De la fiction pour découvrir nos traditions
ODANAK. L’autobus vient de traverser la rivière Saint-François. On arrive à Pierreville.
« On va croiser la rue Waban-Aki, annonce mon papa. Tout près, à gauche, c’est le cœur du village abénakis d’Odanak. Un jour, on pourra aller ensemble au musée des Abénakis, c’est très instructif. »
Becs sucrés à la cabane est le cinquième volume de la collection « C’est fête » de François-Pierre Gingras, série jeunesse dans laquelle l’ancien professeur de l’Université d’Ottawa traite des traditions québécoises et folkloriques, avec un récit joyeux comme trame de fond.
« Le temps des sucres et le sirop d’érable, ça nous vient des Premières Nations. Pour parler de cette tradition, il m’a semblé naturel de situer ça à Odanak, car il n’y en a pas tant que ça des endroits au Québec où j’aurais pu le faire! Ça prenait un endroit où il y a des cabanes à sucre! », explique l’auteur.
Bien que M. Gingras ne soit pas originaire de la région, il est passé à quelques reprises au Musée des Abénakis, situé à Odanak, afin d’obtenir des réponses à plusieurs de ses interrogations. En effet, avant même de savoir qu’il parlerait de la tradition du temps des sucres, il avait déterminé que sa narratrice, Églantine, aurait un papa Abénakis. Il est donc également question de la culture abénakise dans les autres volumes de la série.
François-Pierre Gingras profite de cette tribune pour soulever une question qui l’agace depuis longtemps, soit les gens qui s’inventent des affiliations avec les Premières Nations, parce que c’est désormais « tendance ». M. Gingras tient à préciser qu’il ne parle pas au nom des Premières Nations, mais bien qu’il relate des faits à titre de spectateur.
À la toute fin du volume, il propose également des lectures et des visites pour en découvrir davantage sur les Premières Nations.
Ses souvenirs en héritage
François-Pierre Gingras se rappelle le 24 juin 2020, cette fête de la Saint-Jean-Baptiste qui n’a pas eu lieu. « En parlant avec mes petits-enfants, j’ai réalisé que la Saint-Jean ne signifiait pas grand-chose pour eux. Je me suis alors dit qu’il faudrait au moins que je leur raconte ce que ça signifiait pour moi, et de fil en aiguille, j’ai écrit, pour mes 13 petits-enfants, mes souvenirs d’enfance et d’adolescence », révèle-t-il.
Après que quelques adultes ont lu ce qui peut s’apparenter aux mémoires de l’auteur, plusieurs d’entre eux ont cru que cela pourrait intéresser un plus vaste auditoire. C’est ainsi que M. Gingras a décidé d’écrire le tout premier volume de sa série, Le 24 juin, c’est Fête!
Il a fait paraitre par la suite Bientôt, ce sera Noël!, Carnaval! Mardi gras! Carnaval!, et J’ai hâte à l’épluchette! Trois autres volumes sont à venir prochainement, pour un total de huit.
Dans cette série, les intrigues sont concentrées autour de cinq cousins et cousines qui vivent des expériences à l’occasion de fêtes ou d’événements organisés par leurs grands-parents. Étant donné les valeurs nationalistes fortes du grand-père, l’alter ego de François-Pierre Gingras, il encourage ses petits-enfants à inviter des amis originaires de l’étranger afin de leur partager nos traditions. D’ailleurs, bien plus qu’une série destinée aux jeunes, M. Gingras croit qu’elle peut être un outil d’apprentissage pour les nouveaux arrivants.