Des piments forts pour traiter les douleurs arthritiques?
Une équipe entièrement masculine du Cégep de Trois-Rivières se penche sur les effets de différents types de piment forts, dans le cadre de leur projet de fin d’études. C’est qu’une molécule présente dans les piments forts pourrait être utilisée pour traiter différentes douleurs.
«La capsaïcine est la molécule responsable du goût piquant des piments forts, mais ses propriétés ne s’arrêtent pas là. La capsaïcine fait depuis longtemps l’objet de recherches dans le domaine de la santé. Elle entre dans la composition de crèmes analgésiques utilisées pour diminuer les douleurs arthritiques et post-zona. Le but du projet était d’extraire la capsaïcine des piments forts pour en connaître la teneur. Une série d’extractions et d’étapes ont été nécessaires pour isoler la capsaïcine des piments forts», explique Virginie Laurin, enseignante du cours Projet de fin d’études en sciences de la santé au Cégep de Trois-Rivières.
Les recherches sur le piment fort ont gagné en popularité ses dernières années.
«La capsaïcine est prolifique dans le domaine dans la santé et on remarque une certaine popularité des recherches sur la capsaïcine en médecine depuis quelque temps, que ce soit pour le cancer ou comme antidouleur! Dans le fond, lorsque vous ressentez une douleur, la capsaïcine a pour effet de remplacer cette douleur par une autre qui n’en est pas une vraie. Ça envoie une fausse impression de douleur au cerveau. Par contre, ça peut laisser des dommages sur la peau, par exemple, des irritations et des rougeurs», lancent d’entrée de jeu les membres de l’équipe, Frédéric Brière, Alexandre Tremblay et Julien Lord.
C’est d’ailleurs ce produit qui est utilisé lorsque les policiers interviennent avec le poivre de Cayenne.
«Le poivre de Cayenne est utilisé lors d’interventions policières, car il contient de la capsaïcine. Le contact de la capsaïcine avec la peau ou les yeux est très inconfortable, mais en réalité, c’est peu dommageable pour la santé parce que c’est une fausse sensation de brûlure», ajoute Mme Laurin.
L’efficacité remise en question
À l’heure actuelle, la capsaïcine est utilisée en médecine pour les douleurs arthritiques ou pour les douleurs névralgiques post-zona.
«La capsaïcine, par contre, endommage les récepteurs sensoriels et ils deviennent moins efficaces. Donc plus tard, si vous touchez à un poêle chaud, vous ne le sentirez pas aussi bien qu’avant. Donc nous allons vérifier, à travers nos recherches, s’il est bon d’utiliser une crème à base de capsaïcine et si c’est si efficace! En laboratoire, nous aurons l’occasion de savoir si nous pouvons faire une crème avec les piments de nos épiceries», explique l’un de membres de l’équipe.
«Nous testons la concentration de capsaïcine dans les piments standards accessibles sur le marché. Nous avons testé le Thaï Chili, le finger hot, qui s’apparente au jalapeño et au habanero», ajoute-t-il.
Prévenir le cancer
L’équipe formée des trois étudiants a été attirée par l’impopularité de la nourriture piquante.
«Nous avons choisi ce projet parce que le goût piquant, ce n’est pas quelque chose que tout le monde connaît. C’est aussi mystérieux de penser qu’un produit peut brûler sans chaleur. Plusieurs recherches sont sorties dernièrement, entre autres, sur la prévention du cancer. C’est donc un sujet d’actualité.»
«La capsaïcine est davantage reconnue pour son usage externe pour le moment. Pour ce qui des effets systémiques, c’est mitigé et d’autres recherches sont faites à ce sujet présentement», conclut Mme Laurin.
Pour le moment, il y aurait une possibilité d’effets néfastes du côté de la dégénérescence des nerfs, plus précisément une lésion des nerfs sensitifs.
La capsaïcine est un composant actif du piment. C’est un irritant de l’épithélium des cellules des mammifères. Il produit une sensation de brûlure dans la bouche, ce qui peut être considéré comme un élément gustatif intéressant. Du point de vue biologique, ce composé permet aux fruits, et donc aux graines de la plante qui les produit d’être moins exposés à la prédation.