Trois générations de spectacles… monstres!
SAINTE-EULALIE. C’est dans un champ, quelque part entre Aston-Jonction et Sainte-Eulalie, que la graine d’une grande aventure a été semée, il y a une quarantaine d’années.
À l’époque, Richard Arel en avait assez d’enliser régulièrement son camion en plein ouvrage d’épandage de purin. Pour régler le problème, il modifie son véhicule en le dotant de roues surdimensionnées. Fier du résultat, il commence à fréquenter les foires agricoles avec son camion, faisant écarquiller bien des yeux.
« Un jour, quelqu’un lui a dit que son camion ressemblait à ce qu’on appelait un Monster Truck aux États-Unis », raconte son petit-fils Matthew Arel.
Dans une revue, l’homme montre à Richard le fameux Bigfoot américain et lui explique que son créateur, Bob Chandler, fait des spectacles avec son véhicule. Il n’en faut pas plus pour allumer une étincelle : « Mon grand-père a alors décidé de faire pareil et de créer le premier Monster Truck canadien (en 1983). Il l’a appelé Suberfoot, parce qu’il s’agissait d’un Suburban modifié. »
Les premiers spectacles de Richard Arel impressionnent grandement le public. Pour cause : écraser des véhicules avec un tel camion, c’est du jamais vu, au Québec, à cette époque-là!
L’engouement était né. Pour le préserver et l’alimenter, Richard Arel prend l’habitude de garer sa flotte grandissante de véhicules bien en vue à son restaurant-motel familial, Le Madrid, situé aux abords de l’autoroute 20. Une initiative profitable à laquelle il greffera, un peu plus tard, une série de dinosaures géants, dans la foulée du succès du film Jurassic Park. (Notons que Le Madrid a été vendu en 2011 pour laisser place à la halte routière Madrid 2.0)
Ses spectacles et son marketing fonctionnent tellement bien qu’à la fin des années 1980, il demande à son fils Christian, alors âgé au début de la vingtaine, de préparer une tournée pancanadienne.
« Pendant deux ans, ils ont fait une tournée d’un océan à l’autre, présentant environ 90 spectacles avec divers camions et quelques à-côtés. C’était un cirque ambulant », souligne Matthew Arel.
Après cette tournée, Richard Arel décide de passer le flambeau à Christian. Ce dernier pousse la chose plus loin en créant « Monster Spectacular« , une série de spectacles de plus grande envergure encore. C’est au Colisée Pepsi de Québec, en 1990, qu’est présenté le tout premier. Il connaît un succès… monstre!
C’est alors que Christian choisit d’en vivre. Il poursuivra son chemin dans le domaine jusqu’en 2017-2018, moment où il décide de tourner la page sur cette aventure.
Son fils Matthew, formé en gestion et en administration, songe alors à poursuivre la tradition familiale. « J’ai grandi là-dedans. J’ai appris, j’ai aidé… Alors quand mon père a quitté, j’ai décidé de me lancer à mon tour dans le domaine, à mon compte », raconte le principal intéressé, aujourd’hui âgé de 27 ans.
Avec la bénédiction de son père, le jeune homme a pu conserver le nom « Monster Spectacular » et a continué à faire affaires avec les gens qu’il connaissait. L’entité qu’il gère est toutefois complètement nouvelle, précise celui qui est également investisseur immobilier à Trois-Rivières et conseiller en sécurité financière à son compte.
Le spectacle
Bon an mal an, Matthew Arel produit une dizaine de spectacles un peu partout au Canada, dont le plus gros au pays. Celui-ci se tient au stade olympique de Montréal et attire pas moins de 50 000 personnes.
Cette année, toutefois, ce grand rendez-vous n’aura pas lieu en raison des rénovations en cours au stade olympique. Comme ces rénovations devraient durer quatre ans, le promoteur réfléchit actuellement à diverses avenues qui permettront aux fans montréalais de renouer avec « Monster Spectacular » dans un endroit près de chez eux, dès l’an prochain.
Pour 2024, huit événements sont prévus. La série débute avec trois spectacles dans les Maritimes, du 18 au 20 mai (Saint-John, Moncton et Summerside). Elle se transporte ensuite en Ontario, les 25 et 26 mai (Ottawa et Kingston), avant d’aboutir au Québec le 1er juin, au Centre Vidéotron de Québec. « C’est là qu’on attend la plus grosse foule de l’année, soit autour de 15 000 personnes », mentionne Matthew Arel.
Après Québec, l’équipe retourne en Ontario pour les deux derniers spectacles, les 15 et 16 juin (à Barrie et North Bay).
La formule
Mais qu’est-ce qu’un « Monster Spectacular« , au juste?
C’est un spectacle dont les pièces maîtresses sont des Monster Trucks que Matthew Arel fait venir principalement des États-Unis, avec leurs pilotes renommés. Ces derniers s’amusent à sauter par-dessus des voitures à écraser en relevant des défis.
Grosso modo, chaque spectacle est constitué de trois parties. D’abord, le « Wheelie Contest« , dont le but est de demeurer le plus longtemps perpendiculaire au sol, d’un côté ou de l’autre. Puis, il y a les courses en duel. Ensuite, c’est le très attendu « freestyle« , où les pilotes font tout pour épater la galerie et tenter de remporter les honneurs.
Mais il y a plus encore! Du « freestyle motocross« , des courses de tracteurs à gazon modifiés, du « freestyle BMX » et même des courses de karts électriques sont intégrés au spectacle, selon le marché et le budget disponible.
Matthew Arel est fier du produit qu’il offre, même si certaines personnes en critiquent la pertinence, ne trouvant pas la chose respectueuse de l’environnement.
À ses détracteurs, il répond ceci : « On a calculé ce que notre spectacle émettait en matière de CO2. Ce n’est même pas comparable aux émissions d’un véhicule sur la route par année. En fait, manger un avocat provenant du Mexique a une plus grosse répercussion sur la planète que notre spectacle! ». Et c’est assurément moins divertissant, laisse-t-il entendre…