ABI poursuit son syndicat pour 19 M$
CONFLIT. Le syndicat en place à l’Aluminerie de Bécancour pourrait avoir à payer pour les moyens de pression exercés avant le lock-out. Selon ce que rapporte le Nouvelliste ce matin, il fait l’objet d’une poursuite de 19 millions de dollars de la part de l’employeur.
Il s’agit, selon l’entreprise, du montant des dommages encourus entre le 5 octobre 2017 et le 11 janvier 2018 (date du déclenchement du lock-out). Et ce montant sera «amendé au fur et à mesure de l’identification et du calcul de dommages additionnels», indique le document dont Le Nouvelliste a obtenu copie.
ABI plaide que des représentants syndicaux et certains syndiqués se sont livrés à des «actes illégaux équivalents à des grèves illégales et des ralentissements de travail illégaux», causant des «dommages importants».
Le grief de l’employeur évoque aussi, toujours selon le quotidien régional, «de nombreux bris inexpliqués, des prétextes pour retarder le travail, des mauvaises méthodes de travail, des événements équivalents à une grève du zèle, des erreurs grossières inexplicables, le tout constituant manifestement des gestes illégaux visant à retarder la bonne marche des opérations de ABI.»
Du côté du Syndicat, on croit que cette poursuite, qui arrive trois mois après le déclenchement du conflit est une stratégie de l’employeur pour démoraliser les troupes. «Le grief reprend essentiellement ce qu’il y a dans l’ordonnance émis par le Tribunal au début du conflit. Pourquoi décider de déposer une poursuite en dommages à ce moment-ci?», questionne Clément Masse.
Selon lui, tout ce qu’il y a dans le dossier est de la gestion de l’usine et démontre plutôt une incompétence de la part de la direction. Il refuse de croire que des bris et des erreurs inexpliqués se sont produits. «C’est une usine d’un kilomètre de long par un demi-kilomètre de large. Il arrive des événements toutes les semaines. De dire que c’est la faute des travailleurs, c’est quelque chose que l’employeur devra prouver. Nous, on le réfute.»
Clément Masse croit qu’il est possible que l’employeur tente de se servir de ce grief pour obtenir des concessions. Il se souvient d’ailleurs que l’employeur avait fait la même chose en 2004, avec une poursuite du genre. Un dossier qui était revenu quand ç’a été le temps de négocier.
La partie patronale a quant à elle refusé de commenter le contenu du grief. La porte-parole, Sara Dubé, nous a renvoyé à la déclaration officielle de l’entreprise, à savoir qu’étant donné le processus légal en cours, aucun commentaire ne sera émis à ce sujet.
Avec la collaboration de Sébastien Lacroix