Les facteurs de Postes Canada pourraient tomber en lock-out vendredi
MONTRÉAL — Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a reçu mardi des préavis de Postes Canada l’avisant que les travailleurs seront en lock-out dès le vendredi 15 novembre à 8h si aucune entente n’est conclue.
Ces préavis ont été remis environ huit heures après que le STTP a lui-même déposé un préavis de grève de 72 heures. La grève aurait pu débuter vendredi.
«Notre objectif demeure des conventions collectives négociées qui renforcent la pérennité du service postal public et apportent des solutions aux problèmes que nos membres vivent au quotidien», a soutenu la présidente nationale du syndicat, Jan Simpson, dans un communiqué.
«Postes Canada pourrait concrétiser cette vision sans arrêt de travail, mais à cette fin, elle doit s’asseoir à la table de négociation pour résoudre nos problèmes, qu’ils soient récents ou de longue date.»
Le STTP représente 55 000 membres dans l’ensemble du pays, à savoir les facteurs urbains, ruraux et suburbains. Ses membres avaient appuyé à plus de 95 % le mandat de grève.
Le syndicat s’était engagé à maintenir des services essentiels en cas de grève, notamment concernant les chèques de pension et d’aide sociale ainsi que les animaux vivants.
Mardi dernier, le syndicat a déposé une contre-proposition à Postes Canada, après avoir jugé insuffisante son offre du 29 octobre. Celle-ci touchait les augmentations de salaire, le régime de retraite, l’expansion des services offerts par Postes Canada et les questions de santé et sécurité au travail.
Le syndicat revendique maintenant 9 % d’augmentation salariale pour la première année, 5 % pour la deuxième année, 4 % pour la troisième année et 4 % pour la quatrième année, soit 22 % sur quatre ans.
Selon le syndicat, la dernière offre de Postes Canada prévoyait une augmentation de 11,97 % sur quatre ans. Il dénonce que l’employeur réclame plusieurs «reculs» touchant des avantages sociaux et des congés, ainsi que l’établissement d’un régime de retraite à deux paliers.
Des retards à prévoir
Postes Canada avertit les Canadiens qu’il pourrait y avoir des retards en cas de grève.
«Une grève tournante dans une installation ou une région peut déclencher une réaction en chaîne qui aurait des effets immédiats et durables dans l’ensemble de notre réseau», a-t-elle soutenu.
La société a d’ailleurs reproché au syndicat de faire «dégringoler les volumes de Postes Canada et (de précipiter) le déclin de la situation financière de l’entreprise» avec ses menaces de grève.
Le conflit de travail chez Postes Canada survient au moment où les consommateurs commencent à faire leur magasinage en vue des fêtes de fin d’année.
Dans ce contexte, «les enjeux des négociations avec Postes Canada sont importants», a reconnu le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, lors d’un point de presse tenu mardi matin à Ottawa.
S’il tenait cette conférence de presse pour annoncer qu’il demandait un arbitrage exécutoire pour mettre fin aux arrêts de travail aux ports de la Colombie-Britannique et à celui de Montréal, M. MacKinnon a soutenu qu’il veut donner une chance à la négociation dans le cas de Postes Canada.
«Nous espérons parvenir à un accord à la table des négociations, a-t-il déclaré. Je sais que les parties négocient aujourd’hui (mardi), et nous ferons tous les efforts possibles pour qu’elles restent à la table et qu’elles continuent à discuter.»
M. MacKinnon a assuré que tous les outils à la disposition du gouvernement fédéral pour soutenir le processus de négociation ont été déployés.
En 2018, Ottawa avait fait adopter une loi spéciale pour mettre fin aux grèves tournantes qui avaient été amorcées par les syndiqués de Postes Canada. Cette fois, «nous espérons parvenir à un accord négocié», a réitéré le ministre.
— Avec des informations de Lia Lévesque