Sage-femme, une profession en évolution
NICOLET. La Maison de naissance de la Rivière célébrait son 20e anniversaire en 2023, tout comme le premier bébé à y avoir vu le jour. C’est Sophie Martin, sage-femme, qui a eu le privilège d’assister à la naissance du premier nouveau-né de son histoire, le 21 décembre 2003.
Sophie Martin fait partie de la première cohorte de sages-femmes à avoir travaillé à la maison de naissance de Nicolet. À son arrivée en septembre 2003, même s’il était possible d’y obtenir un suivi de grossesse, il n’était pas encore possible d’y donner naissance et les femmes devaient accoucher à l’hôpital. Il fallait encore faire l’achat de matériel important, tel qu’une table de réanimation, avant d’être prêt. Mme Martin a d’ailleurs eu la chance de participer à la mise en place des services de la maison de naissance. « J’avais été pas mal impliquée! », dit-elle.
La pratique sage-femme a beaucoup évolué depuis sa légalisation. Mme Martin se souvient que lors de ses débuts, les sages-femmes ne pouvaient pas prendre en charge des naissances dans des hôpitaux, ni assister des accouchements à domicile. Ce n’est que graduellement, et après de longs pourparlers, que des ententes ont été prises avec les centres hospitaliers pour les prêts de chambre et les transferts d’urgence. « Pour que ce soit sécuritaire d’accoucher avec une sage-femme, il faut absolument qu’il y ait une entente avec un centre hospitalier, au cas où il y aurait une situation anormale, sinon tu ne peux pas offrir de service », mentionne Mme Martin.
Mme Martin a travaillé pendant neuf ans à la Maison de naissance de la Rivière, son plus long mandat en maison de naissance en carrière, soit de 2003 à 2012. Elle y a également donné un coup de main pendant quelques mois après cette période, à cause du manque de main-d’œuvre. « C’était plaisant, parce que je revoyais d’anciennes clientes. J’ai même revu la fille d’une ancienne cliente qui était enceinte! », se souvient-elle. Si elle a quitté Nicolet, c’était pour aller vivre un nouveau défi professionnel, soit mettre en place une nouvelle maison de naissance à Chicoutimi.
En 2003, seulement quatre sages-femmes travaillaient à la Maison de naissance de la Rivière, et elles provenaient toutes de la même cohorte, fraichement sortie de l’université. « Dans tous les autres services sage-femme au Québec, il y avait toujours des sages-femmes d’expérience. À Nicolet, on avait une sage-femme d’expérience à distance qu’on pouvait contacter. Je trouve que ça nous a permis davantage de développer notre autonomie et de travailler en équipe. On était en binôme, et chaque fois qu’on vivait une situation, on se consultait. J’ai aimé travailler dans ce milieu! », raconte la sage-femme aujourd’hui retraitée. Le plus difficile pour elle était qu’au début, il y avait peu d’accouchements. Elle pouvait passer trois ou quatre mois sans assister à une naissance!
Sophie Martin se rappelle également la clientèle de l’époque, à Nicolet. « C’étaient beaucoup des gens qui vivaient sur la ferme et qui étaient connectés à la nature. Je trouvais que c’étaient des gens simples, et pour moi c’est positif. À Nicolet, la clientèle était beaucoup plus variée comparativement à celle de Montréal à l’époque, explique celle qui cumule les expériences de travail. J’ai beaucoup aimé travailler en région et je me trouvais privilégiée de pouvoir faire mon travail! », conclut-elle.