Le vulgarisateur inspirant

SAINT-LÉONARD-D’ASTON. Rendre la science vivante et accessible : voilà le travail de Jean-Daniel Doucet. Depuis près d’une quinzaine d’années, il œuvre comme vulgarisateur scientifique. Un talent qu’il s’est découvert alors qu’il était chercheur dans le domaine médical.

« Je suis devenu vulgarisateur scientifique par un accident de la vie, complètement! », explique-t-il en riant. « Vers 2009-2010, en pleine pandémie de grippe A (H1N1), j’ai eu à expliquer pourquoi les vaccins, ce n’était pas dangereux. J’ai trouvé ça le fun, et je suis juste parti dans cette voie-là. »

Cette direction collait parfaitement à sa personnalité. Elle lui permettait aussi de poursuivre une carrière originale dans le domaine qui le passionne le plus : la science. « J’ai laissé tomber la recherche médicale parce que je ne suis pas le meilleur en labo. J’étais bon à l’école, mais pas super habile. J’étais du genre à faire brûler du riz en voulant le faire bouillir! Alors je me suis dit que j’allais être plus utile à donner la parole aux scientifiques qui travaillaient avec moi et qui me faisaient triper, que d’en être un moi-même; que j’allais être plus utile, aussi, à tenter d’inspirer d’autres jeunes à devenir des scientifiques. C’est ce que je fais dans mon travail de vulgarisation. »

Et il est comblé! Au fil des ans, il a touché à plusieurs sphères : « Je fais de l’animation, j’apparais parfois dans les médias, j’écris pour de la télé… Dans mes projets, je vais souvent m’entourer d’artistes, de gens à la réalisation, de metteurs en scène, de comédiens. Je me sers d’éléments artistiques pour donner la parole à des scientifiques ».

Le natif de Saint-Léonard-d’Aston s’est construit un réseau solide. Il doit ses premières armes en vulgarisation au chimiste Normand Voyer, qui fait régulièrement des interventions à la télé et à la radio, et pour qui Jean-Daniel Doucet a été stagiaire. « Il avait un projet de vulgarisation et il m’a engagé. Ça m’a amené à faire la tournée des écoles du Québec. Ensuite, je me suis beaucoup impliqué dans l’Association des communicateurs scientifiques. J’ai organisé des formations et toutes sortes de choses. Ça m’a fait connaître un paquet de monde. »

C’est par le biais de ces contacts que s’est forgée la suite de sa carrière. Il a animé l’émission de télévision Top Science (encore disponible sur TFO), pour ensuite concevoir, durant trois ans, des activités éducatives au Centre des sciences de Montréal, entre mille et un autres projets.

« Présentement, je travaille beaucoup en télé. Je fais de la scénarisation pour l’émission Curium, dont la première saison est terminée. Je planche aussi sur Qu’est-ce qui se passe quand?, une émission sur la science de l’extrême avec le vétérinaire Sébastien Kfoury, qui cherche à surpasser ses limites. Je suis chef recherchiste et scénariste de la moitié des épisodes. »

La voix du cancer : des avancées porteuses d’espoir

Son plus récent projet lui a permis d’explorer un médium auquel il n’avait pas encore touché : la baladodiffusion. C’est l’Institut du cancer de Montréal qui l’a approché, par le biais du chercheur Réjean Lapointe, qu’il a connu durant sa maîtrise en sciences biomédicales, au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). « Il trouvait qu’il y avait peu de contenu en balado sur les dernières options de traitement, sur comment on peut aborder la délicate question du cancer en donnant un peu d’espoir aux patients et à leurs proches. Le concept a pris forme et on est venu me chercher pour le coécrire et l’animer », raconte Jean-Daniel Doucet.

Ainsi est né le balado « La voix du cancer : des avancées porteuses d’espoir« , dont les huit épisodes peuvent maintenant être écoutés sur diverses plateformes, dont OHdio, Qub, Apple Podcast et Spotify. Ils sont d’une durée d’environ 30 minutes chacun.

« On aborde diverses pistes de traitements. Ils contiennent plein de témoignages éloquents. C’est à la fois touchant, informatif, accessible et concret. On ne tombe pas dans le larmoyant. On est dans l’espoir. Je pense que ça peut aider des gens à se sentir mieux », décrit Jean-Daniel Doucet.

Parmi les intervenants se trouvent des personnalités touchées de près par la maladie, dont Lolitta Dandoy, Lulu Hughes, DJ Champion et Dominic Arpin, pour n’en nommer que quelques-unes. Des chercheurs et experts en oncologie y présentent les dernières avancées de la recherche et discutent des pistes de traitements les plus prometteuses.

Les thématiques abordées sont le cancer de l’ovaire, la toxicité cutanée, le cancer du sein, le cancer 360, le cancer de la prostate, le microbiome, la thérapie immunocellulaire et l’intelligence artificielle.

Un épisode a particulièrement ému Jean-Daniel Doucet : celui sur le cancer de l’ovaire, duquel est décédée sa mère en 2008. « Dans cet épisode, ma sœur Édith m’accompagne pour poser des questions sur ce cancer. Elle a amorcé une démarche de dépistage génétique du cancer de l’ovaire pour évaluer ses propres risques. Alors on rencontre ensemble une chercheuse spécialisée en la matière. On parle aussi de notre mère. Je suis content du résultat. Pour moi, cette série-là est un peu un hommage à ma mère. »

Il admet d’ailleurs que c’est le cancer de sa mère qui l’a poussé à poursuivre ses études à la maîtrise au CHUM et à l’Institut du cancer de Montréal. « C’est pendant mon cégep que ma mère a eu son diagnostic. Ça m’a orienté vers les sciences de la santé : vers un bac en biochimie à l’Université Laval, puis une maîtrise en biomédical, au centre de recherche du CHUM. »

Son incursion en sciences de la santé lui a fait comprendre que la lutte contre le cancer était plus qu’une bataille : « Mon père a eu un cancer aussi, récemment, et on parlait beaucoup de le puncher, ce cancer-là. Dans le balado, on est moins dans ces propos-là. Oui, il faut lutter contre le cancer. Oui, le cancer est un ennemi. Mais si on ne peut pas le vaincre, on peut peut-être vivre avec lui; vivre plus longtemps, et avec une meilleure qualité de vie. C’est ce dosage-là qu’on explore aussi dans le balado et que je trouve intéressant. On n’a pas abandonné la lutte du tout. Mais trouver des façons de pouvoir fonctionner malgré cette maladie-là est un aspect à ne pas négliger. »