Des frappes israéliennes touchent une ville côtière libanaise

Des avions de chasse israéliens ont frappé mercredi plusieurs bâtiments de la ville côtière de Tyr, au sud du Liban, tandis que le Hezbollah a confirmé qu’un haut responsable largement considéré comme le prochain chef du groupe militant avait été tué dans une frappe israélienne.

L’agence de presse nationale libanaise a rapporté qu’une frappe israélienne sur la ville voisine de Maarakeh avait tué trois personnes. Aucune victime n’a été signalée à Tyr, où l’armée israélienne avait diffusé des avertissements d’évacuation avant les frappes.

Le Hezbollah a quant à lui tiré d’autres roquettes sur Israël, dont deux qui ont déclenché les sirènes d’alerte aérienne à Tel-Aviv avant d’être interceptées. Un nuage de fumée était visible dans le ciel depuis l’hôtel où séjournait le secrétaire d’État américain Antony Blinken, en visite dans la région pour tenter de renouveler les pourparlers de cessez-le-feu.

Mercredi soir, l’armée israélienne a déclaré que quatre autres «projectiles» étaient passés du Liban vers Israël, deux ayant été interceptés et un étant tombé en terrain découvert. Aucune victime n’a été signalée dans l’immédiat, a indiqué l’armée.

Le Hezbollah a confirmé la mort de son haut responsable, Hashem Safieddine, dans une déclaration faite un jour après qu’Israël a annoncé l’avoir tué lors d’une frappe au début du mois dans la banlieue sud de Beyrouth.

M. Safieddine, un puissant religieux au sein du parti, devait succéder à Hassan Nasrallah, l’un des fondateurs du groupe, tué dans une frappe aérienne israélienne le mois dernier.

Le Hezbollah a déclaré que M. Safieddine avait «rejoint son frère, notre martyr le plus noble et le plus précieux (M. Nasrallah)».

Le groupe militant a commencé à tirer des roquettes, des missiles et des drones sur Israël, provoquant des frappes aériennes de représailles, après que l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 a déclenché la guerre dans ce pays. Une guerre totale a éclaté au Liban le mois dernier, et les frappes israéliennes ont tué M. Nasrallah ainsi que la plupart de ses commandants supérieurs. Les forces terrestres israéliennes ont envahi le sud du Liban au début du mois d’octobre.

Tyr, une capitale provinciale, a été largement épargnée, mais les frappes à l’intérieur et autour de la ville se sont intensifiées récemment.

La ville vieille de 2500 ans, située à environ 80 kilomètres au sud de Beyrouth, est connue pour ses plages immaculées, son port ancien, ses imposantes ruines romaines et son hippodrome, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle fait partie des plus grandes villes du Liban et est une métropole dynamique appréciée des touristes.

Avichay Adraee, un porte-parole de l’armée israélienne, a écrit sur le réseau social X que des agents du Hezbollah se trouvaient dans la région, sans donner plus de détails ni fournir de preuves.

Le Hezbollah, un groupe musulman chiite, est très présent dans la ville et ses législateurs sont membres du groupe ou de ses alliés. Tyr abrite également des civils sans lien avec le groupe, notamment une importante communauté chrétienne.

Le Dr Wissam Ghazal, un responsable de la santé à Tyr, a déclaré que les frappes ont touché six bâtiments, détruisant quatre d’entre eux, environ deux heures et demie après les avertissements d’évacuation. Des personnes déplacées par les frappes ont pu être vues dans les parcs et assises sur les bords des routes avoisinantes.

Le chef de l’unité de gestion des catastrophes de Tyr, Mortada Mhanna, a dit à l’Associated Press que, même si beaucoup avaient fui, des milliers d’habitants et d’autres personnes déplacées d’autres zones restaient sur place. De nombreuses personnes, dont des centaines de familles, avaient auparavant fui des villages du sud du Liban pour chercher refuge dans des abris à Tyr.

On estime que 15 000 personnes vivent encore dans la ville sur une population d’environ 100 000 habitants avant la guerre, a précisé M. Mhanna.

Frappe sur un bureau de la chaîne Al-Mayadeen

Mercredi soir, la chaîne de télévision panarabe Al-Mayadeen, alliée politiquement au Hezbollah, a déclaré que l’armée israélienne avait frappé son immeuble de bureaux à la périphérie de la banlieue sud de Beyrouth.

«Al-Mayadeen tient l’occupation israélienne responsable de l’attaque contre un bureau de presse connu d’un média connu», a soutenu la chaîne de télévision. Elle a ajouté que le bureau avait été évacué. L’armée israélienne n’a pas diffusé d’avertissement avant la frappe.

Le 21 novembre, une frappe israélienne dans le sud du Liban a tué deux journalistes d’Al-Mayadeen qui couvraient l’activité militaire le long de la frontière avec Israël.

Le ministère de la Santé libanais a déclaré que 28 personnes ont été tuées et 139 blessées au cours des dernières 24 heures, portant le bilan des morts depuis le début du conflit l’année dernière à 2574, avec 12 001 blessés. Les combats ont forcé 1,2 million de personnes à quitter leur domicile, dont plus de 400 000 enfants, selon l’agence des Nations Unies pour l’enfance.

Du côté israélien, les attaques du Hezbollah ont tué environ 60 personnes, dont la moitié sont des soldats. Des tirs de roquettes quasi quotidiens ont vidé les communautés du nord d’Israël, déplaçant quelque 60 000 personnes. Ces dernières semaines, le Hezbollah a étendu sa portée, lançant des dizaines de roquettes quotidiennement et ciblant régulièrement la ville de Haïfa, dans le nord d’Israël. La plupart sont interceptées ou tombent dans des zones dégagées.

À Gaza, l’armée israélienne a poursuivi une opération majeure dans la partie nord du territoire, où le bureau humanitaire des Nations Unies a déclaré qu’Israël avait sévèrement restreint les livraisons d’aide.

L’armée israélienne a dit avoir arrêté environ 150 militants palestiniens présumés, tandis qu’environ 20 000 personnes ont quitté Jabaliya, un camp de réfugiés qui s’est transformé en un quartier densément construit au fil des décennies. L’armée a diffusé des images de drones montrant des milliers de personnes marchant devant des bâtiments bombardés. Au cours des derniers jours, plusieurs Palestiniens ont affirmé que l’armée israélienne les avait forcés à partir.

L’ONU estime que 60 000 personnes ont fui l’extrême nord de Gaza vers le sud sur une période de plus de deux semaines.