Plus d’ours polaires sont exposés à des agents pathogènes, selon une étude américaine

Des chercheurs de l’Alaska affirment que certains ours polaires de l’Arctique courent désormais un plus grand risque de contracter plusieurs agents pathogènes qui ne représentaient pas une menace pour les animaux il y a quelques décennies.

L’étude, publiée mercredi dans la revue «PLOS One», indique que la population d’ours dans la mer des Tchouktches, entre l’Alaska et la Sibérie, ne semble pas être affectée par les maladies, mais que les résultats comptent parmi les changements les plus rapides jamais signalés pour de telles expositions chez les ours polaires.

L’étude souligne la nécessité d’une surveillance accrue de la population d’ours polaires, notamment pour déterminer si les agents pathogènes demeurent dans la chair, qui est susceptible d’être consommée par l’homme.

Les chercheurs ont comparé des échantillons de sang prélevés sur des ours de la région entre 1987 et 1994 avec des échantillons prélevés entre 2008 et 2017.

Le rapport indique qu’ils ont constaté des augmentations statistiquement significatives des agents pathogènes liés à cinq maladies, la plus importante étant un parasite présent chez de nombreux animaux communs, notamment les bovins, les chèvres, les loups et les renards, dont l’exposition est passée de 13,7 % à 65 %.

L’autrice principale de l’étude, Karyn Rode, biologiste spécialisée dans la faune sauvage au Centre scientifique de l’Alaska de l’U.S. Geological Survey, explique que l’augmentation de ce parasite pourrait être liée à la diminution de la glace de mer, qui oblige les ours à passer plus de temps sur la terre ferme.

«Avec la disparition de la glace de mer, les ours polaires de la population que nous avons étudiée ont de plus en plus souvent passé l’été sur la terre ferme, et les femelles de cette population y ont également trouvé leur tanière», affirme-t-elle.

«Les femelles passent donc plus de temps sur la terre ferme que les mâles, et elles sont plus exposées à certains agents pathogènes terrestres. Il y a donc eu des changements environnementaux, en particulier chez les ours polaires, qui ont modifié leur comportement et leur exposition à ces agents pathogènes», ajoute-t-elle.

Selon Mme Rode, les résultats suggèrent que les ours polaires ne sont pas les seuls à être exposés à une augmentation des agents pathogènes, mais aussi les animaux qu’ils mangent. Dans les communautés de l’Arctique, l’ours polaire est chassé pour sa viande.

«Je pense que cela va dans le même sens que de nombreuses autres publications, à savoir qu’il y a des changements dans les voies de transmission des agents pathogènes. Et il s’agit d’agents pathogènes dont nous savons qu’ils peuvent provoquer des maladies chez les animaux sauvages et chez les humains.»

L’étude souligne la nécessité d’une surveillance accrue. Celle-ci a cherché à déterminer si les ours avaient été exposés à des agents pathogènes, et non pas si des niveaux élevés subsistaient dans la chair susceptible d’être consommée par l’homme.

«L’étape suivante consiste à essayer de mieux comprendre les risques encourus par les personnes qui consomment ces animaux. Des personnes ont contracté certaines de ces maladies par l’intermédiaire d’autres animaux sauvages, ce qui est donc possible. Nous ne savons pas si les ours polaires ont dans leurs tissus des éléments qui sont consommés et qui pourraient être transmis», explique-t-elle.