Une campagne épuisante

ÉLECTIONS. Les candidat(e)s n’ont pas mené leur campagne de la même manière, mais ils ont tous vécu intensément les dernières semaines. À quelques heures de l’ouverture des bureaux de vote, ils ont accepté de partager avec nous leurs expériences, ce qui les a marqués et ce qui, selon eux, aura fait la différence.

Louis Plamondon à bout de souffle

Des dix campagnes électorales qu’il a menées jusqu’ici, Louis Plamondon admet que celle-ci a été «la plus éreintante».

«C’est de 12 à 14 heures pendant 79 jours. C’est exténuant. Je ne souhaiterais pas ça à mon pire ennemi!», lance celui qui avait vécu deux campagnes de huit semaines… mais jamais une de onze.

C’était aussi la première fois qu’il entreprenait une campagne en sachant qu’il était «en danger», avant de voir que les sites de projections le mettaient en avance dans les dernières semaines.

«C’était une inquiétude au départ, mais plus ça allait, et plus on sentait dans nos pointages et nos sondages que ça bougeait et qu’on remontait, a-t-il témoigné. Ça donne une dose d’adrénaline extraordinaire et ça accroît notre motivation. On est optimiste, mais on se souvient aussi que la dernière fois, tout s’était écroulé dans les derniers jours».

Selon lui, le tournant de la campagne a été le débat sur le port du niqab, alors que 91% des Québécois s’y opposent. «On ne peut pas dire aux gens que quelque chose qui les préoccupe n’est pas important», a-t-il tranché.

Yves Laberge jouait gros

Même s’il a attendu à mi-chemin de la campagne pour s’annoncer, le candidat du Parti conservateur du Canada était déjà actif depuis quelques semaines.

«J’étais venu dans le comté au mois d’août pour tâter le terrain. Je voulais avoir le sentiment que je pouvais gagner parce que c’est un comté qui est particulier, ayant passé 30 ans avec le même député, estime Yves Laberge. Je sentais que plusieurs gens voulaient du changement».

Étant professeur à temps partiel à l’Université d’Ottawa, le candidat conservateur s’est d’abord assuré qu’il pouvait se libérer, mais il ne pourra pas retrouver sa charge de cours à la fin de la campagne. «Je n’aurai plus ma place. J’ai quand même pris cette décision parce que je suis intéressé à devenir député», a-t-il spécifié.

À son avis, le tournant de la campagne a été la performance des différents chefs lors du premier débat des chefs, «où l’on a découvert le manque de cohérence de Justin Trudeau, un Tom Mulcair trop hargneux, alors que seulement Stephen Harper a démontré la prestance d’un premier ministre».

Une Corina Bastiani nouveau genre

Après avoir fait du porte-à-porte et du pointage lors de ses trois précédentes campagnes en politique municipale à Sorel-Tracy, Corina Bastiani a adopté un modèle «non traditionnel» au cours des dernières semaines.

Elle a tenu plusieurs points de presse, multiplié les interventions sur les réseaux sociaux, en plus de participer aux débats avant que ses pancartes fassent leur apparition dans les dernières semaines. «Je n’ai pas été une candidate «poteau». J’ai quand même été très active», souligne-t-elle.

Même si elle est arrivée sur le tard dans le comté de Bécancour-Nicolet-Saurel, elle était activement impliquée dans la formation politique depuis mars dernier, avant de prendre la direction de la campagne de Jici Lauzon.

Elle a été séduite par le Parti Vert, jugeant que la plate-forme correspondait à ce qu’elle défendait lors de son implication au municipal et dans le Parti d’Aujourd’hui qu’elle a fondé. Les termes «décentralisation», à «échelle humaine», pour «les générations futures» et «transition économique» sont ce qui a retenu son attention. «Il faut passer à l’action et simplement avoir une volonté politique», lance-t-elle.

Un travail de longue haleine pour Nicolas Tabah

Depuis déjà deux ans que la campagne de Nicolas Tabah est en marche, lui qui a d’abord œuvré à bâtir l’équipe du NPD avant d’être officiellement investi il y a un peu plus de neuf mois.

«J’ai été de tous les événements. J’ai visité chacun des coins et rencontré le plus de monde possible. Les gens souriaient quand je leur disais que j’étais du NPD. Parce que la dernière fois, ils avaient été déçus de ne pas voir la candidate.

Dans Nicolet-Bécancour, certains étaient craintifs parce que je viens de Sorel et ils croyaient que j’allais m’occuper juste de coin là, mais pour moi, c’était important d’aller voir tout le monde. J’en ai appris beaucoup sur la circonscription et j’ai vu des paysages qui m’ont marqué, comme le pont de La Visitation», ajoute-t-il.

Il croit qu’il a pu démontrer qu’il peut être un député de proximité tout en allant chercher des avancés du fédéral, comme de la fibre optique pour Bécancour, l’île Moras, à Nicolet, et le bateau-musée Iroquois, à Sorel-Tracy.

Claude Carpentier était prêt

La campagne de Claude Carpentier était débutée depuis déjà 14 mois, une période au cours de laquelle il était sur le terrain pour présenter la plate-forme du Parti libéral du Canada qu’il avait lui-même participé à bâtir.

«Nous avons travaillé ensemble pour avoir le meilleur plan afin de répondre aux besoins régionaux que nous avons identifiés, clame Claude Carpentier. D’ailleurs, on a vu qu’il y a eu un engouement quand nous avons dévoilé notre programme, parce que les médias en ont parlé pendant plusieurs jours».

À son avis, c’est le dévoilement des propositions du Parti libéral qui a été le tournant de la campagne, notamment l’idée de faire un déficit et d’investir massivement dans les infrastructures pour relancer l’économie canadienne. «C’est une décision qui a plu à plusieurs, parce qu’ils ont vu qu’on est prêt à investir», croit-il.

Les baisses d’impôts, les hausses d’allocation pour les enfants et les aînés, la protection de la gestion de l’offre et le développement des technologies vertes sont aussi quelques-unes des propositions qui ont touché les électeurs.

 

 

Sébastien Lacroix sur Twitter: @Sebas_Lacroix