Une crise économique à prévoir au lendemain de la légalisation
LETTRE OUVERTE. Le 2 juillet 2018 sera un lendemain de veille difficile pour l’économie de la rive-sud de Trois-Rivières de Bécancour à Sorel.
En allant au-delà de l’émotivité caractérisant le débat sur la légalisation du cannabis, nous pouvons prévoir une importante crise économique ainsi qu’une perte de revenus majeurs pour l’ensemble de la région de Bécancour.
En 2016, selon les chiffres de l’opération Cisaille 2.0 de la Sûreté du Québec, c’est plus de 66 000 plants de cannabis qui ont été saisis dans Bécancour – Nicolet. La Sureté du Québec évalue à 1000$ la valeur d’un plant de cannabis. C’est donc plus de 66 000 000$ de perte pour l’économie locale.
Si nous prenons une fois de plus les chiffres de la Sûreté du Québec, la répression et les saisies touchent moins de 10% de la production totale. C’est donc plus d’un demi-milliard de dollars qui disparaitra de l’économie locale au lendemain de la légalisation du cannabis prévu pour le 1er juillet 2018.
Avec la venue d’un marché légale en 2018, c’est toute l’industrie indépendante du cannabis qui s’écroulera. La répression envers les producteurs indépendants de Bécancour et de toute la région s’accentuera. La production indépendante du cannabis va disparaitre au profit de grandeS entreprises canadiennes situées en Ontario et dans l’Ouest canadien.
L’histoire d’un Québec conquit se répète. Pratiquement 100 ans se sont écoulés depuis la légalisation de l’alcool au Canada. Ce n’est que depuis quelques années que les Micro-brasseries et vignobles québécois ont réussi à se tailler une petite place sur le marché en affrontant les géants comme Molson ou Labatt présent depuis les lendemains de la prohibition.
Aujourd’hui, ce sera les Canopy Growth, Aurora et compagnie qui domineront le marché du cannabis au Québec. Ils deviendront les Molson du cannabis présents partout dans le monde. Inscrit à la bourse de Toronto, Canopy Growth, créé par un ancien argentier du Parti Libéral du Canada, est évalué à plus de 2 milliards de dollars après seulement 4 ans d‘activités.
Avec les changements législatifs qui se préparent pour l’ensemble du Canada, nous devons protéger l’industrie indépendante du cannabis pour le Centre-du-Québec et précisément pour la région de Bécancour.
Nous devons investir en recherche et développement ainsi que dans la formation de main-d’œuvre compétente en mettant à profit nos institutions comme l’école de l’agriculture de Nicolet et l’Université du Québec à Trois-Rivières. La création d’un programme adapté à la culture et à la transformation du cannabis est primordiale afin de fournir du personnel qualifié aux entreprises en plein développement dont celle qui s’érigera à Louiseville.
Le Fond de diversification économique du Centre-du-Québec et de la Mauricie doit être mis à contribution pour stimuler la venue et la création d’entreprises liées au cannabis dans Bécancour.
Il est également essentiel d’utiliser nos atouts régionaux. En plus de son parc industriel, Bécancour possède aussi une infrastructure extraordinaire soit un port et la société d’État en charge de sa gestion. C’est tout le gouvernement qui doit épauler Bécancour afin qu’elle dispose davantage d’outils pour attirer des entreprises d’envergure. Investissement Québec, le ministère des Ressources naturelles, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie ainsi que le ministre des Finances doivent se sentir responsables et surtout reconnaître le potentiel économique pour la ville de Bécancour.
En se référant aux chiffres de « l’Étude des impacts reliés au déclassement de la centrale nucléaire Gentilly-II et du plan de diversification économique pour les secteurs du Centre-du-Québec et de la Mauricie sur la fermeture de la Centrale Nucléaire Gentilly 2 » nous apprenons que les pertes provinciales sont établies à 150 millions de dollars. Au niveau régional, elles se chiffrent à 100 millions $ par année. De grandes pertes économiques liées à la fermeture de la centrale Gentilly-2.
Également, on y mentionne que les dépenses liées à la cafétéria de la centrale génèrent des retombés économiques de 545 000 $ de manière directes, indirectes et induites dans la communauté. Annuellement, la cafétéria permet la création ou le maintien de 15 emplois.
En appliquant ce ratio, 545 000 $ pour 15 emplois, selon les pertes économiques de 500 millions $ prévues pour l’industrie régionale du cannabis, on peut en déduire qu’environ 13 000 emplois seront perdus au lendemain de la légalisation.
Toujours selon ce même parallèle, Jean-Guy Doucet, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Cœur-du-Québec, mentionnait sur les ondes de Radio-Canada en janvier 2013 que la fermeture de la centrale était : « une catastrophe économique […] à Gentilly, il y a un petit centre d’achat qui est presque vide et qui est à vendre d’ailleurs. Il y a aussi une quarantaine de maison à vendre. »
Jean-Guy Dubois, maire de Bécancour, expliquait qu’il y avait : « des relents […] Surtout en ce qui concerne les commerces de service. » Si rien n’est fait, nous pouvons envisager le même genre de catastrophe en date du 2 juillet 2018.
BLAK D. Blackburn
Candidat du secteur #6 – Ste-Angèle-de-Laval
Bécancour