C’est Harris qui proclamera officiellement son rival Trump vainqueur le 6 janvier
La victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine sera officiellement «certifiée» au Congrès en janvier par celle-là même que le républicain a battue mardi: la vice-présidente démocrate Kamala Harris.
En vertu de la Constitution américaine, la personne qui occupe la vice-présidence à la Maison-Blanche est aussi de facto présidente du Sénat. À ce titre, c’est elle qui, notamment, proclame le résultat d’une élection à la Maison-Blanche, devant les membres du Congrès réunis en session conjointe. Cette cérémonie somme toute protocolaire se produit le 6 janvier, deux mois après l’élection.
Dans des circonstances normales, la procédure de décompte des voix des grands électeurs n’est qu’une simple formalité; c’est en somme l’étape finale du processus technique complexe d’élection d’une nouvelle administration à la Maison-Blanche.
Par exemple, en 2000, après une opération exténuante de 36 jours pour le recomptage des voix en Floride, le démocrate Al Gore a concédé la présidence au républicain George W. Bush le 13 décembre.
Al Gore était lui aussi vice-président américain, et c’est lui qui a certifié la victoire de son rival. «Le nombre total des grands électeurs désignés pour voter pour le président des États-Unis est de 538», a déclaré M. Gore depuis la tribune du Sénat, avant d’annoncer à haute voix sa propre défaite, en parlant de lui à la troisième personne.
Mais cette formalité a bien failli ne pas se produire il y a quatre ans. Le président sortant Trump refusait d’accepter sa défaite et, le 6 janvier, il a déclenché une violente insurrection sur le Capitole, où son vice-président de l’époque, Mike Pence, devait certifier la victoire du démocrate Joe Biden. Les partisans de M. Trump scandaient «Pendez Mike Pence» en saccageant des bureaux du Capitole.
M. Trump voulait que son vice-président «fasse ce qu’il faut» au Congrès et le déclare vainqueur. Lui et ses proches alliés ont passé des jours à tenter de convaincre M. Pence, en vain, que le vice-président américain avait le pouvoir de rejeter les électeurs des États clés qui avaient voté pour Joe Biden — même si la Constitution précise clairement que le rôle du vice-président lors de cette session conjointe du Congrès est essentiellement protocolaire, un peu comme celui d’un maître de cérémonie.
M. Pence l’a reconnu dans une longue déclaration au Congrès. Il a exposé sa conclusion selon laquelle un vice-président ne pouvait revendiquer une «autorité unilatérale» pour rejeter les votes électoraux des États. La nuit suivant l’insurrection, lors d’une nouvelle session conjointe du Congrès, il a donné son accord pour certifier officiellement l’élection du président Joe Biden.