Un Bécancourois en tête d’affiche au Théâtre Duceppe
PORTRAIT. L’acteur Sébastien René a interprété le rôle d’Harold, dans la pièce «Harold et Maude», présentée du 5 avril au 13 mai au Théâtre Duceppe, à Montréal.
Celui qui a notamment grandi à Gentilly et Saint-Grégoire n’aurait pas pu croire qu’un jour, il tiendrait le rôle principal d’une production et foulerait les planches d’un important théâtre aux côtés de Béatrice Picard. «Quand j’étais jeune, j’étais hyper timide. Mais vraiment beaucoup! Ma mère m’a inscrit dans un cours de théâtre pour me dégêner, raconte-t-il. Puis, j’ai eu la piqûre. J’ai fait du théâtre en secondaire 4 et 5 et je suis allé au Cégep de Trois-Rivières, en Arts et lettres. Je me rendais compte que oui j’aimais le théâtre, mais j’ai réalisé que j’étais vraiment bien sur une scène.»
À ce moment-là, il ne croyait pas nécessairement qu’il en ferait un métier, notamment parce que l’insécurité associée au milieu des arts le stressait et le freinait. C’est pourquoi Sébastien s’était inscrit à l’UQTR en enseignement, avec l’ambition de devenir professeur de français.
Or, quand une de ses enseignantes du programme Arts et lettres a su qu’il n’avait pas l’intention de faire d’auditions pour une école de théâtre, elle lui a fortement suggéré de tenter sa chance. «La date limite des auditions s’en venait à grands pas et je n’avais aucune scène de préparée. J’en ai appris une dans l’auto en me rendant aux auditions! Donc, évidemment, je ne croyais pas vraiment en mes chances, mais j’ai finalement été accepté pour un stage, puis accepté à l’École nationale de théâtre», raconte le principal intéressé.
Suite à sa formation, il a enchaîné les projets et quelques-uns de ses enseignants de l’École lui ont donné des contrats qui l’ont amené, entre autres, à faire des tournées en France.
Tirer son épingle du jeu
Sorti de l’École nationale de théâtre il y a 11 ans, Sébastien René sait aujourd’hui qu’il a un casting particulier, principalement en raison de sa grandeur et de sa voix. «Sur le coup, je ne m’en rendais pas nécessairement compte, mais maintenant je le vois de manière positive, mentionne-t-il. En fait, c’est que j’ai des rôles que peu de candidats peuvent faire.»
«J’ai l’air jeune, mais j’ai du caractère et de la maturité. Sur 100 rôles, je peux en faire 3, mais je vais les faire à fond la caisse! D’autant plus que j’aime me transformer physiquement pour mes rôles», fait savoir celui qui souhaite que son rôle d’Harold ait un effet de tremplin sur sa carrière.
D’ailleurs, Sébastien René salue l’audace qu’a eue le metteur en scène de la pièce, Hugo Bélanger. «Il m’avait déjà vu à l’œuvre et me voulait pour le rôle. Il m’a appelé directement, même si je ne suis pas une «tête d’affiche». Hugo a osé et il fallait maintenant convaincre le public, affirme l’acteur. Heureusement, Béatrice Picard et moi, on se connaissait déjà pour avoir travaillé sur un même projet.»
En plus d’œuvrer au théâtre et jouer dans des émissions jeunesses, il fait beaucoup de doublage. En effet, il a la capacité de rajeunir sa voix, ce qui lui permet de doubler des personnages de jeunes garçons, ou encore, des dessins animés. Par exemple, Sébastien René est derrière la voix de Hank Zipzer, un personnage de l’émission du même nom, diffusée sur la chaîne Yoopa. Il fait aussi quelques voix pour des émissions de Télétoon et des dessins animés de France.
Des rôles marquants
Sébastien René a remarqué que pour le grand public, l’un des rôles marquants qu’il a interprété est celui de Maître Marlin, dans Série noire. Les enfants le reconnaissent plutôt pour son rôle de Blou Balou dans l’émission 1,2,3…Géant!. Parfois, le public se souvient aussi de lui pour son personnage de Maxime, dans Les Beaux Malaises.
Au cinéma, il a joué dans le film Starbuck, où il interprétait le rôle d’un handicapé. On pouvait le voir environ 6 minutes à l’écran. Cette performance dans le film québécois lui a valu un appel de Steven Spielberg, qui a réalisé la version américaine. «Quand il a su que le personnage était interprété par un acteur et qu’il ne s’agissait pas d’un vrai handicapé, il me voulait pour son film. J’ai donc repris mon personnage pour la version américaine. C’était très impressionnant!», lance celui dont les parents demeurent encore sur la Rive-Sud.
Sébastien René se réjouit de réussir à gagner sa vie grâce à sa passion. Il souhaite réussir à travailler encore longtemps dans ce milieu-là, mais ne cherche pas nécessairement à être connu. «Mon but est de continuer dans le milieu en étant heureux et en santé. Vivre de mon métier et avoir du fun, tout simplement!»
Il faut dire que sa philosophie de vie a changé il y a un an et demi, alors qu’il a été victime d’un accident de voyage. Il a eu une opération d’urgence, où il y avait un risque qu’il demeure quadraplégique. «Heureusement, ça s’est bien passé, mais j’ai tout de même eu des séquelles physiques pendant un bon bout de temps, ce qui a fait en sorte que j’ai perdu beaucoup de contrats, évoque-t-il. Disons que ce triste événement a fait changer ma vision des choses. Même s’il y a des périodes où je travaille moins, je me rappelle que je suis en vie et en santé.»
Plusieurs projets sur la table
Les prochains mois de Sébastien René seront fort occupés. Au théâtre, il reprendra son rôle d’Edgar dans le spectacle pour enfants «Edgar Paillettes» pour une tournée européenne et québécoise. Dès janvier, il montera sur la scène du Théâtre du Nouveau Monde dans «Les Fourberies de Scapin». Au printemps 2018, il sera de la distribution de «Le bizarre incident du chien pendant la nuit», présentée au Théâtre Duceppe. Puis, il sera d’une tournée à travers le Québec pour présenter «Manifeste de la jeune-fille».