La faim s’accentue dans la région

Moisson Mauricie/Centre-du-Québec constate une tendance inquiétante alors que le Bilan-Faim 2024 révèle une augmentation importante des demandes d’aide alimentaire. Dans la dernière année, Moisson a répondu à 113 756 demandes à travers la région, soit plus de 9000 demandes de plus que pendant la même période en 2023.

La tendance s’accentue depuis la fin de la pandémie. Les chiffres de 2024 représentent une hausse de 28 000 demandes comparativement à 2021.

« Le Bilan-Faim 2024 révèle une réalité troublante pour notre région. Avec plus de 113 000  services d’aide alimentaire offerts en mars, nous constatons une hausse significative depuis 2021, illustrant l’ampleur de la crise. Les chiffres de 2024 ne sont pas une grande surprise dans la mesure où l’on ressent tous les jours que les choses ne s’arrangent pas. C’est tout de même désespérant. Ça montre à quel point les besoins sont immenses. Le nombre de personnes qui utilisent nos services augmente et on remarque que les gens ont besoin de revenir plusieurs fois avant de ne plus avoir besoin de recevoir de l’aide alimentaire », souligne Gaël Chantrel, directeur général de Moisson Mauricie/Centre-du-Québec.

Les enfants représentent le tiers des personnes aidées (32,8%), tandis que 33,8% des ménages aidés en 2024 étaient des familles avec des enfants (+4,8%). De ce nombre, 18% sont des ménages monoparentaux.

De plus en plus d’adultes vivant seuls utilisent les services de Moisson Mauricie/Centre-du-Québec. Dans la région, cela représente 53,2% des utilisateurs des services. C’est 16% de plus que la moyenne provinciale.

« Il faut se demander si les adultes vivant seuls ne sont pas les grands oubliés de nos politiques sociales, indique M. Chantrel. C’est important d’aider les familles, mais les gens vivant seuls sont souvent oubliés. Dans la région, ils sont en grande augmentation parmi les utilisateurs de nos services. Pour les personnes seules, leur visite à la banque alimentaire est peut-être, pour certaines, leur seul contact humain de la semaine. On voit aussi davantage de personnes qui ont un emploi venir chercher de l’aide alimentaire. »

Des arrivages de nourriture en baisse

L’organisme régional a également dû faire face à une baisse importante des arrivages de nourriture dans la dernière année.

« C’est un phénomène que l’on remarque plus depuis la pandémie, note le directeur général de Moisson Mauricie/Centre-du-Québec. On reçoit un peu moins de dons, mais en parallèle, on assiste à une forte progression des demandes. Ce qui était suffisant pour répondre aux demandes avant la pandémie ne l’est plus pour les besoins d’aujourd’hui. La différence se sent de plus en plus. »

« Les entreprises en agroalimentaires travaillent fort pour limiter leur gaspillage alimentaire, ce qui est très bien. Par contre, ces aliments qui arrivaient en fin de vie nous étaient utiles », ajoute-t-il.

Bien que les 30 millions $ octroyés par le gouvernement provincial dans le dernier budget ont fait une différence dans le réseau permettant d’acheter plus de denrées, l’organisme fait remarquer que même si l’inflation s’est stabilisée, la pression causée par le coût de la vie est bien réelle et ce sont les plus vulnérables qui continuent d’en subir les effets.

« Cette aide financière a eu un impact important. Sans les achats de denrées que l’on a pu faire avec cette subvention, on serait dans une période très difficile en ce moment. Ça nous permet aussi d’apporter une diversité dans les aliments. Par exemple, il est rare de trouver de la farine ou du sucre dans les aliments tirés de la récupération alimentaire, tout comme des produits comme les œufs et le lait », précise Gaël Chantrel.

« Il est cependant essentiel que nous unissions nos efforts pour répondre aux besoins croissants et trouver des solutions durables pour les personnes en situation de vulnérabilité. Il faut redoubler d’efforts et réfléchir le modèle de l’aide alimentaire. On travaille là-dessus avec le réseau des banques alimentaires afin de déterminer ce que l’on peut faire pour améliorer l’acquisition de denrées alimentaires et trouver des sources de financement autres que le gouvernement », conclut-il.

Le Bilan-Faim dans la région en chiffres

16 752 personnes uniques aidées chaque mois

32,8% des personnes aidées sont des enfants

12,9% des personnes aidées ont un emploi

55,7% des personnes aidées reçoivent l’aide sociale

11,5% des personnes aidées sont à la retraite