Ford reçoit 644 M $ pour construire son usine à Bécancour
Bécancour La nouvelle usine de production de cathode, bâtie au coût de 1,2 G $ dans le Parc industriel et portuaire de Bécancour, devrait démarrer sa production au printemps 2026 et créer 345 emplois. Les gouvernements fédéral et provincial se partagent à parts égales la contribution financière gouvernementale en prêts et subventions.
La Vallée de la transition énergétique, une des zones d’innovations du gouvernement du Québec, prend forme plus concrètement avec l’annonce de ces investissements à Bécancour.
Ford Motor Company s’est alliée aux entreprises coréennes EcoProBM et SK On afin de former le consortium pour construire la future usine qui vise à produire annuellement 45 000 tonnes de cathode, un matériau qui entre dans la composition des batteries qui alimenteront les futurs véhicules électriques de Ford.
L’implantation d’une telle usine répond à deux orientations importantes pour le premier ministre du Québec, François Legault.
« Le premier objectif est économique: il va toujours y avoir un besoin pour des autos électriques. Il y a aussi un objectif environnemental. Tout le monde sur la planète, on a la responsabilité d’atteindre la carboneutralité. Pour ça, il y a beaucoup de travail à faire dans le transport. »
Ce dernier pense aussi que la concrétisation du projet aura un impact sur la rétention des jeunes en région et l’augmentation du nombre de bons emplois.
« Notre objectif comme gouvernement c’est de créer des emplois mieux payés. Ce que je souhaite c’est que nos jeunes aient des défis ici au Québec, qu’ils n’aient pas besoin d’aller à New York, à San Francisco ou ailleurs pour avoir des emplois passionnants et bien payés. On a des jeunes brillants, pleins d’ambition et prêts à relever ces défis-là. Il faut leur offrir des emplois de qualité. »
Le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, croit que le Québec se taille ainsi une place enviable dans l’industrie automobile pour les prochaines décennies.
« Ça va être une usine des plus stratégiques en Amérique du Nord, une usine critique pour l’ensemble des usines de Ford en Amérique du Nord. Ce qui est intéressant, c’est comment le Québec a réussi à se positionner dans la chaîne de valeur stratégique. Toutes les autres usines en Amérique du Nord vont dépendre à peu près de l’usine de Bécancour. »
Pour le ministre provincial de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, l’arrivée de cette usine dans la région favorisera l’innovation et le développement des technologies entourant l’électrification des transports.
« On veut accélérer la production de véhicules commerciaux électriques, développer le recyclage des batteries grâce aux technologies développées ici au Québec. Dans un avenir rapproché, on souhaite que cette technologie permette au Québec d’augmenter significativement ses exportations. »
Selon le ministre, si Ford a choisi le Québec parmi la soixantaine d’états ou de provinces en Amérique du Nord, c’est que plusieurs critères ont pesé dans la balance.
« Les leaders mondiaux qui choisissent de s’implanter ici bénéficient d’un emplacement très stratégique pour accéder au marché nord-américain grâce entre autres à un réseau électrique fiable alimenté par une énergie renouvelable à coût compétitif. On a la chance d’avoir un sous-sol riche en minéraux stratégiques comme le lithium, le nickel et le graphite qui sont essentiels à la production de batteries. On envoie le signal que le Québec compte parmi les endroits les plus attrayants pour accueillir des chefs de file mondiaux de cette industrie d’avenir. »
Les subventions
Les élus ont dû défendre les importantes contributions gouvernementales accordées au projet, qui représentent un peu plus de la moitié du coût de construction de l’usine.
François-Philippe Champagne se dit convaincu que les gains pour l’économie seront importants et durables.
« C’est le début de tout un écosystème qu’on est en train de bâtir. Il faut penser à toute la chaîne d’approvisionnement. Quand vous attirez Ford, vous attirez toute une chaîne derrière pour les décennies à venir. Ford est ici pour rester et vous avez deux des joueurs les plus importants au monde: EcoPro est un leader mondial, SK On est le deuxième plus grand groupe coréen. Si vous regardez les retombées économiques régionales, même à travers tout le Québec, le retour sur l’investissement est intéressant. »
Le ministre fédéral pense même que le capital humain a fait une plus grande différence que l’octroi d’aide financière gouvernementale.
« C’est grâce au talent des futurs employés, leur savoir-faire et leur expertise qu’on est capable d’attirer des investissements comme ça. C’est le talent qui fait que les gens viennent chez nous. Les subventions, il y en a dans à peu près toutes les juridictions. »
Pierre Fitzgibbon a relativisé le montant des subventions accordées. Du prêt provincial de 322 millions de dollars, la proportion « pardonnable », qui n’aura ultimement pas à être remboursée, est de 194 millions, mais elle tient compte de nombreux avantages implicites.
« Au Québec on a des programmes d’incitatifs qui sont offerts à toutes les grandes entreprises. On parle de congé fiscal, d’une réduction des tarifs d’électricité que la Régie de l’énergie a mis en place à laquelle tout le monde a accès. Ces programmes-là, c’est pratiquement les trois quarts du montant. La subvention additionnelle est relativement minime et les retombées économiques directes vont compenser. »
Le consortium
Les dirigeants des trois compagnies qui forment le consortium étaient présentes à Bécancour pour cette importante annonce. Leurs représentants ont commenté par voie de communiqué.
La présidente et chef de la direction de Ford du Canada, Bev Goodman, explique que la compagnie réalise une première au Québec dans notre région.
« Ce site est conçu pour rendre les véhicules électriques plus accessibles à des millions de personnes au fil du temps. Nous sommes ravis de pouvoir réaliser notre tout premier investissement au Québec, avec de nouvelles installations qui contribueront à façonner l’écosystème des véhicules électriques dans cette province. »
Le directeur commercial de SK On, Min-suk Sung, précise les raisons derrière l’investissement.
« Les trois entreprises pourront, grâce à cette action concertée, disposer d’un approvisionnement stable en matières premières de batteries en Amérique du Nord. Nous continuerons ainsi de jouer un rôle de premier plan, avec nos partenaires, dans les efforts d’électrification du marché mondial de l’automobile. «
Le président-directeur général d’EcoProBM, Jae-Hwan Joo, commente son implication.
« Avec cette expansion en Amérique du Nord, EcoProBM espère étendre sa croissance à l’échelle mondiale dans le domaine de la fabrication de matériaux de cathode, qui a fait la solide réputation de notre entreprise. Nous sommes disposés à contribuer au développement de l’économie locale, notamment en embauchant localement. »