Projet de culture à projet d’amitié

NDAKINA. Nichemis, petit frère est un livre jeunesse issu de la collaboration entre l’autrice Valérie Richer O’Bomsawin et de l’illustratrice Valérie Laforce, toutes deux abénakises; l’une d’Odanak, la seconde de Wôlinak. C’est dans cette union de deux communautés d’une même Nation qu’est né cet album qui allie ferveur de la transmission de l’identité abénakise et sa fierté.

Nichemis est encore tout petit, mais sa grande sœur se fait un devoir de lui faire découvrir les splendeurs et richesses de leur culture. Au cœur de cette histoire, les liens forts tissés entre la famille et les membres de la communauté s’épanouissent, créant un récit riche en découvertes et en amour fraternel.

« Depuis quelque temps, nous réalisons que certaines personnes qui connaissent nos trésors décident de les utiliser sans nous. Ou de les présenter à d’autres de façon inadéquate. De cette façon, certains éléments de notre culture et de nos traditions spirituelles se sont déformés au fil du temps. Le pire, c’est lorsque ces gens ne disent pas que c’est nous qui leur avons montré ces richesses. Cela cause beaucoup de peine et de tort aux familles w8banakiak, abénakises », peut-on lire dans les pages de Nichemis, petit frère.

La promotion de son héritage culturel

Valérie Laforce et Valérie Richer O’Bomsawin embrassent fièrement leurs origines autochtones et accordent une grande importance à la promotion et à la préservation de l’héritage culturel des Premières Nations. « En dehors de la création du livre, je pense que c’est quelque chose qu’on a à cœur dans notre vie », assure Valérie Laforce.

Alors que Mme Laforce offre de son côté des ateliers sur la culture abénakise dans les écoles du Centre de services scolaire de la Riveraine, Mme Richer O’Bomsawin est souvent interpellée à son travail à ce sujet, à l’École internationale de Trois-Rivières. Elle travaille également à l’Institution Kiuna.

« Je pense qu’un outil comme Nichemis, petit frère est intéressant, car c’est différent des autres outils pédagogiques qu’on connait pour sensibiliser à la culture des Premières Nations. C’est un livre ludique, coloré et vivant », croit Valérie Laforce.

La création de Nichemis, petit frère

C’est en observant ses enfants s’approprier la culture abénakise que Valérie Richer O’Bomsawin a eu envie d’écrire leur histoire, celle d’une grande sœur qui raconte la culture et les traditions à son petit frère. « Je me suis inspirée d’eux! », lance-t-elle.

« J’ai envoyé mon manuscrit aux Éditions Hannenorak en me disant que j’allais essayer. Je ne m’attendais cependant pas à grand-chose », révèle l’autrice. Après cinq mois d’attente, alors que Mme Richer O’Bomsawin croyait désormais que son manuscrit n’était pas suffisamment bon pour être publié, elle a eu, à sa grande surprise, un retour positif!

Elle a donc soumis le portfolio de son amie Valérie Laforce, designer graphique et artiste peintre, afin que ce soit elle qui image son récit, transformant ici un projet de partage de culture en projet d’amitié. « C’est plaisant d’avoir un objectif commun, c’est une belle aventure », assure l’illustratrice.

Les deux femmes ont d’ailleurs travaillé ensemble à la création des illustrations. Les dessins sont beaucoup inspirés d’images de la vie courante et de photos du Ndakina, le territoire ancestral des Abénakis. On peut même reconnaitre les enfants de l’autrice dans certains dessins.

« Les traits du visage sont assez délicats et même peu présents. On ne voulait pas qu’il y ait de traits distinctifs associés aux Premières Nations ou avoir un préjugé classique de ce dont une personne des Premières Nations doit avoir l’air, explique Mme Laforce. Il n’y a pas de couleur de peau non plus qui y est rattachée. On va avoir des gens qui ont la couleur de peau blanche, un peu plus foncée, même des peaux noires. On ne voulait pas qu’il y ait des stéréotypes qui soient associés au livre », ajoutent-elles.

« Autour de ça, on a choisi des couleurs pimpantes pour avoir un côté dynamique et coloré pour les jeunes », ajoute l’illustratrice. L’attention a été portée à tous ces détails, en plus de s’amuser à cacher un cercle dans chacune des illustrations, un symbole d’équilibre et d’harmonie pour la Nation abénakise.

Valérie Richer O’Bomsawin espère que son travail deviendra un legs à sa communauté. Nourrie positivement de sa toute première expérience dans le monde littéraire, elle est avide de poursuivre avec de nouvelles publications et de contribuer à offrir des modèles de persévérance pour les jeunes générations abénakises.