deux à la vidange des poches d’aluminium, trois à six sur les unités de coulée et un ou deux sur les scies.

Jean-Claude Bernatchez croit tout de même que la situation est intenable. « Selon ce que j’entends, ils ne pourront pas tenir longtemps comme cela. Parce qu’ils étaient organisés pour faire de l’aluminium chaud et l’évacuer tout de suite. Pas pour traiter de l’aluminium en fonderie, puis avec les scies», a-t-il raconté au FM 106,9.

«Ce que j’ai comme témoignage de certaines personnes qui y travaillent, c’est qu’ils sont dans une situation intenable, a-t-il ajouté. Des cadres qui font 80 à 90 heures par semaine, ce n’était pas prévu dans le scénario».

À son avis, cette situation pourrait même entraîner la fermeture des 120 cuves toujours en opération pour laisser le temps de régler le conflit. On se souviendra d’ailleurs que la direction avait annoncé un repli stratégique, en décembre dernier, pour des raisons de sécurité, en fermant une demi-série de cuves. «Ça se ferme une aluminerie, a-t-il rappelé. Ils pourraient fermer et décider de rouvrir dans un an ou deux. Ça ne partira pas au vent cette affaire-là.»

Le professeur raconte même que c’est après avoir eu vent des difficultés financières de Sural que la direction a décidé d’approcher le syndicat pour reprendre les négociations. Il croit toutefois qu’avant d’en arriver à la fermeture, ABI utilisera l’article 58 du Code et demanderait au Tribunal administratif du travail de faire voter les travailleurs sur leur offre.

Invité à réagir à ces propos, le syndicat des Métallos a refusé notre demande d’entrevue.

Du côté d’ABI,  on n’a pas voulu entrer dans les détails, mais on explique qu’on se questionne à savoir où ira le volume qui s’en allait chez Sural. Ira-t-il dans une autre usine ou en fonderie? Il est encore trop tôt pour le savoir. Puisqu’il faut analyser la situation et évaluer les options avant de parler des ajustements et des impacts à venir.