Trappeur depuis plus de 40 ans
FOURRURE. Pierre-Yves Collin est trappeur depuis plus de 40 ans. Au fil des ans, l’industrie de la fourrure sauvage a bien changé. Si cette matière était très populaire dans les années 70, ce n’est plus le cas désormais.
«J’ai commencé à faire de la trappe dans les années 70, raconte M. Collin. Il y avait beaucoup d’effervescence au niveau de la fourrure. Les gens portaient encore beaucoup de fourrure, comme manteau notamment. Maintenant, il se porte de la fourrure, mais en accessoire, comme collet, sur une bourse, avec du cuir ou du suède.»
Il constate que l’industrie a beaucoup changé en 40 ans. Le plus gros changement, selon lui, c’est que le marché est dominé majoritairement par de la fourrure d’élevage qui provient d’autres pays. «C’est surtout du vison d’élevage, précise M. Collin. On parle de dizaines de millions de peaux qui sont produites annuellement au niveau mondial alors que pour la fourrure sauvage, on parle de guère plus de deux millions.»
Au Québec, on compte plusieurs trappeurs, mais peu sont actifs. M. Collin évalue qu’entre 25 000 et 30 000 personnes ont le potentiel pour avoir un permis de piégeage, mais que seulement 7 000 à 8 000 d’entre elles achètent un permis annuellement.
«Il y a donc un bon territoire et beaucoup d’animaux pour peu de trappeurs, remarque-t-il. Il y a quelques très gros trappeurs, environ 1 000 personnes sur les 7 000 à 8 000 qui achètent un permis. Les autres le font de façon très occasionnelle. Ils vont aller chercher entre cinq et quinze bêtes par saison.»
Tendance inversée
L’industrie de la fourrure sauvage en 2016 représente environ 10 % du volume total de fourrure. «Il y a 40 ans, c’était l’inverse, c’est-à-dire que 90 % du marché était dominé par de la fourrure sauvage», indique M. Collin.
«Au Québec, on a une belle diversité d’espèces, ajoute ce dernier. Entre 15 et 18 espèces sont exploitées. Il pourrait se prendre beaucoup plus de fourrure qui s’en prend présentement. Par contre, ce qui limite, c’est le marché. La valeur n’est pas là. Une peau de raton laveur vaut environ 10 $. Si on recule de trois ou quatre ans, le même raton laveur valait 35 $. C’est une baisse significative et c’est comme ça pour l’ensemble des espèces.»
La trappe est désormais bien plus un loisir qu’un gagne-pain. «C’est une bonne chose qui se fasse du piégeage, croit M. Collin. Moins il va s’en faire, plus il va y avoir des animaux capturés juste pour être éliminés parce qu’ils vont faire des dommages aux installations de l’humain, comme c’est le cas pour les ratons laveurs et les castors.»
Des pièges certifiés
En 40 ans, les pièges ont aussi beaucoup changé. «Il y a des normes d’utilisation, assure Pierre-Yves Collin. Les pièges doivent être certifiés pour être mis en marché. Les traditionnels pièges à dents comme on voit dans les films et les dessins animés ne sont plus permis depuis plus de 30 ans. C’était passablement inhumain. Aujourd’hui, la majorité des animaux, dans toutes les espèces, meurent très rapidement. Les pièges sont tellement forts que les animaux meurent presque instantanément.»
La saison de trappe s’étend de novembre à février. Les plus gros mois sont novembre et décembre.
Le saviez-vous?
Le prix d’une peau n’est pas fixé en fonction de la quantité, mais bien en fonction de l’espèce. Par exemple, la martre d’Amérique est un petit animal recherché par les trappeurs. Une peau d’ours peut valoir la même chose qu’une peau de martre d’Amérique.