Caroline Naubert forcée d’abandonner
BÉCANCOUR. Le rêve de la Bécancouroise Caroline Naubert n’a pas connu la fin souhaitée ce week-end à Townsville, en Australie, lors des Championnats du monde de triatlhon multisports. Une fois le départ donné, il a pris des allures de cauchemar, a fait savoir celle qui participait à l’épreuve d’aqua-vélo longue distance (3 km de nage et 115 km de vélo). Elle a été forcée d’abandonner.
« Ma natation s’est très bien passée, mais j’étais loin derrière malgré la vitesse à laquelle j’ai nagé. Je n’étais pas prête à nager avec des centaines de personnes prêtes à tout pour une médaille, c’était sauvage… Je me suis faite kicker dans la face, je me suis faite passée dessus, je me suis retrouvée sous une grosse bouée… Bref, je n’avais jamais vécu ça », a-t-elle partagé sur sa page Facebook.
En sortant de l’eau, elle était au 19e rang. « J’ai tout donné au vélo pour rattraper mon écart », a écrit celle qui visait un top-10 dans sa catégorie d’âge (40-44 ans). Or, elle a poussé son corps à son extrême limite : « J’ai vomi trois fois en 60 minutes (1er tour sur 3) parce que je poussais vraiment beaucoup. Et malgré tout, après le 1er tour, je n’étais que 18e. »
En vomissant, elle estime s’être probablement déshydratée, entraînant du même coup une chute d’énergie parce qu’elle n’arrivait pas à se ravitailler : « À chaque fois que je mangeais un truc, je le vomissais », explique-t-elle.
Le 2e tour s’est mal passé, poursuit l’athlète : « J’ai frappé trois cônes sur une ligne droite et on m’a fait signe de m’arrêter. J’étais étourdie et j’étais vraiment sous le choc de la situation. Quand j’ai vu la ligne d’arrivée, je l’ai franchie au lieu d’aller pour le 3e tour. Je me suis effondrée devant les officiels. J’avais la boule dans la gorge tellement j’avais honte d’abandonner… Tant de travail pour ça? »
Une immense déception s’est alors emparée d’elle. « J’aurais pu faire mieux, mais mentalement, je n’étais pas prête à ça. Je n’étais pas prête pour ce niveau de compétition et je n’étais pas dans de bonnes conditions psychologiques. »
Ne pas parvenir à rattraper les autres concurrentes l’a confrontée, dit-elle, à « une grosse leçon de vie et d’humilité ». « Ça m’a rentré dedans… Je suis habituellement la meilleure chez les femmes », poursuit-elle, se qualifiant même d' »imposteur » dans cette compétition, notamment après avoir remarqué que 99% des athlètes avaient des vélos de triathlon alors que le sien est un vélo de route.
Rien pour calmer son anxiété de performance qui, l’admet-elle humblement, fait partie de sa vie depuis quelques années… « Je vais devoir continuer de travailler cet aspect. Maintenant je vais me reposer et je verrai quelle sera la suite! »
Son compte-rendu dur envers elle-même, publié dans les heures suivant la compétition, lui a valu beaucoup de messages de soutien. Certains l’invitent à voir l’expérience comme « une étape dans son parcours » et comme « une occasion d’apprendre », plutôt que comme un échec. D’autres soulignent sa « force de caractère », son « dépassement de soi » et saluent le fait qu’elle soit allée au bout de ses forces et qu’elle ait été capable de reconnaître ses limites, l’invitant d’ailleurs à en être fière.
En laissant la poussière retomber, sans doute que Caroline Naubert portera un autre regard sur son expérience, moins amer… et plus indulgent envers elle-même.
Car de belles choses se sont aussi passées durant son séjour en Australie : des visites touristiques, des moments festifs, des rencontres enrichissantes, de nouvelles amitiés…La fierté et le sentiment d’accomplissement qu’elle exprimait à l’aube de sa compétition lui reviendront assurément peu à peu à l’esprit, elle qui a atteint un niveau de performance exceptionnel en quelques années seulement.
On se rappelle que Caroline Naubert a amorcé son parcours d’athlète en 2015, alors qu’elle pesait au-delà de 285 livres. Grâce à sa détermination et à un changement de ses habitudes de vie, elle a perdu 125 livres (sans chirurgie). Elle a placé sa santé au cœur de ses priorités.
En 2018, elle s’est initiée au triathlon. Peu après la pandémie, elle a découvert l’aquavélo. Elle a obtenu son laissez-passer pour les Championnats du monde multisport dans cette discipline lors du Trimemphré de Magog, en juillet 2023.
Au cours des derniers mois, elle a multiplié les entraînements et piloté une campagne de financement en vue de sa participation à ces championnats, qu’elle percevait comme « la plus gosse compétition de sa vie ». Avec raison.