Vidéo de conduite dangereuse à Lyster : les individus accusés
Arrêtés jeudi soir relativement à la vidéo qui les montre circulant à vive allure avec une bière dans la main du passager dans le village de Lyster, le conducteur Alexandre Turmel et son passager Maxime Beaulieu ont comparu, vendredi avant-midi, devant le juge Guy Lambert au palais de justice de Victoriaville.
Turmel, 24 ans, de Saint-Janvier-de-Joly, fait face à une accusation de conduite dangereuse. La poursuite a consenti à sa remise en liberté moyennant le respect de plusieurs conditions, dont un engagement de 1 000 $, dont 500 $ avec dépôt. La Cour lui interdit aussi de communiquer avec le coaccusé Maxime Beaulieu, de St-François-du-Lac, de consommer des boissons alcooliques et de conduire tout véhicule automobile.
Turmel, représenté par Me Guy Boisvert, conteste cette dernière condition, désirant pouvoir conduire pour se rendre à son travail à Saint-Apollinaire.
Le juge Lambert a alors demandé à la poursuite, représentée par Me Ann Marie Prince, de motiver sa demande d’interdiction de conduite, ce qu’elle fera le 14 mars. «Pour le moment, j’impose les conditions. Si la Couronne réussit à les justifier, je les maintiendrai, sinon je les modifierai», a expliqué le magistrat.
D’ici l’audience du 14 mars, l’accusé ne peut conduire de véhicule. De plus, le véhicule qui aurait servi lors du tournage de la vidéo, a été saisi par les policiers à des fins d’expertises.
De son côté, le coaccusé Maxime Beaulieu doit aussi répondre d’une accusation de conduite dangereuse par le biais de la complicité. «L’enquête démontre des éléments essentiels pour le dépôt d’accusations criminelles de conduite dangereuse. Il y a une nuance particulière pour les deux individus. Le comportement du passager montre qu’il y allait d’encouragements. L’enquête montre une participation plus que passive», a fait valoir la procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Ann Marie Prince.
Beaulieu aussi a pu recouvrer sa liberté en acceptant un engagement de 1 000 $, dont 500 $ avec dépôt. Il devra aussi garder la paix et avoir une bonne conduite, ne pas communiquer avec Alexandre Turmel, ne pas consommer de boissons alcooliques. Il lui est aussi interdit de conduire, a demandé la poursuite. «Ce n’est pas lui qui conduisait et vous lui interdisez?, s’est étonné le juge Lambert. En tout cas, j’ai bien de la misère à comprendre ça.»
Me Guy Boisvert représentait une avocate de Sorel, Me Annie Francoeur, dans le dossier de Maxime Beaulieu. Son retour en Cour a été fixé au 28 mai.
Les deux accusés, selon lui, sont sous le choc. Certaines informations laissent entendre que les larmes ont coulé dans les cellules du palais de justice. «Ils sont bouleversés par leur arrestation», a confié Me Boisvert.
Dans l’acte d’accusation, on situe l’événement entre le 1er et le 15 février. Mais la vidéo, selon les témoignages recueillis, aurait été tournée le 5 février. Mais ce n’est que mardi (28 février) que l’affaire a éclaté au grand jour.
Entre-temps, l’enquête policière se poursuit. «La preuve demeure incomplète puisque l’enquête n’est pas terminée. Des expertises doivent notamment être effectuées sur le véhicule saisi», a indiqué la représentante du ministère public.
L’enquête policière
La Sûreté du Québec a été informée de cette histoire, mardi. «Dès que nous avons été mis au fait de la vidéo, les policiers de la Sûreté du Québec de la MRC de l’Érable ont pris la chose sérieusement, ont traité le dossier avec sérieux, a expliqué la sergente Éloïse Cossette, porte-parole de la SQ. L’enquête a nécessité qu’on retourne sur les lieux pour établir les lieux, les adresses, les vitesses, bref, toutes les manœuvres qu’ils ont effectuées.»
Les enquêteurs ont aussi été en mesure d’identifier les piétons que le véhicule suspect a croisés lors de sa folle randonnée. «On a rencontré les piétons, on les a interrogés, on a obtenu leurs versions. Ils se souvenaient des faits», a précisé la sergente Cossette.
«Nous devions aussi, a-t-elle ajouté, analyser la bande vidéo, retranscrire tout ce qui s’est dit. Le véhicule et le téléphone cellulaire ont aussi été saisis. Finalement, des mandats d’arrestation ont été émis et nous avons retracé les suspects à leur domicile, jeudi soir.»
Cette affaire montre que les conséquences peuvent être sérieuses pour toute personne qui commet des actes illégaux et qui, en plus, les diffuse sur le Web. «Les policiers peuvent se servir de tout contenu mis en ligne. Cela peut servir de preuve. On se demande pourquoi les gens font une telle chose. S’adonner à une manœuvre illégale est une chose, a signalé la sergente Cossette, et la mettre en ligne au vu et au su de tous en est une autre. Il n’y a aucun héros. Personne ne peut être fier d’avoir fait pareille chose.»
Un tel cas, comme celui qui nous occupe, ici, peut même aller, selon la SQ, jusqu’à la saisie du véhicule comme bien infractionnel. «Bref, on le constate, s’adonner à une manœuvre en pensant ne devoir que payer une amende ou perdre quelques points d’inaptitude peut aller plus loin. On le voit, ici, et le conducteur, et le passager se retrouvent aujourd’hui accusés devant la Cour criminelle», a conclu la sergente Cossette.