L’ONU réagit à la décision d’Israël de désigner Antonio Guterres persona non grata

L’ONU a qualifié mercredi l’interdiction faite par Israël au secrétaire général Antonio Guterres d’entrer dans le pays de positionnement politique de son ministre des Affaires étrangères et a souligné que les contacts de l’organisation mondiale avec Israël se poursuivront «parce qu’ils le doivent».

Le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric a déclaré aux journalistes que le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, jugeant le chef de l’ONU persona non grata constitue «une attaque de plus contre le personnel des Nations Unies que nous avons vue de la part du gouvernement israélien».

Les accusations faites par Israël de partialité et d’antisémitisme de l’ONU remontent à des décennies, mais le désaccord s’est intensifié depuis que les attaques du Hamas du 7 octobre dans le sud du pays ont tué environ 1200 personnes et déclenché la guerre à Gaza. L’offensive d’Israël contre le groupe armé a tué plus de 41 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui ne précise pas combien étaient des combattants, mais qu’un peu plus de la moitié étaient des femmes et des enfants.

Une incursion terrestre israélienne au Liban et d’autres attaques contre le Hezbollah, un groupe armé libanais également soutenu par l’Iran, ainsi qu’une frappe de missiles iraniens contre Israël mardi, ont menacé de plonger le Moyen-Orient dans une guerre totale. Le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu une réunion d’urgence mercredi sur le Moyen-Orient.

M. Guterres n’a pas répondu à une question sur cette interdiction alors qu’il se dirigeait vers la réunion, où il a exigé un arrêt de l’escalade de la «violence du coup pour coup» qui, selon lui, mène les gens du Moyen-Orient «tout droit au bord du gouffre».

Plus tôt dans la journée, M. Katz a accusé M. Guterres de prendre parti contre Israël et a affirmé que le chef de l’ONU n’avait jamais condamné les attaques du Hamas et les violences sexuelles commises par ses combattants.

M. Dujarric a fortement exprimé son désaccord à ces affirmations, maintenant que M. Guterres a condamné «à maintes reprises les attaques terroristes, les actes de violence sexuelle et autres horreurs que nous avons vus». Mais le gouvernement israélien s’est vivement opposé à la phrase du secrétaire général dans sa condamnation initiale selon laquelle l’attaque du Hamas n’a pas eu lieu dans un contexte isolé.

Collaboration avec le Hamas

Israël a également accusé le personnel de l’agence des Nations Unies qui aide les réfugiés palestiniens, l’UNRWA – le principal fournisseur d’aide à Gaza – d’être des membres du Hamas et d’avoir participé aux attaques du 7 octobre et a réduit leurs activités.

L’organisme de surveillance interne de l’ONU a enquêté sur ces allégations israéliennes. L’UNRWA a déclaré lundi qu’un haut commandant du Hamas tué au Liban était un employé qui avait été suspendu depuis que des allégations sur ses liens avec le groupe ont émergé en mars.

Le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a accusé Israël de tenter de détruire ses opérations. L’agence fournit de l’éducation, des soins de santé, de la nourriture et d’autres services à plusieurs millions de Palestiniens et à leurs familles.

M. Guterres a également accusé Israël de faire des punitions collectives contre les Palestiniens dans sa réponse militaire de près d’un an aux attaques du Hamas à Gaza, affirmant qu’il n’avait pas vu autant de morts et de destructions au cours de ses sept années en tant que secrétaire général.

M. Dujarric a déclaré qu’au cours de ses 24 années à l’ONU, des membres du personnel de l’ONU ont été appelés persona non grata par un pays, mais qu’il n’avait jamais été question d’un secrétaire général banni.

Il a souligné que les Nations Unies n’ont jamais reconnu que ce concept s’appliquait au personnel de l’ONU.

En vertu de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, cette pratique s’applique à un pays qui déclare un diplomate persona non grata, et non à une organisation internationale.

«Nous poursuivons nos contacts avec Israël au niveau opérationnel et à d’autres niveaux, car nous en avons besoin», a soutenu M. Dujarric.