Modifications à l’aide sociale : pour qui sont-ils élus ?

LETTRE OUVERTE. Québec solidaire Nicolet-Bécancour souhaite réagir aux derniers changements annoncés par le gouvernement du Québec à l’aide sociale et répondre aux propos du député Donald Martel sur ce sujet dans les médias au cours des derniers jours, qui jugeait que le gouvernement n’allait pas assez loin dans ces mesures.

Dans un premier temps, le Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) rapporte avoir augmenté les prestations d’aide sociale en début d’année. Cependant, les citoyens du Québec sont en droit de remettre en doute cette information.

Selon différentes sources, l’augmentation n’est que sur papier. Concrètement, pour les personnes qui vivent en situation de pauvreté, le montant qui leur est remis de plus à chaque mois ne couvre même pas l’augmentation du coût de la vie.

À cela s’ajoute les préjugés que le gouvernement a répandus en annonçant subtilement les coupures à l’aide sociale, en laissant présumer qu’un grand nombre de personnes à l’aide sociale seraient des fraudeurs.

En réalité, selon le MESS lui-même, il s’agit de cas d’exception. Les personnes ciblées par les mesures, qui visent à " mettre au pas " les soi-disant fraudeurs, ne concernent qu’une infime partie des personnes à l’aide sociale.

C’est évident que le gouvernement voulait se faire du capital politique dans ce dossier en tapant sur le clou de préjugés, déjà trop répandus, à l’aide sociale. Jusqu’à quel point le gouvernement Couillard est-il préoccupé des conditions de vie des personnes en situation de pauvreté ?

Par ailleurs, le gouvernement voudrait exiger qu’on pousse à travailler tous ceux qui sont aptes à le faire, tout comme cela semble être le cas du député caquiste de Nicolet-Yamaska, monsieur Donald Martel. Tout le monde semble s’entendre sur les vertus du travail pour se réaliser et être heureux.

Québec solidaire croit aussi qu’il y a du bon dans le fait d’encourager les gens à travailler. Mais nous soulevons la question suivante : jusqu’à quel point peut-on exiger à des gens d’être actifs et efficaces dans leur recherche d’emploi, alors qu’ils n’ont pas suffisamment de ressources pour combler leurs besoins de base ?

Le gouvernement a aussi annoncé des coupures d’aide sociale aux personnes toxicomanes qui auront besoin d’hébergement pour suivre une thérapie. Ces coupures pourraient être extrêmement dommageables. Elles sont d’ailleurs décriées par de nombreux intervenants dans le domaine social.

Les organismes qui leur viennent en aide se disent menacés de fermeture à cause des coupures annoncées. On est en droit de croire qu’ils sont les mieux placés pour parler de leur situation.

Ces organismes affirment que les gens qui ne pourront recevoir le traitement dont ils ont besoin se retrouveront dans les hôpitaux, les prisons ou pire encore, que plusieurs d’entre eux envisageront le suicide, faute de pouvoir trouver de solution dans leur situation de vie.

Nous nous questionnons sur les réelles préoccupations du gouvernement Couillard quant à la réalité vécue par les personnes toxicomanes et par celle des organismes qui ont l’expertise pour les accompagner dans leur cheminement vers une réadaptation ? Nous poussons la critique encore plus loin en se demandant jusqu’à quel point le gouvernement méprisera-t-il les gens les plus démunis ?

À la lumière des décisions prises par ce gouvernement à ce jour, nous sommes aussi en droit de se demander jusqu’à quel point il considère que les personnes vulnérables ont le droit à la dignité humaine et même jusqu’à quel point il considère qu’ils ont seulement le droit à la vie?

Québec solidaire Nicolet-Bécancour est de ceux qui croient que nos élus doivent cesser de dévier tous les débats vers l’économie, comme le gouvernement le fait depuis qu’il a été élu. Avant tout, nous demandons que tous nos élus se souviennent pour qui ils sont là et non pas seulement qui les fera réélire.

Ce n’est pas une autoroute vers la prospérité et l’humanité que le gouvernement nous construit actuellement. C’est malheureusement plutôt une route à fort péage, supposément vers une meilleure vie, où tous n’auront pas les moyens d’accéder.

Isabelle Bombardier

Porte-parole féminin de Québec solidaire Nicolet-Bécancour