Mobilisation pour faire de la rivière Bécancour un enjeu électoral
ÉLECTIONS. Quatre associations de protection de cours d’eau s’associent pour interpeller les représentants des partis politiques québécois en cette période électorale. Elles les pressent de se positionner sur la question de l’état de santé alarmant de la rivière Bécancour, particulièrement dans le secteur de la Haute-Bécancour.
L’Association de protection du lac à la Truite d’Irlande (APLTI), en collaboration avec l’Association du lac William (ALW), l’Association des riveraines et riverains du lac Joseph (ARRLJ) et l’Association de chasse et pêche de Plessisville (ACPP) estiment que la rivière Bécancour est en danger et qu’elle mérite qu’on s’y attarde.
«Les associations et la population sont inquiètes et avec raison, a indiqué M. Réjean Vézina, président de l’APLTI. On ne s’attend pas à ce que les élus qui formeront le prochain gouvernement décrochent la lune : on leur demande toutefois de s’engager formellement, puis d’entreprendre des actions qui feront une réelle différence sur la qualité de l’eau et, conséquemment, sur la qualité de vie des citoyens».
Des demandes précises
Les dirigeants des différentes associations se sont concertés et en sont venus à la conclusion que le prochain gouvernement devra soutenir les acteurs du milieu afin de redresser la situation. Faire le nécessaire pour que les lois relatives à la protection de l’environnement et de la faune soient respectées, dans un premier temps, puis contribuer de façon significative aux travaux à entreprendre :
- Réaliser une étude sur la réhabilitation du lac à la Truite, conformément à la recommandation no 3 du mémoire Le lac à la Truite d’Irlande en voie de disparition.
- Créer un fonds de 10 M$ au cours des deux prochaines années pour la revitalisation de la rivière Bécancour. Ce fonds servira à la réalisation des recommandations de l’étude paléolimnologique.
- Fournir une participation financière équivalente à celle du gouvernement fédéral pour la phase 2 du projet Agir Ensemble – Haute-Bécancour, de façon à soutenir l’application des recommandations de la phase 1, lesquelles seront connues début 2019.
- Rendre disponibles des programmes gouvernementaux pour que la ville de Thetford Mines mette à niveau ses ouvrages d’assainissement des eaux situés dans le secteur Black Lake dès 2019.
La condition précaire de la rivière Bécancour et des lacs situés en aval impacte les activités socio-économiques et réduit le potentiel touristique de la région entière, estiment les associations en cause. «Il est temps que les partis politiques se positionnent et placent la santé de la rivière Bécancour et des lacs situés en aval parmi leurs priorités», jugent-elles.
Une longue rivière en danger
La rivière Bécancour prend sa source dans les Appalaches près de Thetford Mines et coule sur 196 km jusqu’à la ville de Bécancour. Elle reçoit 35 % des eaux de ruissellement de la MRC des Appalaches et son état de santé s’avère préoccupant, comme le confirme le mémoire Le lac à la Truite d’Irlande en voie de disparition préparé en 2015 par des associations riveraines de la Haute-Bécancour, sous la supervision du Groupe de concertation des bassins versants de la zone Bécancour (GROBEC).
Une étude paléolimnologique a été lancée par le GROBEC, en collaboration avec l’Université Laval. Débutée à l’été 2017, elle s’échelonnera sur une période de quatre ans. Financée par trois associations riveraines, cinq municipalités et deux MRC, l’étude prévoit des analyses qui permettront de comprendre l’évolution de l’ensablement et de l’état trophique (vieillissement) des lacs, puis de nommer des solutions pour le futur.
Par ailleurs, la Fondation Rivières a déposé un rapport le 27 juillet dernier faisant état des résultats d’une étude qui s’inscrivait dans le cadre du projet Agir ensemble – Haute-Bécancour actuellement mené par l’APLTI. L’étude, qui portait sur l’évaluation de la performance des ouvrages municipaux d’assainissement des eaux (OMAE) de quatre municipalités de la Haute-Bécancour, conclut à la nécessité d’agir rapidement et d’investir massivement dans la mise à niveau de ces infrastructures, notamment pour en limiter les déversements.
Des renforts attendus
Les associations riveraines multiplient leurs efforts depuis plusieurs années pour protéger et améliorer la qualité de l’eau de la rivière. Toutefois, leurs interventions ne suffisent plus. Les dirigeants des différentes associations, leurs membres et les citoyens des MRC concernées, même s’ils se regroupent, peinent à obtenir des résultats éloquents. Une participation active des paliers gouvernementaux s’impose. La situation a été qualifiée d’urgente en 1985 par le ministère de l’Environnement du Québec et pourtant, peu de gestes concrets ont été posés à ce jour par le gouvernement. L’ACPP était présente en 1965 à se plaindre à la Régie des Eaux de la mauvaise qualité d’eau. Encore aujourd’hui, après 53 années d’inaction, elle est toujours d’avis de l’urgence d’agir pour la survie de nos rivières et nos lacs.