La sauce « spatiale » de Jasmin Hamel

NICOLET. Le producteur de piments forts et de sauces piquantes nicolétain Jasmin Hamel pourrait joindre le livre des records Guinness si l’opération qu’il prévoit faire le 22 juin prochain s’avère un succès. Si les conditions météorologiques sont favorables, il enverra jusque dans la stratosphère l’une de ses sauces piquantes, nommée Canadienne.

C’est un ballon-sonde qui transportera l’échantillon jusque-là. Il sera équipé d’instruments de mesure qui permettront de localiser l’attirail tout au long du périple, et d’une caméra de type GoPro résistante à des conditions extrêmes, notamment le froid, puisqu’il fera entre -50 et -60 degrés Celsius à cet endroit. 

La montée du ballon-sonde devrait durer de 30 à 45 minutes. Puis, il flottera dans la stratosphère, un peu comme une bouteille à la mer, à 35 kilomètres de haut, durant cinq ou six heures, avant d’éclater. À ce moment, l’attirail, doté d’un parachute, devrait retomber sur terre à quelques centaines de kilomètres du lieu du lancement, en Beauce, selon les prévisions. 

On parle d’une chute d’une durée approximative de 30 minutes. « Le plus gros enjeu qu’on a, c’est qu’on ne veut pas que ça traverse les lignes et que ça se ramasse aux États-Unis », indique Jasmin Hamel, qui espère être en mesure de récupérer sa sauce piquante au terme de l’expérience, puisqu’il souhaite réaliser une dégustation de l’échantillon sur le lieu d’atterrissage afin de vérifier si le voyage a eu une incidence sur son goût.

Il s’agit là du deuxième des trois objectifs visés par ce coloré projet, précise l’entrepreneur: « Oui, je veux savoir si ça va modifier le goût et essayer d’aller chercher le record Guinness de la sauce piquante ayant atteint la plus haute altitude dans le ciel. Mais mon objectif ultime, c’est d’avoir une prise de vue de la sauce Canadienne avec la Terre ronde en arrière-plan ».

Toute une équipe à pied d’œuvre!

Évidemment, un tel projet ne s’improvise pas à la dernière minute. Toute une équipe y travaille activement depuis plus de deux mois, multipliant les calculs et les tests en laboratoire. Cette équipe est composée de trois doctorants en physique et d’un ingénieur physique (le frère de Jasmin, Éric). Un vidéaste s’occupera quant à lui d’immortaliser l’ensemble de l’expérience, qui sera diffusée lors du prochain Festifeu, qui se déroulera sur la plage du Port-Saint-François, à Nicolet, les 24 et 25 août prochains. Cet événement, initié par Jasmin Hamel en 2022, met en vedette différentes sauces piquantes québécoises et inclut un concours de mangeurs de piments forts.

C’est d’ailleurs sur le site de l’événement que Jasmin Hamel envisage de faire le lancement de son ballon-sonde, le 22 juin. Il a communiqué avec la Ville de Nicolet pour obtenir sa permission de le faire (toujours en attente au moment d’écrire ces lignes), de même qu’avec l’aéroport de Trois-Rivières, pour l’aviser de son projet, tel que requis lors de tels envois.

L’attirail

Le ballon-sonde de l’équipe de Jasmin Hamel aura environ un mètre de diamètre. L’attirail qu’il transportera sera de la grosseur d’une poche de quatre litres de lait et pèsera environ 1,5 kilo.

« Ce sera essentiellement une grosse boîte de styromousse remplie d’instruments électriques. Cela limitera le risque qu’ils se brisent à l’atterrissage. Par contre, la sauce se trouvera à l’extérieur de la boîte en raison de la prise d’images souhaitée », explique Guillaume Allain, l’un des bras droits de Jasmin Hamel pour cette aventure.

L’ensemble permettra de récolter toutes sortes de données : altitude, pression, température, trajet, etc. Ces informations seront intégrées dans la vidéo à venir, possiblement sous la forme d’un graphique, si tout se déroule comme prévu. 

Des tests

L’équipe de Jasmin Hamel a pris un maximum de mesures pour assurer le succès de l’opération. Par exemple, la bouteille de verre initiale de 150 millilitres a été remplacée par une bouteille de plastique de plus petit format pour alléger la charge et pour éviter une explosion en cours de route. Aussi, divers bouchons ont été testés et des essais sous vide ont été réalisés en laboratoire. 

« Puisque l’un des objectifs est de pouvoir consommer la sauce, on ne veut pas la perdre. On sait qu’elle sera exposée à des conditions extrêmes; à un vide presque complet et à un froid intense. Il faut donc s’assurer qu’il y ait un bon échange d’air avec l’environnement en haute atmosphère et qu’elle puisse survivre au gel, dans une bouteille qui ne se fissurera pas. C’est ce genre de tests auxquels on a procédé », précise Guillaume Allain.

Au final, c’est un échantillon de 50 millilitres qui sera envoyé dans le ciel, indique pour sa part Jasmin Hamel. « On va remplir trois petites bouteilles avec la même sauce. Comme ça, on pourra comparer le goût au terme de l’expérience. »

Un deuxième ballon-sonde sera à la disposition de l’équipe au cas où le premier envoi ne se déroulerait pas comme souhaité. 

Jasmin Hamel fait aussi savoir que le lancement pourrait être reporté si les conditions météorologiques sont défavorables au projet. C’est la veille du jour J que l’équipe sera en mesure de prendre la décision. Le lieu prévu pourrait aussi être modifié au besoin.