SLNGaz: des impacts non-négligeables

ENVIRONNEMENT. Les gens d’affaires et les politiciens qui appuient l’implantation de Stolt LN Gaz ont une vue à court terme, tandis les gens soucieux de l’environnement pensent aux impacts sur plusieurs années.

C’est l’essentiel du message qu’ont livré les opposants au projet, hier après-midi, lors des audiences publiques du BAPE concernant la venue d’une usine de liquéfaction du gaz naturel dans le parc industriel de Bécancour.

«Comme le veut la vision amérindienne: ne pose aucun geste si tu n’es pas certain que ça n’aura pas d’effets sur les sept prochaines générations», a imagé Jacques Tétrault, du Regroupement Vigilance Hydrocarbure Québec qui représente 120 comité de citoyens.

Dans le mémoire qu’il a présenté à la commission, il s’inquiète notamment de la disparition de 1,9 hectare de terres humides caractérisées par la présence de plantes exotiques sur le site où doit s’implanter l’usine.

Ces terres humides, dont l’impact est évalué comme étant moyen agissent pour la rétention des eaux ou contrer les sécheresses. «Pour chiffrer leur valeur, elle est évaluée entre 5 000 $ et 25 000 $ l’hectare, par année, selon Canards Illimités Canada», fait-il valoir.

Il rappelle également que la production de 31 000 tonnes par années de gaz à effet de serre (GES) n’est pas négligeable, et que la réduction de 600 000 tonnes de GES par année, si 50% de la production est consommée au Québec, est loin d’être acquise.

Serge Fortier, porte-parole du Collectif, Moratoire, Alternatives, Vigilance, Intervention (CMAVI), ne s’est pas dit nécessairement en désaccord avec l’implantation de l’usine, mais il est foncièrement en contre la consommation d’hydrocarbures à grande échelle.

En consommant autant de gaz naturel, l’usine de Stolt LN Gaz augmentera inévitablement l’exploitation du gaz de schiste, un «dossier chaud» dans la région. «Peu importe sa provenance, il n’est pas le bienvenu au Québec, ni les usines qui encouragent son exploitation!», lance-t-il.

Le biophysicien Marc Brullemans, un opposant de longue date au gaz de schiste, s’inquiète pour sa part des importantes émissions de GES qu’entraînera son extraction pour fournir l’usine de liquéfaction.

«L’usine Stolt représente 23% de la consommation totale du Québec et 39% de la consommation industrielle. En 50 ans, elle aura dépensé plus de 15 G$ de gaz naturel et aura permis la libération dans l’atmosphère (en prenant une empreinte carbone de 50 kg/GJ en amont, pour l’extraction, et une même quantité en aval de 50 kg/GJ, la combustion essentiellement) d’environ 270 Mt de CO2», indique-t-il dans son mémoire.

«Au lieu de réductions possibles, je n’ose dire imaginaires, de GES, nous concrétisons par ce projet des émissions de GES correspondant à plus de 3 fois les émissions annuelles du Québec, tous secteurs confondus. Certes, il peut survenir des réductions de GES mais cela ne sera probablement pas causé par la construction de cette usine de liquéfaction», insiste-t-il.

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