L’intelligence artificielle au service de la Ville de Bécancour

BÉCANCOUR. L’intelligence artificielle fait peu à peu son entrée dans divers départements de la Ville de Bécancour. Son intégration à certains processus internes s’est amorcée au cours des derniers mois. Cet automne, elle s’ancre un peu plus solidement au sein du Service d’urbanisme et de l’administration, avec l’implantation d’un Assistant Urbaniste et d’un Assistant Subvention et Aide Financière.

« Nous avons comme vision de moderniser nos façons de faire et de nous donner des outils pour pouvoir répondre de façon plus efficace aux demandes que nous recevons », explique le directeur général de la Ville, Grégory Gihoul.

« Ce qui était important pour nous, quand on a commencé à discuter du projet avec notre directeur de l’informatique, c’était que le déploiement se fasse de façon progressive. Nous voulions nous assurer d’implanter des outils qui serviraient réellement et qui seraient utilisés de façon optimale. Alors on a commencé tout simplement, par quelques licences Copilot de Microsoft, pour habituer certaines équipes à travailler avec ce type d’outils-là », poursuit M. Gihoul.

L’équipe des communications, celle du développement durable et certaines adjointes administratives ont été mises à contribution. L’intelligence artificielle a alors servi à monter des documents, à préparer des premiers jets de rédaction et à faire des recherches plus approfondies.

Tel qu’espéré, les essais ont été concluants, ce qui a encouragé la Ville à aller plus loin dans la démarche.

Gain de temps et plus-value

Pour bien planifier ce virage, Bécancour bénéficie de l’accompagnement d’IVÉO, une organisation sans but lucratif chargée d’épauler les villes dans la mise en place de solutions et d’outils innovants sur leur territoire.

Comme la Ville souhaitait mettre en place des modules d’intelligence artificielle personnalisés, IVÉO l’a mise en contact avec l’entreprise québécoise Coach IA. C’est cette dernière qui a conçu les deux assistants spécialisés nouvellement implantés à la Ville.

L’Assistant Urbaniste permettra d’optimiser la planification urbaine en fournissant des analyses précises et des recommandations basées sur des données en temps réel, décrit le fondateur de Coach IA, Sylvain Langlais : « Il facilitera la prise de décisions stratégiques, garantissant un développement urbain harmonieux et durable, tout en prenant en compte les besoins actuels et futurs des citoyens de Bécancour. »

De son côté, l’Assistant Subvention et Aide Financière aidera la Ville à identifier et à maximiser les opportunités de financement. « Grâce à des algorithmes sophistiqués, cet assistant permettra de soumettre des demandes de subvention plus compétitives et d’assurer un suivi rigoureux. Cela augmentera les chances de succès des projets municipaux », explique M. Langlais.

« Avec ce type d’outils, il y aura un gain de temps considérable, croit M. Gihoul. Nos collègues qui les utiliseront seront dégagés de certains aspects plus cléricaux et pourront mettre davantage de l’avant leur expertise et leur savoir-faire dans leur travail. On vise vraiment à aller chercher la plus-value de chacun d’eux. »

La mise en place de ce genre d’outil nécessite une certaine préparation. Il faut d’abord y intégrer tous les documents pertinents, par exemple le nouveau plan d’urbanisme de la Ville et la réglementation municipale, en ce qui concerne l’Assistant Urbaniste. Ensuite, il faut procéder à des vérifications sur le niveau de fiabilité, puis ajuster l’outil pour qu’il atteigne un haut niveau de précision dans les réponses qu’il fournit (autour de 98%). « C’est un travail de quelques semaines », indique M. Gihoul, précisant que les nouveaux outils, implantés pour une somme de 14 050$, seront pleinement fonctionnels d’ici la fin de l’année.

Plus loin encore

À plus long terme, l’intelligence artificielle étendra ses tentacules dans d’autres volets: travaux publics, gestion des bâtiments et des activités, etc. En fait, elle sera implantée partout où elle permettra de gagner en efficacité parce que la charge de travail est très lourde, partage le directeur général de la Ville. « Je pense qu’il y a un très grand nombre d’opportunités à explorer. Mais on y va par étapes. C’est une direction qu’on prend, et on veut le faire intelligemment. On veut s’assurer qu’il y ait vraiment plus de bénéfices que d’enjeux. »

D’ailleurs, au fil des discussions avec IVÉO et ses partenaires, la Ville de Bécancour découvre une grande variété de possibilités. « Il y a d’autres types d’intelligence artificielle qui s’en viennent, notamment sur la gestion des actifs. Il y a aussi beaucoup de choses qui existent déjà et qu’on n’utilise pas encore, mais qui pourraient être très intéressantes pour nous éventuellement, par exemple pour faciliter la prise de décision sur les plans d’intervention. Le Québec est en train de développer une vraie expertise dans le domaine. On le voit dans les outils qui nous sont proposés », s’enthousiasme M. Gihoul.

Un budget récurrent est maintenant dédié au déploiement de ce genre de technologie dans le cadre du Programme d’innovation et de Ville intelligente mis en place à Bécancour. En 2024, ce programme était doté d’une enveloppe de 50 000$. En 2025, il bénéficiera d’une majoration de 25 000$ pour se porter à 75 000$.

« On se donne les moyens d’avancer. Et si on va au bout de ce qu’on souhaite faire avec ce type d’outils-là, c’est un investissement qui m’apparaît très, très judicieux », termine M. Gihoul.