Éoliennes : « Un fossé se creuse entre citoyens et élus »
NICOLET-YAMASKA. La porte-parole du collectif « Pour un choix éclairé dans Nicolet-Yamaska » (PCÉNY), Janie Vachon, assistait à sa quinzième séance publique consécutive du conseil des maires de la MRC de Nicolet-Yamaska, le 18 septembre dernier. Au micro, lors de la période de questions, elle a témoigné du fossé qui se creuse entre les citoyens et les élus et partagé ses impressions aux maires.
« Vous savez que je suis encore là ce mois-ci pour vous entretenir du futur ou hypothétique projet d’éoliennes. Aujourd’hui, c’est ma 15e séance consécutive. Je vous imagine agacés par ma présence aussi assidue, [et] par celle de mes concitoyens qui ont pris ce dossier à bras-le-corps », a-t-elle lancé d’entrée de jeu.
« Force est de constater que notre besoin [d’être consultés] n’a pas été entendu. Je me demande si nous ne sommes pas devenus, pour vous, que de simples opposants éreintants et têtus; des gens qu’il vaut mieux ignorer », a-t-elle poursuivi, regrettant aussi à voix haute que les élus semblaient « préférer oublier les séances où nous avons été 250 dans la salle, 200 ou 150 personnes depuis un an et demi, ainsi que les pétitions qui accumulaient 2700 signatures ».
« Le fossé s’est tellement creusé entre votre vision et la nôtre », a-t-elle fait remarquer aux maires. « Pourtant, nous partageons un amour [commun] pour ce territoire et l’envie qu’il évolue d’une façon merveilleuse, harmonieuse. »
La porte-parole du collectif s’est aussi désolée des courtes périodes de questions maintenant autorisées (elles sont de 30 minutes depuis avril). « L’espace d’échange qu’on a avec vous est tellement limité qu’on se concentre à essayer de vous faire passer les découvertes marquantes qu’on a faites », a fait remarquer Janie Vachon. « [Contrairement à vous], nous avons le loisir de nous concentrer sur un seul dossier. On a envie de vous partager le fruit de nos recherches et les inquiétudes qui nous habitent. Parce que c’est un dossier très complexe. Il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte pour prendre une bonne décision; une décision juste pour cette collectivité, où il n’y a pas, pour l’instant, d’acceptabilité sociale pour ce projet (éventuel parc éolien). »
Madame Vachon a invité les élus à mettre en place des moyens et à aller chercher l’expertise nécessaire pour recréer des ponts avec les citoyens, et diminuer la profondeur du fossé entre les citoyens et les élus. « Est-ce que vous trouvez que ça fait du sens? », leur a-t-elle demandé.
« Il n’y a personne en ce moment qui souhaite que ce fossé-là s’élargisse », lui a répondu la préfète Geneviève Dubois. « L’impression que vous avez de ce qu’on peut se dire […] nourrit quelque chose qui agrandit le fossé. Vous avez une pensée de ce que nous, on se dit de vous, mais on n’a pas réussi vraiment à s’asseoir ensemble dans le cadre, entre autres, d’un comité consultatif. On n’a pas réussi à avoir cette discussion-là, alors c’est sûr qu’on est restés chacun sur des impressions et, effectivement, le fossé se creuse, les positions se polarisent. »
Le dossier tourne en rond, évalue Janie Vachon : « Ça fait un an et demi qu’on demande que vous fassiez un effort du côté social », a-t-elle rappelé. « Depuis un an et demi, on a apporté des solutions, on a organisé des séances d’informations, on a fait beaucoup de choses. On a répété souvent qu’on avait besoin d’être consultés, on a déposé des pétitions pour montrer que l’acceptabilité sociale n’était pas là. Et il n’y a rien qui se passe. »
« Il n’y a rien qui se passe parce qu’il n’y a pas de projet », a rétorqué la préfète, rappelant du même souffle que le conseil des maires s’est engagé à mener une commission consultative qui inclura la participation de citoyens.
Janie Vachon a terminé la discussion en évoquant « un problème de vision » sur ce point : « Moi, je me fais dire par plein d’instances que le meilleur moment pour consulter, c’est quand il n’y a pas de projet. Alors, si vous restez sur votre position et que vous dites Il n’y en a pas de projet, on ne vous consulte pas, eh bien, ça creuse le fossé également. »