Cannabis: une industrie aux multiples possibilités
SAINT-GRÉGOIRE. Daniel Blackburn, qui vient de lancer Vert Médic à la Polyclinique 55 à Saint-Grégoire, souhaite que Nicolet-Bécancour redevienne le joueur important qu’il était dans la production de cannabis avant la légalisation.
Il vient d’ailleurs d’approcher le député Donald Martel, qui est également adjoint parlementaire du premier ministre pour les volets Projet Saint-Laurent et des zones d’innovation.
Il tentera de convaincre le député de la Coalition Avenir Québec des possibilités que cette industrie peut représenter, et ce, dans des domaines qui restent encore à déterminer. Car comme il aime bien le dire: «C’est toute l’industrie qui est une start-up».
Pourvu, continue-t-il, qu’on change notre façon de voir le cannabis, un produit qui est encore tabou quelques mois après sa légalisation. «C’est encore très stigmatisé», admet Daniel Blackburn qui rencontre déjà quelques obstacles.
Celui qui a des projets de construction de petites usines en autoproduction et en micro-production dans le parc industriel et portuaire de Bécancour a appris dernièrement qu’il ne pourrait pas compter sur le Fonds de diversification économique mis sur pied à la suite de la fermeture de Gentilly-2, étant donné que les critères ne le permettent pas.
Il plaide pourtant qu’avec la légalisation, l’augmentation de la production du cannabis amène une panoplie de possibilités en se servant des résidus, tels que les branches et les troncs des plants. La disponibilité de la matière pourrait attirer bon nombre d’entreprises en transformation dans la région, alors qu’on doit principalement s’approvisionner à l’extérieur actuellement.
Plusieurs entreprises, qui n’ont pas de liens directs avec le THC et le CBD, pourraient ainsi se greffer à l’industrie. Un peu comme Abaka, à Shawinigan, qui conçoit des vêtements en fibres naturelles, avec notamment du chanvre, du bambou et du coton biologique.
Dans le plastique et les boissons
M. Blackburn indique que tout ce qui restera des plants qui seront produits pourra servir dans tout ce qui est fait en chanvre et qui est utilisé dans le monde de la construction, du textile et des cosmétiques. Cela pourrait également servir à remplacer le pétrole dans la fabrication du plastique pour le rendre biodégradable, comme dans le cas des bouteilles.
Ce sont des propriétés connues depuis longtemps, mais qui ne pouvaient pas nécessairement bénéficier d’une production industrielle en raison du fait que sa production était illégale. Le tout était également très contrôlé quand il s’agissait de chanvre industriel qui poussait dans les champs, comme on a pu le voir sur le rang des Soixante, à Nicolet, il y a quelques années.
Le CBD contenu dans le cannabis amène aussi plusieurs opportunités d’affaires, puisque les effets bénéfiques sur la santé sont nombreux et se font sur plusieurs sphères de notre corps, et ce, sans qu’il y ait de buzz ou d’effets psychotropes.
Des multinationales telles que Coke, Corona et Molson ont même investi dans la production du cannabis pour éventuellement développer des boissons faites à base de cannabis. Par exemple, un Gatorade après efforts pourrait ainsi être développé, en allant chercher les antidouleurs et la reconstruction des tissus.
«Il pourrait y en avoir dans des jujubes, du chocolat, des brownies. Ça permet de te calmer, et ça des effets analgésiques», indique M. Blackburn.
On ne parle pas des nombreuses applications thérapeutiques qui ont des effets à plusieurs niveaux sur la santé. «On regarde le cannabis avec la lunette du THC, mais il y a 70 cannabinoïdes qui ont été identifiés actuellement, plaide-t-il. Il y en a plus que ça, parce qu’avec la légalisation, il y a plus de recherche. Ce n’est que le début.»
Le saviez-vous?
Il s’agit en quelque sorte d’un retour pour le chanvre, qui a eu plusieurs utilisations dans l’histoire. On peut penser, par exemple, au cordage et aux voiles du bateau de Jacques Cartier, le papier de la plus vieille édition de la bible ou celui de la Constitution américaine. La matière a été utilisée pendant de nombreuses années, avant d’être interdite durant les années 1920.