Une 13e publication pour l’auteure Monique Juteau
LITTÉRATURE. La bécancouroise Monique Juteau fait paraître, ces jours-ci, sa 13e publication, «Tête à poux», suivi de «Poèmes navigables», un recueil de poèmes à l’intérieur duquel elle passe au peigne fin des souvenirs pour ensuite plonger dans les eaux franches du présent.
Dans un style baroque et coloré, l’auteure présente des tableaux de vie et de mort qui interpellent la sensibilité du lecteur. Les petits détails du quotidien s’infiltrent dans cette poésie avec minutie et attention.
La première partie du livre, écrite sous forme de poèmes, raconte l’histoire d’une couturière et d’un pêcheur à la ligne dormante, tous deux étant plutôt âgés. Monique Juteau affirme que le pêcheur à la ligne dormante représente un peu ces hommes introvertis d’une génération précédente, tandis que la couturière représente ces femmes âgées qui ont survécu à leur homme… sa machine à coudre, ses manteaux de fourrure et ses vieux jours flottaient parmi bien d’autres objets lui appartenant.
«Pour moi, la poésie n’est pas comme la fiction. On ne peut pas inventer. Je devais donc m’inspirer de ce que j’avais vécu, admet-elle. Ainsi, pour moi, le pêcheur est inspiré de mon père, décédé d’un cancer quand j’avais à peine trente ans.»
L’auteure explique que cette mort est restée en suspens dans sa mémoire pendant bien des années, jusqu’à ce que Mylène Gervais, une artiste de Trois-Rivières, lui demande de collaborer à un projet d’exposition sur la mort, ce grand silence. «En écrivant sur le sujet, je me suis très vite rendu compte que la mort ne pouvait flirter avec la fiction, ni s’inventer en buvant deux ou trois cafés au coin d’une table. Je me suis alors pincé le nez et j’ai plongé dans les eaux lointaines de cet événement qui était resté pris au fond d’un lac. Ce fut le début de ce manuscrit», soutient Monique Juteau, qui tient à préciser qu’il s’agit d’un livre lumineux, malgré la réflexion sur la mort.
Elle ajoute d’ailleurs que cela fait 4 ans que le livre est entamé. «J’écrivais certains bouts, puis j’entrais dans un autre projet et j’y revenais deux ou trois mois plus tard…» Notons que certains des poèmes de ce recueil lui ont valu une 2e place aux Prix littéraires Thérèse-Denoncourt.
Poèmes navigables
La deuxième partie du livre s’intitule «Poèmes navigables». «Dans cette suite poétique, je souque, je m’amarre à l’autre ou je tempête en jetant par-dessus bord certaines rages que le pêcheur à la ligne dormante aurait sûrement aimé larguer s’il avait eu plus de temps pour s’accomplir», décrit Monique Juteau.
La page couverture du livre est une illustration mélangeant bien les thèmes de «Tête à poux» et «Poèmes navigables». Le dessin de Jean-Pierre Gaudreau représente effectivement une femme avec beaucoup de cheveux et un masque de plongée.
Tête à poux?
L’auteure Monique Juteau explique ce que signifie l’expression Tête à poux. «Une tête à poux, c’est le nom que l’on donne à l’enfant qui attrape facilement des poux parce qu’il a une température du cuir chevelu élevée, propice à l’incubation des œufs. Mais une tête à poux, c’est aussi l’adulte qui tient bien au chaud des souvenirs, les couve, les démêle, les passe au peigne fin du temps.»
«Tête à poux» est publié aux Écrits des Forges. Le livre est disponible en librairie.