Se doser pour être mieux écouté

BÉCANCOUR.  Simon Mayrand considère avoir commencé sa vraie carrière à l’âge de 55 ans lorsqu’il a enfin décidé de mettre toutes ses énergies dans sa passion : le piano.

Il y a trois ans, M. Mayrand a pris sa retraite de l’informatique. « C’est un petit peu atypique! », concède-t-il. Le temps de « passer à la vitesse supérieure » qui lui permettra de vivre de ses propres compositions, le pianiste s’est bâti un répertoire qui lui plait afin de se lancer dans une carrière de musicien d’ambiance basée sur le jazz.

Il a créé son répertoire en pigeant ici et là, dans le jazz des années 1950 et 1960, mais également dans la musique qui a bercé son enfance et son adolescence, en lui donnant une touche pop jazz.

Bien que M. Mayrand dise difficile de décrire ce qu’est le piano d’ambiance, il explique que son objectif est « de plaire aux oreilles des gens, plaire à leurs souvenirs, puis plaire à leur cœur à travers ce que je joue. »

« Peu importe ce que je joue, je ne veux pas être en avant-plan. Je veux générer une atmosphère dans laquelle on ne les dérange pas, mais qu’en même temps, on les entretient émotivement, précise-t-il. C’est un savant dosage de musique et de retenue. Lorsque vient le temps de plaire aux gens, je ne fais pas de compromis. »

« C’est un échange avec les gens, car parfois ils arrêtent de parler pour écouter, alors on en profite pour jouer un peu plus! » Il en profite également pour glisser quelques pièces de son cru durant ses soirées.

Au courant de l’été dernier, Simon Mayrand était présent sur la terrasse du vignoble Le Fief de la rivière, à Bécancour, pour agrémenter les « vindredis » 5 à 7. Prochainement, le 25 octobre, il jouera lors de la Grande tablée du lac St-Pierre, à Baie-du-Febvre, pour une toute première fois.

Le gène du piano

La mère de Simon Mayrand était pianiste, tout comme sa grand-mère, alors on peut dire que le gène court dans la famille! Lorsque sa mère est décédée, son piano est demeuré. Alors, vers l’âge de 11 ou 12 ans, emporté par un désir plus fort que lui, il a commencé à pianoter. « Je me suis dit, je ne suis plus capable d’écouter de la musique. Il faut que j’en joue », raconte-t-il.

C’est dès ses tout débuts qu’il a commencé à composer sa propre musique. À l’école secondaire, il a formé un groupe de musique rock progressif et orchestral qui ne jouait que ses propres compositions. « Jusqu’à l’âge de 20 ans, je n’avais jamais joué la musique des autres », révèle-t-il.

Lorsqu’il a découvert le groupe de musique UZEB, qui était dans un tout autre style musical que ce qu’il jouait, il a eu ce qu’il dit être une épiphanie. Il est donc allé chercher la technique de son instrument au Cégep de Drummondville. Il avait déjà eu quelques cours par le passé, au pensionnat et au Conservatoire de musique de Québec, mais son côté rebelle ne lui avait pas servi : « Je n’avais pas de discipline! », lance-t-il.

« J’ai eu la chance d’étudier avec des professeurs extraordinaires à Drummondville. Je pense toujours particulièrement à Richard Ferland, qui était l’arrangeur de François Cousineau et Jean-Pierre Ferland. Mon piano s’est grandement amélioré. Pas dans mon cours de piano, mais dans mon cours d’arrangement, raconte M. Mayrand. Mon cours d’arrangement (harmonisation, improvisation, composition) a fait en sorte que mon piano a pris la direction que je voulais qu’il prenne. »

À la suite de ses études, malgré son talent souligné lors de ses victoires à quelques concours, il s’est aperçu qu’il vivrait difficilement de son métier. « Vivre comme compositeur de musique, c’était impossible. Je n’avais pas de contacts. Je me dévouais beaucoup à mon art, je faisais les choses comme je le voulais et je le sentais. » Il n’était pas non plus attiré par l’idée de jouer la musique des autres, malgré qu’il ait joué du classique, de la pop, du jazz, et encore plus.

Durant les 30 années qui ont suivi, c’est en informatique que Simon Mayrand a finalement fait carrière, sans pourtant délaisser le piano. Il en a profité pour enregistrer près de six heures de musique composée par lui-même et, en 2004, il a réuni son groupe afin de produire deux albums. Un peu comme s’il se préparait au second chapitre de sa vie professionnelle.