Grégoire St-Amant : réapprivoiser la vie avec de nouvelles limites

BÉCANCOUR. En 2014, alors qu’il est âgé de 60 ans et nouvellement retraité de l’Aluminerie de Bécancour, Grégoire St-Amant est victime d’un malaise qui l’oblige à entrer d’urgence à l’hôpital. Le Bécancourois subit une IRM (imagerie par résonance magnétique) qui lui révèle la présence d’une tumeur dans la moelle cervicale. « C’est un endroit où l’on ne peut pas opérer », lui dit-on.

Vu la sévérité du problème, il se tourne vers l’Institut neurologique de Montréal (Le Neuro). Il y rencontre le docteur Jefferey Hall, un neurochirurgien qui l’informe qu’une biopsie permettrait de déterminer la nature de sa tumeur. Mais il lui signifie aussi qu’il s’agit d’une délicate intervention comportant des risques significatifs, y compris celui de ne plus pouvoir marcher.

Grégoire St-Amant accepte de subir l’intervention, la sachant également risquée pour sa vie. « Il fallait que je sache c’était quoi, cette tumeur-là », explique celui qui avait longtemps souffert de maux de tête et de déséquilibres avant de se retrouver à l’hôpital. « Vous savez, à 50 ans, on accepte mal de reconnaître qu’on a un problème! J’associais ça à toutes sortes de choses : le manque de sommeil, une mauvaise alimentation, etc. Mais dans le fond, la cause, c’était ma tumeur. »

L’intervention

L’intervention a été réalisée soigneusement. « Elle a duré huit heures. Ç’a été long, entre autres parce que la biopsie ne révélait pas de cancer. Plusieurs prélèvements ont été faits et analysés, jusqu’à ce que le Dr Hall juge que ça suffisait, pour ma sécurité », raconte M. St-Amant.

La biopsie a confirmé la présence d’une tumeur kystique non cancéreuse évoluant très lentement; un cas vraiment rare. « On parle d’une tumeur de 17 millimètres par 74. C’est assez volumineux! », révèle M. St-Amant. Cependant, les médecins ne sont pas en mesure de lui dire si la tumeur est présente chez lui depuis la naissance ou si elle résulte de ses deux accidents à la tête subis au cours de sa vie. « Ils ont fouillé de A à Z pour tenter de trouver la cause. Vous ne pouvez pas vous imaginer tout ce qu’ils ont fait! Ils auraient mérité un prix Nobel, s’ils avaient trouvé la réponse », plaisante M. St-Amant, qui a séjourné un bon moment à l’Institut afin de se remettre sur pied.

« C’est sûr que j’ai eu de la difficulté dans les mois qui ont suivi. Il a fallu que je réapprenne à faire bien des choses, comme marcher. Je n’étais pas capable de me tenir debout sans aide. Je tombais. Mais au fil des mois, j’ai développé des façons de contrer ce problème-là. Aujourd’hui, si je marche sur un plancher qui est plat, ça va bien. Je marche croche un petit peu, mais c’est correct. Par contre, comme j’ai développé mon équilibre à partir de mes pieds, je n’ai pas d’équilibre si je me mets à genoux par terre. Là, je peux tomber n’importe quand. Si je descends un escalier, il faut à tout prix que je me tienne sur une rampe parce qu’à ce moment, mes pieds ne sont pas à plat. Mais aujourd’hui, je vis très bien avec ça », témoigne-t-il.

Le processus de réadaptation… et d’acceptation

Parallèlement à son processus de réadaptation, Grégoire St-Amant a aussi cheminé vers l’acceptation. Il a fallu qu’il s’habitue à ses limitations et qu’il les accepte. « Je continue à faire des activités, mais certaines ont été modifiées. Par exemple, j’aimais beaucoup la natation. Je pouvais nager des distances assez longues. Aujourd’hui, je ne suis plus capable. Parce que si je tourne ma tête pour respirer hors de l’eau, et que je le fais à répétition deux ou trois fois de fil, ça ne fonctionne plus. Maintenant, je peux juste nager… comme quelqu’un qui ne sait pas nager! « , illustre-t-il, résigné.

L’accompagnement reçu à l’Institut a joué un rôle clé dans sa convalescence, tient-il à souligner. « Je suis resté environ six semaines à l’hôpital. Ils ont fait toutes sortes d’examens. Ils voulaient vraiment savoir d’où provenait la tumeur. Parce que l’Institut neurologique de Montréal, c’est un centre universitaire de recherche (McGill). J’y ai reçu une qualité de soins extraordinaire durant mon séjour. Non seulement ils ont fait tout ce qui était possible pour découvrir ce qu’était cette tumeur-là, mais ils ont réglé toutes sortes de bobos au fur et à mesure qu’ils m’en trouvaient! C’est un endroit où on ne laisse rien de côté. Quand on s’aperçoit qu’il y a un petit problème quelque part, eh bien, on l’étudie! J’en suis très reconnaissant. Et en plus, le personnel au complet a tout fait pour me rendre la vie plus facile là-bas, que ce soit les infirmiers, les étudiants, les spécialistes et tous les autres. »

Aujourd’hui, Grégoire St-Amant retourne à l’Institut deux fois par année pour subir une IRM à titre préventif : « On surveille l’évolution de ma tumeur pour voir s’il faut intervenir, avant qu’elle ne me cause d’autres dommages ».