Le consensus canadien sur l’immigration est menacé, mais pas perdu, selon Marc Miller

OTTAWA — Le consensus canadien de longue date sur l’immigration est menacé, mais n’a pas disparu, a déclaré le ministre de l’Immigration dans une entrevue après avoir annoncé une réduction importante du nombre de nouveaux arrivants au Canada.

Jeudi, le ministre de l’Immigration Marc Miller et le premier ministre Justin Trudeau ont annoncé leur intention de réduire de 20 % les objectifs d’immigration du Canada l’année prochaine et ont admis que le gouvernement libéral n’avait pas trouvé le bon équilibre après la pandémie de COVID-19.

«Il ne sert à rien d’ignorer le fait que notre consensus sur l’immigration est quelque chose qui est sous tension et menacé, a déclaré M. Miller. Il est toujours là. Il ne faut pas le confondre avec l’unanimité, ce que font souvent les gens.»

L’année dernière, le ministre Miller a gelé le plafond des nouveaux résidents permanents à 500 000 pour 2025 et 2026 après des années de fortes augmentations, alors que le gouvernement faisait face à une pression accrue pour s’attaquer au coût et à la disponibilité des logements.

Le Canada est maintenant dans une «situation différente» de ce qu’il était il y a un an, a déclaré Miller, et la décision de réduire les objectifs en est le reflet.

«Au cours de la dernière année, nous avons vu les attitudes changer – pas pour devenir anti-immigrants, mais pour être très préoccupés par le volume», a-t-il déclaré, citant l’économie comme l’une des raisons du changement.

Le chef conservateur Pierre Poilievre a imputé ce changement à une mauvaise gestion du dossier de l’immigration.

Il a souligné la décision du gouvernement de resserrer les exigences de visa pour les Mexicains – un renversement d’une politique de 2016 – l’immigration irrégulière à la frontière canado-américaine au chemin Roxham avant la fermeture du passage l’année dernière, et des cas de fraude dans les programmes d’étudiants internationaux et de travailleurs étrangers temporaires.

M. Poilievre a accusé les libéraux d’avoir détruit le système d’immigration «qui avait un consensus de bon sens entre conservateurs et libéraux depuis 150 ans».

«L’immigration n’était même pas controversée avant l’arrivée de M. Trudeau», a déclaré Pierre Poilievre lors d’une conférence de presse à Toronto jeudi.

Un récent sondage d’Abacus Data suggère que la moitié des Canadiens ont une opinion négative de l’immigration. Le sondage a été mené auprès de 1915 adultes du 3 au 9 octobre, et il ne peut pas être attribué de marge d’erreur, car les sondages en ligne ne sont pas considérés comme des échantillons véritablement aléatoires.

Soixante-treize pour cent des personnes interrogées estiment que le nombre d’immigrants a un effet négatif sur le coût et la disponibilité des logements, et 62 pour cent estiment que les niveaux d’immigration rendent l’accès aux soins de santé plus difficile.

Une personne sur cinq a cité des problèmes liés à la cohésion sociale et à l’assimilation comme raison de ses inquiétudes.

Les nouveaux niveaux d’immigration n’apaiseront pas les craintes de tout le monde, mais ils montrent que le gouvernement écoute, a déclaré M. Miller. Il a également déclaré qu’il espère que les provinces, les institutions et les personnes qui ont bénéficié de l’immigration s’exprimeront.

«Ce pays est peut-être devenu paresseux quant à l’importance de l’immigration, et nous avons simplement tenu pour acquis que c’est quelque chose qui se produit», a déclaré M. Miller.

«Dans ce cas, en réagissant aux préoccupations, c’est une occasion pour les gens de prendre les choses en main et de dire que l’immigration est une bonne chose, et pourquoi elle est bonne, et pourquoi elle contribue à l’économie, et pourquoi elle doit être raisonnable et gérable.»

Plus tôt cette semaine, plusieurs députés libéraux ont confronté le premier ministre au sujet de son leadership lors d’une réunion à huis clos du caucus sur la colline du Parlement.

En route vers cette réunion, le député libéral de la Colombie-Britannique Ken Hardie a déclaré qu’il n’avait pas entendu beaucoup de préoccupations au sujet du leadership de M. Trudeau lors de ses entretiens avec ses électeurs, mais que les quelques personnes qui en ont parlé ont lié leurs plaintes à l’immigration.

«Tout est lié à l’immigration », a expliqué M. Hardie.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a accusé le gouvernement de Trudeau de blâmer les immigrants pour les problèmes d’accessibilité qui ont mis la pression sur les ménages canadiens.

«Le premier ministre pense que faire des nouveaux arrivants des boucs émissaires va d’une manière ou d’une autre renverser sa situation politique, a déclaré la porte-parole du NPD en matière d’immigration, Jenny Kwan, dans un communiqué. La vérité, c’est que ce ne sera pas le cas.»