Démystifier le conseil tribal W8banaki
WÔLINAK. Nombreux sont ceux qui croient encore, à tort, que le conseil tribal W8banaki, anciennement appelé Grand conseil de la Nation W8banaki, est hiérarchiquement placé au-dessus des deux conseils de bande de la communauté abénakise. C’est d’ailleurs ce qui a motivé, notamment, le changement de nom de l’organisation il y a de cela environ un an. Temps de mettre les pendules à l’heure!
W8banaki a été créé en 1979 avec comme mission de servir les deux conseils de bande, soit celui de Wôlinak et celui d’Odanak. Elle est tout d’abord une organisation apolitique. Sa mission : développer, représenter et administrer. « On fait rayonner la Nation abénakise et on veut montrer qu’on est capable de travailler avec tout le monde et de faire avancer les choses », mentionne Denys Bernard, directeur général de W8banaki.
Ce dernier estime avoir engagé des gens avec un haut niveau de compétence et souhaite offrir des emplois de qualité aux membres de sa communauté. « Grâce à cette vision unique et novatrice, surtout à l’époque où ça a démarré, ce sont une centaine de postes de qualité qui ont été créés. C’est un enjeu réel pour les jeunes et les membres d’avoir accès à des emplois en communauté. Ça favorise aussi l’éducation et ça stimule les jeunes. Ce sont 40% de nos employés qui sont membres des Premières Nations », ajoute Nikita Zewski, directrice générale adjointe et communications.
« Au début, la survie du conseil tribal était menacée, parce que selon la Loi sur les Indiens, il faut au moins trois conseils de bande pour un conseil tribal. Il existait une clause de droit acquis qui disait qu’étant donné qu’on avait seulement deux communautés abénakises, on ferait une exception, explique Denys Bernard. Mais la réalité est que seulement avec les deux communautés, on n’aurait jamais pu se développer comme on est rendu aujourd’hui. On serait resté une petite organisation et on aurait une vingtaine d’employés tout au plus », ajoute-t-il.
W8banaki a en effet travaillé d’arrache-pied pour créer ses propres expertises afin de travailler en collaboration avec d’autres communautés autochtones, mais également avec les non-autochtones, par exemple les MRC ou encore le projet de Vallée de la transition énergétique. « Ce dont on rêvait, c’était d’un conseil tribal qui pouvait travailler en collaboration avec d’autres conseils tribaux au Québec. Des alliances, des fusions, prendre en charge des programmes pour la province », explique M. Bernard. Par exemple, c’est W8banaki qui est responsable du programme de mesures d’urgence à l’échelle provinciale, dans les cas d’inondation, d’incendie, de déversement, etc. « On doit être en mesure d’intervenir adéquatement, en synergie avec le gouvernement provincial, pour que les Premières Nations soient en sécurité. Nos protocoles sont en constante évolution », ajoute Denys Bernard.
Ils assurent que leur modèle fonctionne à merveille et que l’organisation détient maintenant une grande crédibilité. « Denys a choisi pour la Nation W8banaki le véhicule de la collaboration et de l’implication. Même sous le chapeau de la réconciliation, les compagnies ou les partenaires ne se sentent jamais obligés d’être en relation avec nous, au contraire. On devient un incontournable, on devient un mécanisme de collaboration qui est automatisé. Denys est partout et impliqué dans diverses strates du développement économique, et de la vie administrative », insiste Mme Zewski.
Aujourd’hui, les trois principaux départements de W8banaki sont les services techniques, le bureau du Ndakina et les Services à l’enfance et à la famille des Premières nations (SEFPN). Par services techniques, on parle d’ingénierie, d’inspection de bâtiments, de conception, de charge de projet, de dessins, etc. Le bureau du Ndakina, quant à lui, regroupe les gardiens du territoire ancestral abénaki du même nom. Il est constitué d’archéologues, d’historiens, d’anthropologues et de chercheurs. « Pour tous les projets sur ce territoire, on doit être consulté. Ils veulent savoir comment ça nous impacte. On répond à au-dessus de 180 consultations par année », explique Denys Bernard. Finalement, la SEFPN regroupe des services de prévention pour augmenter les compétences familiales. « C’est un programme du gouvernement qui consiste à limiter les placements et favoriser l’harmonie dans les familles. C’est un travail en amont pour créer une dynamique qui va favoriser le respect et les bonnes valeurs », précise le directeur général.
Denys Bernard révèle vouloir mettre sur pieds quelques nouveaux départements qui créeraient entre 10 et 20 nouveaux postes au sein de l’organisation, mais il est encore trop tôt pour les dévoiler.