Trudeau dénonce le nombre «si intense» de civils tués par Israël

PARIS — À deux jours de l’anniversaire de l’attaque du Hamas contre Israël, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a dénoncé, samedi, le nombre «si intense» de civils tués par Israël.

«Le coût de la sécurité d’Israël ne peut pas être la mort de civils de façon si intense», a déclaré M. Trudeau lors d’une conférence de presse à Paris, dans le cadre du Sommet de la Francophonie.

M. Trudeau n’a pas élaboré ses reproches et a réitéré son appel à un cessez-le-feu pour permettre la protection des civils, et à ce que le droit international soit respecté.

«J’ai dénoncé plusieurs fois les actions d’Israël qui ont amené trop de morts de civils», s’est-il défendu lorsqu’une journaliste lui a demandé pourquoi depuis un an il n’a jamais condamné explicitement et uniquement les massacres perpétrés par Israël.

Il n’a pas répété cette phrase lorsqu’il lui a été demandé de dire les mêmes propos en anglais.

Le 7 octobre 2023, le Hamas lançait une attaque-surprise contre Israël, tuant 1200 Israéliens et prenant 250 personnes en otage. Depuis, Israël a détruit une grande partie de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas. Plus de 41 000 Palestiniens ont été tués, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui note que plus de la moitié des victimes étaient des femmes et des enfants.

Plus tard durant la conférence de presse, M. Trudeau a aussi contourné une question lui demandant tout simplement s’il condamne la décision d’Israël d’envahir le Liban.

L’État hébreu affirme qu’il mène une opération terrestre limitée contre des cibles du Hezbollah dans le sud de ce pays. Le mouvement armé, en signe de solidarité, avait lancé des roquettes vers le nord d’Israël immédiatement après l’attaque transfrontalière du Hamas du 7 octobre.

Or, Israël a en réalité mené une série de frappes aériennes massives en périphérie de Beyrouth, la capitale du Liban, dont une qui a interrompu les opérations au principal poste frontalier entre le Liban et la Syrie, un point de passage important pour les dizaines de milliers de personnes fuyant les bombardements.

Selon les responsables libanais, près de 1,2 million de personnes ont été déplacées de chez elles en raison des combats.

M. Trudeau a insisté sur le fait que les infrastructures civiles comme le port et l’aéroport de Beyrouth doivent être protégés pour permettre aux vols commerciaux et aux vols nolisés de quitter le pays.

Sièges réservés par le Canada

À ses côtés la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a une fois de plus exhorté les Canadiens, les résidents permanents et les membres de leur famille immédiate à fuir le Liban.

Près de 25 000 Canadiens s’y trouveraient actuellement, selon Affaires mondiales Canada et 6000 auraient levé la main pour obtenir l’un des sièges réservés par le gouvernement sur des vols commerciaux entre Beyrouth et Istanbul. Toutefois, il en reste si bien qu’Ottawa en a offert à différents pays, dont les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et également à certains pays européens.

«Si l’on vous offre une place sur un vol, s’il vous plaît, prenez-le parce qu’on est inquiet pour vous et on veut vous aider», a dit Mme Joly.

Jusqu’à présent, le Canada a évacué un peu plus de 1000 personnes du Liban.

Sujet marquant à l’OIF

Le sujet de «l’actualité dramatique» du Proche-Orient a «marqué» le sommet, a noté le président français Emmanuel Macorn, lors de la conférence de presse de clôture.

«Nous avons dit notre solidarité avec le Liban, nous nous sommes exprimés unanimement en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et durable, et avons dit notre engagement pour une désescalade des tensions dans la région, a-t-il déclaré. Nous voulons la paix et la sécurité pour tous.»

À un journaliste libanais qui lui signalait que cette «simple déclaration de solidarité» a été «vidée de son sens en ôtant tout ce qui a rapport aux frappes israéliennes sur la population civile», M, Macron a répondu de ne pas sous-estimer la portée du message de l’OIF.

M. Macron a par ailleurs confirmé qu’il envoyait bel et bien un message à son homologue américain Joe Biden lorsqu’il appelait récemment à livrer des armes qui servent à mener des combats à Gaza.

«Oui, si on appelle à un cessez-le-feu, la cohérence c’est de ne pas fournir les armes de la guerre. Et je pense que ceux qui les fournissent ne peuvent pas chaque jour appeler à un cessez-le-feu et continuer de les approvisionner», a-t-il répondu à un journaliste.

«Cette folie ne peut continuer»

Lors d’un tête-à-tête en marge du Sommet, le ministre libanais de l’Iinformation, Ziad Makary, a eu l’occasion de faire son plaidoyer directement à la ministre Joly.

«Cette folie ne peut pas continuer. On compte beaucoup sur le Canada», lui a-t-il dit lors d’un bref échange auquel les médias ont pu assister.

M. Makary lui a rappelé que le gouvernement libanais tient beaucoup à la mise en place d’un cessez-le-feu. À ce sujet, il a soutenu que «c’est Israël qui n’a pas tenu ses engagements».

«Il faut que le monde sache ça se passe au Liban. On a 1,2 million déplacés, on a 2000 victimes, on a 10 000 décès, et on a des millions de terrains agricoles brûlés. Et chaque jour, tout le Liban est bombardé. Et toutes les victimes sont du côté civil, malheureusement», a affirmé M. Makary.

Dans ses commentaires préliminaires, Mme Joly lui a notamment indiqué que le Canada est «solidaire» du peuple libanais, qu’il est très préoccupé du fait que bien des civils ont «perdu la vie» récemment, qu’il souhaite trouver «une solution politique» pour désamorcer la crise et qu’il veut rester «le meilleur ami du Liban».