Une frappe israélienne touche Beyrouth pour la première fois depuis un an

La première frappe aérienne israélienne sur le centre de Beyrouth en près d’un an de conflit a rasé un immeuble d’appartements tôt lundi, quelques heures après qu’Israël a tué des dizaines de personnes à travers le Liban alors que le Hezbollah subissait de lourdes attaques contre sa structure de commandement qui ont mené à la mort de son chef, Hassan Nasrallah.

La frappe aérienne a touché un immeuble résidentiel de plusieurs étages, selon un journaliste d’Associated Press sur place. Des vidéos ont montré des ambulances et une foule rassemblée près du bâtiment dans un quartier majoritairement sunnite avec une artère animée bordée de magasins.

La frappe aérienne a tué au moins une personne et en a blessé 16 autres, a déclaré un responsable de la Défense civile libanaise, qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat, car il n’était pas autorisé à parler aux médias. Il a affirmé que la personne tuée était un membre d’al-Jamaa al-Islamiya, ou le Groupe islamique, un groupe politique sunnite allié au Hezbollah.

Le groupe n’est pas connu pour avoir joué un rôle significatif dans le conflit actuel entre Israël et le Hezbollah. Une faction palestinienne de gauche au Liban a déclaré que trois de ses membres avaient été tués dans la frappe aérienne. Le Front populaire de libération de la Palestine a dit dans un communiqué lundi matin que ses commandants militaires et de sécurité au Liban et un troisième membre avaient été tués dans l’attaque.

Semaine mouvementée

Au cours de la semaine dernière, Israël a fréquemment ciblé les banlieues sud de Beyrouth, où le Hezbollah a une forte présence – y compris une frappe majeure vendredi qui a tué Nasrallah – mais n’a pas frappé des endroits proches du centre-ville.

Les responsables israéliens n’ont pas fait de commentaire immédiat.

Plus tôt, le Hezbollah a confirmé que Nabil Kaouk, le chef adjoint du Conseil central du groupe militant, a été tué samedi, ce qui fait de lui le septième haut dirigeant du Hezbollah tué dans des frappes israéliennes en un peu plus d’une semaine. Parmi eux figurent des membres fondateurs qui avaient échappé à la mort ou à la détention pendant des décennies.

Le Hezbollah a également confirmé qu’Ali Karaki, un autre haut commandant, est mort dans la frappe qui a tué Nasrallah. Israël a déclaré qu’au moins 20 autres membres du Hezbollah avaient été tués, dont un responsable de la sécurité de Nasrallah.

Le ministère libanais de la Santé a recensé au moins 105 personnes tuées dans le pays lors de frappes aériennes dimanche. Deux frappes près de la ville méridionale de Sidon, à environ 45 kilomètres au sud de Beyrouth, ont tué au moins 32 personnes, a indiqué le ministère libanais de la Santé. Par ailleurs, des frappes israéliennes dans la province septentrionale de Baalbek Hermel ont tué 21 personnes et en ont blessé au moins 47.

L’armée israélienne avait précédemment dit avoir également mené une autre frappe ciblée sur Beyrouth, mais n’avait pas immédiatement fourni de détails.

Les médias libanais ont fait état de dizaines de frappes dans le centre, l’est et l’ouest de la Bekaa et dans le sud, en plus des frappes sur Beyrouth. Les frappes ont ciblé des bâtiments où vivaient des civils et le nombre de morts devrait augmenter.

Dans une vidéo d’une frappe à Sidon, vérifiée par l’Associated Press, un bâtiment a oscillé avant de s’effondrer pendant que des voisins filmaient. Une chaîne de télévision a appelé les téléspectateurs à prier pour une famille coincée sous les décombres, en publiant leurs photos, alors que les sauveteurs ne parvenaient pas à les atteindre. Le ministère libanais de la Santé a rapporté qu’au moins 14 médecins ont été tués en deux jours dans le sud.

Le président Joe Biden a déclaré dimanche qu’il s’entretiendrait bientôt avec le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, et estime qu’une guerre totale au Moyen-Orient doit être évitée. «Il le faut», a déclaré M. Biden aux journalistes de la base aérienne de Dover, dans le Delaware, alors qu’il embarquait à bord d’un avion Air Force One pour Washington.

Le Hezbollah, un groupe libanais et un parti politique soutenu par l’Iran, principal rival régional d’Israël, est devenu célèbre dans la région après avoir mené une guerre dévastatrice d’un mois contre Israël en 2006 qui s’est soldée par un match nul.

Le Hezbollah a commencé à tirer des roquettes, des missiles et des drones sur le nord d’Israël après que l’attaque du Hamas du 7 octobre à partir de Gaza a déclenché la guerre dans cette région. Le Hezbollah et le Hamas sont des alliés qui se considèrent comme faisant partie d’un «axe de résistance» soutenu par l’Iran contre Israël.

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Kareem Chehayeb a rapporté depuis Beyrouth. Les journalistes de l’Associated Press Natalie Melzer à Tel-Aviv, Aamer Madhani à Washington, Samy Magdy au Caire, Jack Jeffery à Jérusalem et Christopher Weber à Los Angeles ont contribué à cet article.