Une lutte contre la grossophobie dans la région
SAINT-SYLVÈRE. La Municipalité de Saint-Sylvère est parmi une quinzaine de municipalités de la province, les toutes premières, à adopter une résolution en faveur d’un milieu de travail inclusif et bienveillant à l’égard du poids.
« On se voyait mal ne pas adopter ça! C’est à mon avis une question de gros bon sens que de soutenir ce respect entre collègues », mentionne Sylvie Tanguay, mairesse de Sainte-Sylvère.
« En plus d’avoir un impact sur les milieux de travail et de vie des citoyens, ce mouvement contribue à faire évoluer les normes sociales sur l’importance de briser les préjugés autour du poids », indique Hendrik Pineda, chargé de projet en prévention de la grossophobie au Collectif Vital (anciennement Coalition Poids).
Ainsi, la Municipalité de Saint-Sylvère s’engage à adopter des mesures de manière à créer un milieu de vie respectueux, bienveillant et inclusif à l’égard du poids. Ces mesures consistent à inclure la notion de grossophobie dans les politiques de lutte contre les discriminations au travail, encourager toute personne, quelle que soit sa corpulence, à exprimer ses besoins au sein d’un espace d’écoute sécuritaire et bienveillant, proposer des espaces de travail et du mobilier inclusifs et adaptés à la corpulence de chacun et chacune, ne pas tolérer de commentaires ou remarques discriminatoires à l’égard du poids ou de l’apparence d’une personne, et bannir les programmes de perte de poids au sein du milieu du travail.
La grossophobie au travail : une nuisance à la santé
La grossophobie se manifeste de plusieurs façons au sein des milieux de travail. Au Québec, près de 4 personnes sur 10 affirment avoir déjà été victimes de remarques et commentaires déplacés à l’égard de leur poids au courant de leur vie. Dans 41% des cas, ces commentaires provenaient de collègues de travail ou de classe. « Plusieurs personnes grosses vivent de la discrimination à l’embauche. Des préjugés bien ancrés laissent croire que les personnes grosses sont en mauvaise santé, sont paresseuses, sont moins compétentes et n’ont pas de volonté », explique Édith Bernier, fondatrice de grossophobie.ca.
« Dans certains milieux de travail, il existe des concours ou des programmes axés sur la perte de poids. Bien que la plupart du temps, ceux-ci soient proposés sans mauvaises intentions, ils participent au culte de la minceur et peuvent nourrir une crainte de grossir ou d’être jugé pour sa corpulence », indique Andréanne Poutré, cheffe de projet chez ÉquiLibre.
De plus, les personnes grosses n’ont pas toujours les moyens de développer leur plein potentiel au travail puisque les espaces de travail, le mobilier ou les équipements ne leur sont pas toujours adaptés et ergonomiques. Essentiel à la productivité et au bien-être des employés, toute personne, quelle que soit sa corpulence, doit bénéficier d’une qualité de vie, d’un confort et d’un environnement social exempt de grossophobie au travail.
« La Table québécoise sur la saine alimentation (TQSA) s’intéresse depuis quelques années aux enjeux de la grossophobie et de l’image corporelle positive. Nous trouvons important que tous les milieux puissent être inclusifs pour tous, peu importe le poids des personnes », ajoute Sylvie Bernier, présidente de la TQSA.
« Une mobilisation pour changer la norme sociale est nécessaire. L’adoption de cette résolution est une première action concrète pour prévenir la grossophobie en milieu de travail », conclut Hendrik Pineda.