Covris Coopérative teste le propane vert
BAIE-DU-FEBVRE. Dans le cadre d’un projet pilote initié par l’Association québécoise du propane (AQP), Covris Coopérative de Baie-du-Febvre a accepté de tester le propane vert, un produit plus écologique, pour ses opérations de séchage de grains. Ce projet est mené en collaboration avec Filgo, un fournisseur de propane et de pétrole déjà partenaire de la coopérative pour ses besoins en énergie.
« L’objectif du projet pilote est de recueillir des données pour mesurer les attributs environnementaux et la performance énergétique du propane vert dans le cadre d’une démonstration en contexte opérationnel », mentionne Jean-Maxime Saint-Hilaire, représentant de l’AQP.
« C’est Filgo qui a approché notre coopérative pour cette expérience pilote », souligne pour sa part Pascal Larivière, directeur général de Covris Coopérative. « Pour faciliter la logistique et la récolte de données, il voulait que le propane vert importé soit utilisé dans un minimum de sites possible. »
L’expérience a commencé il y a un peu plus d’une semaine dans les deux centres de grains de Covris (Baie-du-Febvre et Parisville). À l’origine, l’idée était de comparer les performances des deux types de propane en les testant sur des lignes séparées. Cependant, la saison de séchage étant déjà très avancée, cette formule n’a pas été réalisable. Au lieu de cela, la coopérative a donc décidé de remplir tous ses réservoirs de propane vert et d’utiliser ce carburant pour le reste de la saison, qui prendra fin au cours des prochains jours.
Pascal Larivière estime qu’au terme de l’essai, entre 55 000 litres et 60 000 litres de propane vert seront utilisés sur les deux sites de la coopérative, sur un total possible de 110 000 litres. Il ignore comment sera utilisée la balance. « Pour l’instant, on ne sait pas encore si ce sera un autre client au Québec ou Covris Coopérative qui l’utilisera. Chose certaine, il ne sera pas perdu », précise Jean-Maxime Saint-Hilaire.
Il faut souligner que l’AQP a importé de la Californie un wagon contenant 110 000 litres de propane vert produit par Oberon Fuels et mandaté Filgo d’en assurer la logistique d’approvisionnement et de livraison. Ce propane est élaboré à base d’éther diméthylique renouvelable (EDMr), un composant produit à partir de résidus forestiers ou agricoles.
De bon augure
Les premiers retours sont positifs. « Ça fonctionne de la même manière que le propane traditionnel », indique Pascal Larivière, qui n’a constaté aucune différence notable en termes de consommation ou de performance des séchoirs.
Il souligne aussi que le propane vert s’intègre parfaitement dans les équipements existants, sans nécessiter de modifications. La manipulation, tout comme le mode de livraison, sont les mêmes que le propane traditionnel. Aucune contrainte n’a été observée au niveau de la gestion ou de la sécurité.
« Si notre fournisseur est en mesure de nous alimenter avec ce type de propane en continu et à un prix similaire, on aimerait continuer avec ce produit, à moins qu’on ait des mauvaises surprises lors de la fermeture et du nettoyage des séchoirs. Mais ça, ça serait bien étonnant », mentionne M. Larivière.
Pour lui, l’utilisation du propane vert est une belle solution pour rendre l’agriculture un peu plus durable; une mission que se donne d’ailleurs la coopérative. « C’est l’une des raisons qui nous a poussés à embarquer dans le projet pilote », souligne le directeur général de Covris Coopérative.
Toutefois, l’approvisionnement en propane vert n’est pas simple pour le moment, fait savoir Jean-Maxime Saint-Hilaire. Selon lui, importer du propane vert n’est pas viable à long terme. « Ce n’est pas ce modèle-là que regarde l’Association », précise-t-il. « C’est plutôt la construction d’une usine de propane vert en sol québécois, ce qui permettrait de réduire les coûts. »
Un haut potentiel
L’Association québécoise du propane est d’avis que son initiative est une étape importante dans la démarche de décarbonation de l’industrie québécoise du propane. Elle évalue qu’à lui seul, le wagon de propane vert importé pour le projet pilote devrait réduire les émissions de 12,5 tonnes d’équivalent CO2.
« Si l’ensemble du propane utilisé pour le séchage des grains était renouvelable, cela équivaudrait au retrait de jusqu’à 6000 véhicules des routes du Québec par année en termes d’émissions de CO2, selon le type de EDMr utilisé », mentionne-t-elle dans un communiqué de presse.
Selon l’Association, le potentiel de la filière du propane vert est énorme, d’autant plus qu’il s’agit d’une solution déjà éprouvée en Europe et dans plusieurs États américains. À son avis, cette filière pourrait contribuer à décarboner non seulement l’industrie agricole, mais aussi les autres secteurs névralgiques qui ont actuellement recours aux énergies fossiles.
« Cette solution retirerait énormément de pression sur le réseau électrique, pour une fraction des coûts d’autres initiatives de décarbonation », plaide-t-elle.