De l’éducation à l’élevage
BÉCANCOUR. L’éducation est un sujet qui touche tout particulièrement Corinne Béliveau, copropriétaire de la ferme Acabel, une petite ferme de 45 vaches en lactation, 80 au total si on compte la relève. Avant de décrocher son diplôme en gestion d’entreprise agricole, elle a étudié en éducation à l’enfance, car elle adore les enfants. Cependant, elle a fini par trouver que quelque chose lui manquait.
« Je travaillais avec mon père l’été et j’adorais ça, mais je n’avais jamais pensé que je pouvais faire ça de ma vie!, dit-elle. À un moment donné, j’ai eu une illumination et je suis allée faire mon cours. » Elle adore travailler physiquement, être souvent dehors, et gérer une entreprise agricole. « Ce sont des défis, mais chaque journée est différente et motivante. » Elle apprécie aussi le lien qu’elle a avec les animaux : elle appelle chacune de ses vaches par son nom!
Toutefois, son désir d’éduquer les gens, tout particulièrement les enfants, n’est pas disparu. « Les gens sont très peu informés sur l’industrie agroalimentaire », croit-elle. C’est un peu pour cette raison qu’elle avait entrepris les démarches pour participer au programme École-O-Champ. « On doit commencer dès l’enfance, c’est la base! On voudrait que les enfants ne pensent plus que le lait, ça vient de l’épicerie! »
Malheureusement, elle a dû mettre ce projet sur la glace pour le moment, car elle n’arrivait pas à trouver le temps nécessaire avec son travail à l’étable et ses deux enfants. « Parce qu’ici, ça n’arrête jamais!, lance-t-elle. Lorsque mes enfants vont être plus vieux et que je vais être mieux installée à la ferme, c’est sûr que je vais vouloir embarquer dans un tel projet », assure Corinne.
L’idée de lancer son propre projet éducatif sur sa ferme lui a également traversé l’esprit. Cela pourrait inclure des animations et une mini-ferme pour accueillir des familles ou des groupes scolaires. Elle qui a grandi à la ferme, elle trouve que c’est un beau milieu pour grandir et pour élever des enfants!
Les racines de Corinne Béliveau
Le nom Acabel provient des mots « acadiens », comme le boulevard des Acadiens sur lequel la ferme est située, et Béliveau, le nom de famille de Corinne et de son père, Yves. Leur ferme peut effectivement porter fièrement ce nom, car les deux propriétaires sont bel et bien de descendance acadienne! « On est fier de nos racines et des ancêtres qui ont tout défriché pour nous. S’ils n’avaient pas fait tout ça, on n’aurait pas de terres et on ne pourrait pas cultiver! », dit-elle.
La ferme existe sous le nom Acabel depuis le début des années 2000, mais appartient à la famille Béliveau depuis les années 1950. « Elle n’avait pas de nom, tout le monde avait une petite ferme familiale dans le temps. Mon père a acheté en 1990 quand mon grand-père est décédé », raconte Corinne.
C’est lorsque Corinne a joint l’entreprise en 2018 que l’ancienne étable a été démolie, et la nouvelle, construite. C’était la condition de Corinne pour joindre l’entreprise avec son père! C’est ce qu’il lui manquait, d’ailleurs, avant d’aller de l’avant avec des investissements de la sorte: de la relève.
« C’est le jour et la nuit! Avant, c’était sombre, il n’y avait pas de ventilation et les vaches étaient attachées, se rappelle Corinne. C’était désuet et je n’avais pas nécessairement envie de travailler là-dedans. Ici, c’est un bâtiment très bien aéré et très bien éclairé. » Une grande partie des murs est constituée de toiles et, une fois qu’elles sont descendues au maximum, la lumière est semblable à celle de l’extérieur. « On se sent vraiment dehors. On appelle ça de la ventilation naturelle. Les vaches sont super bien! »
Également, les vaches sont en stabulation libre, c’est-à-dire qu’elles ont la possibilité de se promener comme bon leur semble dans l’étable et d’avoir accès à des logettes sur sable. « C’est vraiment le summum du confort pour les vaches! », lance-t-elle fièrement. Elles mangent quand elles veulent et elles vont se faire traire quand elles veulent dans la machine de traite. Elles y sont attirées par de la moulée et, grâce au collier qu’elles portent, le robot de traite peut déterminer si leur tour est venu. Et à la ferme Acabel, les vaches y vont toutes par elles-mêmes! « Il y a des fermes où les producteurs doivent aller chercher certaines vaches. Avec notre logiciel, on sait quelle vache est en retard, quand ça fait longtemps qu’elle n’est pas allée au robot », explique Corinne.
En matière de robotisation, la ferme est également dotée de raclettes automatisées qui grattent le fumier et d’un robot repousse-fourrage qui se déplace dans l’étable afin de repousser le foin à proximité des vaches.
« Nos vaches sont extrêmement bien! Le bien-être animal est primordial pour nous », conclut Corinne.