Le Métallos d’ABI lancent un message aux investisseurs potentiels
MANIFESTATION. Une dizaine de lockoutés de l’aluminerie de Bécancour ont manifesté devant la Banque de Montréal (BMO) de Trois-Rivières, mardi avant-midi. C’est qu’au même moment, le président-chef exécutif d’Alcoa, Roy Harvey, a été invité par BMO, à Hollywood, en Floride, à prendre la parole devant de nombreux investisseurs à la Conférence mondiale de la Banque de Montréal sur les métaux et l’industrie minière.
Les lockoutés ont manifesté pour dénoncer cette invitation faite par une banque canadienne au PDG d’Alcoa qu’ils tiennent responsable du déclenchement du lock-out. Ce qui affecte des milliers de familles dans la région. «On sait qu’ici, on est en lock-out, et que d’un autre côté, Roy Harvey essaye d’avoir des fonds supplémentaires pour la compagnie. On n’a rien contre ça, mais c’est assez paradoxal de voir qu’il cherche des investisseurs pendant qu’il perd des millions de dollars, ici, en arrêtant son usine, explique Éric Drolet, vice-président Fonderie, du syndicat des Métallos d’ABI.
«On voulait seulement faire un lien entre ce qui se fait à Hollywood et nous autres, ici. C’est purement symbolique. On n’a rien contre BMO qui cherche à investir dans Alcoa. On n’a rien contre BMO localement non plus », a-t-il précisé.
La manifestation s’est aussi tenue alors que la reprise des négociations, à laquelle s’était engagée la direction auprès de la ministre du Travail, le 9 février dernier, n’a toujours pas eu lieu.
Selon ce qui a été rapporté dans les médias, les dirigeants évoquent un manque de disponibilité à leur agenda. Pendant ce temps, les employés tapent du pied et montrent des signes d’impatience.
«Depuis le début, Roy Harvey n’a pas eu de disponibilité. Il n’y a eu aucune rencontre avec lui. On a un certain doute à savoir si l’information que lui a transmise la direction locale, pour prendre la décision de nous mettre en lock-out, reflétait la réalité de ce qui se passait à la table de négociation. Tant et aussi longtemps qu’il n’y aura personne à la table pour négocier, ce sera difficile de nous enlever ça de la tête.»
Des millions jetés par les fenêtres
Au même moment, le président du syndicat, Clément Masse, était présent en Floride. À son sens, le meilleur message que le PDG d’Alcoa pourrait lancer aux investisseurs, c’est celui d’une reprise des négociations pour régler le conflit à Bécancour au Québec.
«Chaque jour de lockout, c’est un jour où Alcoa assombrit encore plus son bilan financier. Déjà, en prenant la décision de décréter un lockout et d’arrêter deux séries de cuves, plutôt que de chercher un règlement, c’est plus d’une centaine de millions de dollars qui sont jetés par la fenêtre. Le compteur des pertes tourne encore, alors que le prix de l’aluminium est bon. Les investisseurs ne peuvent tolérer que de telles mauvaises décisions financières entachent davantage le bilan de la compagnie », a-t-il fait valoir par voie de communiqué.
On se souviendra qu’Alcoa et Rio Tinto ont décrété un lockout, le 11 janvier, avant même que le syndicat ait pu expliquer les motifs du rejet d’une offre globale et finale. Pourtant, le syndicat rappelle qu’il avait indiqué qu’il n’avait pas l’intention de déclencher une grève dans l’immédiat. Il avait aussi insisté pour que les négociations se poursuivent au sujet du respect des mouvements de main-d’œuvre et des modalités d’un nouveau régime de retraite.
« Nous avions fait des compromis majeurs en acceptant de discuter d’un régime de retraite à financement salarial (Members Funded Pension Plan) où le risque est assumé par les travailleurs. Nous commencions à entrevoir des solutions sur les mouvements de main-d’œuvre. La réponse de l’employeur a été de couper court à la négociation avec une offre globale et ensuite de nous assommer avec un lockout », a ajouté Clément Masse.