Triple meurtre : un auditeur est expulsé après avoir menacé l’accusé
JUSTICE. Un jeune homme a été expulsé de la salle d’audience où se déroulaient les plaidoiries pour sentence du complice de Kaven Sirois dans le triple meurtre de la rue Sicard, à Trois-Rivières, cet après-midi. Il a reproché à l’accusé de sourire, avant de lui proférer des menaces.
Le complice de Kaven Sirois a d’ailleurs été décrit comme étant un jeune homme détaché, centré sur lui-même, manipulateur et narcissique par les deux experts qui ont défilé à la barre des témoins, aujourd’hui.
La criminologue Julie Moreau et la psychologue Tiziana Costi ont toutes les deux mené des rencontres auprès de l’accusé pour l’élaboration de leur rapport, et ce, plus d’un an après le drame du 11 février 2014. Elles en ont dévoilé le résultat lors de la deuxième journée des audiences.
«Devant moi, j’avais un jeune homme qui me racontait les faits avec détachement. Il n’a pas d’affecte lorsqu’il parle des meurtres, alors qu’habituellement, les gens deviennent émotifs», a révélé la psychologue de l’Institut Philippe-Pinel de Montréal spécialisée dans l’évaluation du risque chez l’adolescent.
Elle a également noté «un manque de responsabilisation chez l’accusé». Dans son rapport prédécisionnel, la criminologue Julie Moreau en est d’ailleurs venue à la même constatation au fil de ses six rencontres avec l’adolescent.
«Le temps a passé, mais il a gardé des souvenirs très clairs. Il en parle de façon neutre et mécanique», a affirmé cette dernière. «Il est conscient qu’il était sur place et qu’il a participé à la tuerie, mais il ne reconnait pas sa part de responsabilité dans les meurtres. Il continue de dire qu’il agissait sous l’influence de Kaven Sirois.»
Les intervenants du centre d’intervention où il demeure détenu n’ont pas non plus noté de débordement émotif ou de regret à son dossier.
Il nie également avoir voulu torturer l’un des membres de la famille des victimes, et ce, même si des conversations sur les réseaux sociaux, qui ont été récupérées en preuve, font état du contraire.
«Il voulait mourir»
Depuis septembre 2013, l’adolescent a participé à l’élaboration du scénario du drame avec Kaven Sirois. «Kaven l’a convaincu d’embarquer lorsqu’il lui a dit qu’il allait le tuer après. Ça ne lui dérangeait pas de tuer des gens qu’il ne connaissait pas. Tout ce qui le motivait c’était que la finalité entraine sa mort», a ajouté la criminologue.
Le complice lui aurait confié qu’il avait des idées suicidaires depuis l’âge de six ans et qu’il avait déjà tenté de s’enlever la vie.
«Il est déconnecté dans toutes les sphères de sa vie. C’est un jeune homme qui était mal dans sa peau et qui gardait une certaine rage à l’intérieur de lui. Oui, il avait une volonté de se suicider, mais il voulait également se révolter», a pour sa part analysé la psychologue.
Une peine pour adulte recommandée
La conclusion du rapport de la criminologue priorise une peine d’assujettissement pour adulte pour le complice, tout comme Kaven Sirois.
En deux ans, il n’y a pas eu beaucoup de changement. Si l’adolescent est respectueux des règlements et a repris son cheminement scolaire avec succès, «il reste encore beaucoup de travail à faire afin qu’il entame sa phase de réadaptation», a soutenu Julie Moreau.
Le complice de Kaven Sirois soutient quant à lui qu’il souhaite reprendre sa vie en main. Lorsque questionné sur son avenir par la psychologue Tiziana Costi, il a dit : «Dans cinq ans, je me vois avec un emploi, une maison, une copine et peut-être aussi avec des enfants».
La psychologue croit cependant qu’il ne sera pas un bon candidat à la psychothérapie puisque la réussite de l’intervention est très difficile à déterminer dû à un «trouble de la personnalité en cristallisation». Il sera donc difficile d’envisager une réhabilitation si l’adolescent ne prend pas d’abord conscience de ses actes, a estimé l’experte.