Violence et démissions : dures réalités pour le personnel de soutien scolaire
NICOLET-BÉCANCOUR. La violence subie par le personnel de soutien scolaire du Centre de services scolaire (CSS) de la Riveraine touche un peu plus d’une personne sur cinq, selon un sondage réalisé par Ad hoc Recherche. En tout, 245 actes de violence ont été dénoncés au cours des deux dernières années.
Ces chiffres préoccupent Éric Pronovost, président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ). « La violence prend différentes formes. C’est une violence qui, malheureusement, est partout au Québec », constate-t-il, lui qui réalise une tournée pan-québécoise pour souligner les 25 ans de la FPSS-CSQ.
Il était à Nicolet jeudi pour rencontrer les membres du personnel de soutien scolaire du CSS de la Riveraine et faire le point sur les résultats de l’enquête.
Des actes de violence répétés
Le sondage révèle que les élèves représentent la principale source de violence à l’égard du personnel de soutien scolaire. Parmi les comportements observés, on retrouve des cris à l’encontre des employés (71 %), des blasphèmes (61 %), des lancers d’objets (50 %), des coups (36 %) et des propos injurieux (52 %). Si ces données sont sous la moyenne provinciale, elles restent néanmoins préoccupantes, évalue Marie-Pierre Jutras, présidente du Syndicat du soutien scolaire de la Riveraine (CSQ).
« Il faut être proactif et trouver des solutions pour protéger le personnel de l’éducation et prévenir d’autres situations », dit-elle.
Un taux de démissions élevé
Parallèlement à la question de la violence, le personnel de soutien scolaire fait face à un autre défi majeur : un taux de démissions élevé. En effet, au cours des cinq dernières années, 1 042 démissions ont été enregistrées dans la région du Centre-du-Québec, dont 137 pour le CSS de la Riveraine. Ces chiffres ne prennent pas en compte les départs à la retraite, et ont été obtenus par la FPSS-CSQ grâce à des demandes d’accès à l’information.
Les raisons de ces départs sont multiples et reflètent une détérioration des conditions de travail. Le manque de reconnaissance, la surcharge de travail, les conditions précaires et la pénurie de ressources humaines figurent parmi les facteurs principaux poussant le personnel à quitter son poste. « Le départ de travailleurs expérimentés, qui possèdent des compétences spécialisées, est particulièrement dommageable, car il engendre des coûts importants en termes de recrutement et de formation », rappelle Mme Jutras.
Elle insiste également sur le fait que les employés de soutien scolaire sont indispensables à la réussite éducative des élèves. Les tâches qu’ils accomplissent sont nombreuses et variées : gestion administrative, entretien des locaux, aide aux élèves en difficulté, etc. « Leur rôle est souvent discret mais fondamental dans le bon fonctionnement des écoles. Quand ces professionnels décident de partir, cela compromet gravement la qualité des services », souligne Mme Jutras.
De son côté, Éric Pronovost, demande au gouvernement de prendre des mesures urgentes pour résoudre cette crise. « Malgré les gains obtenus dans les nouvelles conventions collectives, il reste plusieurs éléments sur lesquels il doit agir rapidement pour préserver l’intégrité de notre système d’éducation », insiste-t-il. « Cela passe par une reconnaissance adéquate de leur contribution essentielle à l’éducation des jeunes. »
La situation de l’école Curé-Brassard
Dans la même veine, le manque d’infrastructures adéquates dans la région contribue également à la détérioration des conditions de travail. Par exemple, l’école primaire Curé-Brassard, à Nicolet, dépasse actuellement sa capacité d’accueil.
Bien que des classes modulaires aient été installées, celles-ci ne représentent qu’une solution temporaire. Marie-Pierre Jutras insiste sur la nécessité d’une nouvelle école. « Le bâtiment actuel est vétuste et ne répond plus aux besoins des élèves. Une solution à long terme est indispensable, avec des installations modernes et adaptées », dit-elle.
Elle invite d’ailleurs la population à signer la pétition lancée sur le site web de l’Assemblée nationale pour demander la construction d’une nouvelle école dotée de classes spécialisées, d’une bibliothèque et d’espaces de collaboration pour répondre aux besoins.