Soigner les oiseaux sauvages et les laisser partir
**PRENDRE NOTE QUE LE REFUGE N’EST PLUS EN FONCTION*** – La rédaction, 2021
BÉCANCOUR. C’est par passion des oiseaux qu’Andréanne Garneau et son conjoint Thomas Muller ont mis sur pied le Centre de réhabilitation aviaire Garneau, un refuge pour oiseaux sauvages qui a ouvert ses portes en mai 2016, à Sainte-Gertrude.
Les gestionnaires de cet OBNL apportent des soins aux oiseaux blessés dans le but de les retourner dans la nature, soit leur habitat naturel. Au Québec, il existe quelques refuges du même genre, mais dans la région Mauricie/Centre-du-Québec, il n’y en avait aucun.
«Je voulais proposer quelque chose, alors j’ai fait des recherches. Dans le coin, il n’y avait pas de tel service qui était offert, ce qui signifie que si les gens de la région trouvaient un oiseau blessé et qu’ils ne pouvaient pas aller le porter, l’oiseau était voué à mourir», soutient Mme Garneau.
Les oiseaux qui arrivent au Centre de réhabilitation aviaire Garneau proviennent soit des gens du public, qui retrouvent un oiseau mal en point, ou encore des agents de la faune, puisque les oiseaux de proie sont à déclaration obligatoire. Dans ces cas, le Centre fait affaire avec la Clinique des oiseaux de proie de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.
Le refuge de Sainte-Gertrude se spécialise dans les oiseaux. Autrement dit, les propriétaires ne prennent pas en charge les mammifères comme les écureuils, par exemple. «C’est d’abord par amour pour les oiseaux qu’on mise là-dessus, mais c’est aussi parce qu’on trouve que c’est important d’être spécialisé. Pour nous, de faire toutes les espèces en même temps, il y aurait plus de risques de faire des erreurs…déjà qu’il y a énormément d’espèces d’oiseaux», explique Andréanne Garneau, précisant que le Centre n’accueille par d’oiseaux aquatiques comme les bernaches ou les goélands, parce que cela demande de gros bassins et qu’ils ne sont pas équipés pour cela.
Pour mettre en place un tel centre de réhabilitation, il est nécessaire d’obtenir des permis, tant au niveau provincial que fédéral. «C’est un processus qui est relativement long et sérieux. On nous demande notamment d’avoir un vétérinaire affilié, pour s’assurer que les oiseaux ont accès à un vétérinaire compétent. Il faut aussi décrire notre expérience et fournir des lettres de référence de vétérinaires. Puis, une fois qu’on est accrédité, on doit remettre des rapports annuels aux deux gouvernements», affirme celle qui, originaire de Québec, a fait une Technique en santé animale au Collège Laflèche de Trois-Rivières.
En marge de ses études, Andréanne Garneau a fait un stage de 5 semaines avec le Dr Guy Fitzgerald à la Clinique des oiseaux de proie. Il est une sommité dans son domaine.
De plus, elle fait beaucoup de recherches sur les oiseaux de façon autodidacte. Membre du club d’ornithologie de Trois-Rivières, Mme Garneau s’intéresse à tous les aspects des oiseaux et n’hésite pas à s’informer auprès de personnes plus expérimentées pour en apprendre davantage. Le duo suit aussi des formations avec la International Wildlife Rehabilitation Council (IWRC).
Fonctionnement du Centre de réhabilitation
Si vous retrouvez un oiseau blessé, le couple demande de leur lâcher un coup de fil avant de se présenter au Centre. «Parfois, juste en parlant au téléphone, la personne nous décrit la situation et on est en mesure de lui dire s’il faut intervenir ou non. Pour nous, c’est toujours bien d’avoir parlé à la personne avant qu’elle arrive avec l’oiseau, parce que ça nous permet d’avoir la bonne préparation afin d’être prêts quand l’oiseau va arriver. Aussi, étant donné qu’on travaille tous les deux ailleurs, ça évite aux gens de se présenter pour rien», indique la propriétaire.
Une fois que l’oiseau arrive au Centre de réhabilitation aviaire Garneau, ils procèdent à un examen général sommaire. Ensuite, un temps de repos est offert à l’animal afin de diminuer son niveau de stress. «Après cela, on fait un examen détaillé, dont des radiographies, et on donne des soins de support. Quand on a une nouvelle espèce, on fait des recherches pour connaître ses besoins en termes de nourriture.»
Dans le cas des oisillons, Andréanne Garneau et Thomas Muller deviennent un peu leurs parents. «On essaie de leur apprendre à devenir des oiseaux sauvages, sans qu’ils s’attachent à nous ou qu’on s’attache à eux, résume-t-elle. Le défi, lorsqu’on réhabilite de jeunes oiseaux sauvages, c’est de les préparer à leur retour dans la nature et d’éviter l’imprégnation. Pour aider les juvéniles à développer les compétences requises, il nous faut user d’imagination. Dès qu’ils commencent à explorer leur environnement, on les stimule à interagir avec les choses qui les entourent.»
«L’idée n’est vraiment pas de les garder en captivité ou d’en faire des animaux de compagnie, avise la jeune femme. De plus, il faut dire qu’en vertu des permis qu’on possède, on a un an pour réhabiliter les oiseaux. Après cette période, le gouvernement s’attend généralement à que l’animal soit relâché, confié à un agent de la faune ou euthanasié.»
Mme Garneau ajoute que chaque oiseau admis se voit attribuer un numéro qui lui est unique et toutes les informations pertinentes à son sujet sont conservées dans son dossier, comme son régime alimentaire, son poids et les traitements qu’il a reçus. Bref, avec son conjoint, ils s’efforcent de prodiguer les meilleurs soins à tous les animaux qui passent par le Centre de réhabilitation.
De mai à décembre 2016, le duo a accueilli 21 oiseaux.