Bilan de la DPJ: plus d’enfants sont exposés à la violence conjugale

La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Mauricie et du Centre-du-Québec a reçu 9821 signalements dans la dernière année, dont 3508 qui ont été retenus pour évaluation. La négligence, combinée à un risque sérieux de négligence, demeure le motif principal de rétention des signalements, suivi des abus physiques.

Toutefois, 10% des signalements retenus concernent des enfants exposés à la violence conjugale.

« Les signalements reliés aux enfants exposés à la violence conjugale sont passés du simple au double dans les dix dernières années. Cette problématique nous interpelle depuis de nombreuses années. Comme le nombre de situations a augmenté dans les dernières années, il est essentiel pour les DPJ de sensibiliser la population aux impacts chez les enfants », mentionne Martine Scarlett, directrice de la protection de la jeunesse en Mauricie et Centre-du-Québec.

L’exposition à la violence conjugale a des effets dévastateurs sur les enfants et les jeunes, touchant leur bien-être émotionnel, mental et physique. Ceux-ci peuvent vivre de la peur et de l’insécurité, ce qui peut entraîner des problèmes de santé mentale, des troubles du comportements et des difficultés scolaires.

« Ça a des conséquences multiples, autant au niveau du développement, de l’affectif et du comportement. On voit, par exemple, des difficultés à établir des relations significatives, des comportements agressifs, des troubles du comportement. Il y a aussi des risques parce que l’enfant qui vit dans un milieu où il y a de la violence conjugale est plus susceptible de subir des abus physiques », note Mme Scarlett.

Lorsque la DPJ reçoit un signalement pour un motif de compromission d’exposition à la violence conjugale, la loi ajoute une grille d’analyse spécifique qui tient compte des particularités de ces situations et impose un changement de pratiques.

L’analyse de l’exposition à la violence conjugale implique notamment l’évaluation des conséquences sur l’enfant, en considérant la nature, la gravité, la chronicité et la fréquence des faits signalés, ainsi que l’âge et les caractéristiques personnelles de l’enfant, la reconnaissance des conséquences sur l’enfant par l’auteur de la violence et les moyens qu’il met en place pour s’assurer que cela ne se reproduise pas, la recherche d’ordonnances et de mesures civiles ou criminelles existantes, ainsi que l’analyse des ressources disponibles et leur capacité à soutenir les parents dans l’exercice de leurs responsabilités parentales.

Plus de 600 jeunes sur la liste d’attente

Actuellement, plus de 600 jeunes ayant fait l’objet d’un signalement sont en attente d’une évaluation en Mauricie et au Centre-du-Québec.

« Selon la hauteur de la liste d’attente, on s’assure qu’il y ait un filet de sécurité autour de l’enfant. Très souvent, il y a des gens impliqués autour de lui ou encore ils reçoivent déjà des services de la part d’autres organismes, explique Martine Scarlett. On a notamment mis en place de petits blitz, quelques fois dans l’année, pour aller voir les enfants qui figurent sur la liste d’attente. Parfois, les délais s’étirent, mais on peut aller voir comment ça se passe dans leur milieu et voir si le besoin de services de la protection de la jeunesse est encore présent. »

« On a déployé beaucoup d’efforts dans la dernière année pour recruter du personnel, ajoute-t-elle. Il y a un défi important à ce niveau. On souhaiterait que nos équipes soient complètes. Ça permettrait de mettre moins de pression sur les autres intervenants professionnels qui travaillent avec tout leur cœur et leur engagement. »

Au cours de l’année 2023-2024, la région a connu une légère diminution du nombre de signalements retenus. « On parle d’une diminution de 1,5%. C’est quand même une bonne nouvelle. La DPJ ne peut pas répondre à elle seule à tous les besoins et les difficultés vécues par les familles et les enfants. On collabore donc beaucoup avec nos partenaires et la clientèle. Toute notre équipe est pleinement engagée et je remercie les intervenants qui viennent nous aider dans nos événements de mobilisation et qui travaillent auprès des familles que l’on doit rencontrer », conclut la directrice de la protection de la jeunesse de la Mauricie et Centre-du-Québec.