Une famille élève des chats de prestige

MRC DE BÉCANCOUR.  Marie-Lou Alarie et son conjoint, Éric LeBel, se sont lancés dans la folle aventure de l’élevage de savannahs, une race de chat hybridée descendant du serval. Ces chats, qui peuvent valoir quelques dizaines de milliers de dollars et qui ont conquis le cœur de Marie-Lou en 2019, l’ont amenée à créer son entreprise, la Chatterie Prestige Savannah.

Située dans un petit village de la MRC de Bécancour, que les propriétaires souhaitent garder secret pour une question de sécurité, la chatterie se veut être un élevage éthique. Tous les chats ont accès à des chambres qui n’appartiennent qu’à eux, et il est hors de question pour Marie-Lou d’avoir un nombre exorbitant de chats, ce qui les obligerait à utiliser des cages. « Certains ont des chambres bien plus cool que des chambres d’enfants! », lance Marie-Lou.

Il n’existe d’ailleurs qu’une dizaine d’éleveurs de savannahs, sérieux et éthiques, au Québec. Les chats vivent dans un environnement propre et sont nourris d’aliments de qualité, que ce soient les croquettes ou de la viande de porc ou de bœuf cru.

Ce qui fait également le sérieux de leur élevage, c’est le suivi médical qui est effectué sur chacun des chats de Prestige Savannah. « Chaque chat est testé génétiquement pour toutes les maladies de la race. Cette année, on ajoutera un suivi avec un cardiologue pour s’assurer que les chats ne sont pas porteurs de myocardiopathies hypertrophiques, puisqu’on veut joindre l’Union des éleveurs félins du Québec qui regroupe la sommité des éleveurs, toutes races confondues », explique Marie-Lou.

« On ne reproduit pas des chats qui ont des problèmes qui vont amener d’autres problèmes aux gens. On ne fait pas ça pour l’argent, car depuis 2019, on dépense plus de notre poche que ce que ça nous rapporte pour le moment », ajoute-t-elle. 

Le savannah, ou rien!

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Marie-Lou Alarie n’est pas particulièrement amoureuse des chats. En fait, elle était plutôt une passionnée de chiens et de chevaux avant de tomber sous le charme de la race savannah. « Si je n’élevais pas cette race, je n’élèverais pas de chats! », assure-t-elle.

Ce qui lui a plu, c’est que le savannah est un chat athlétique, enjoué et énergique, en plus d’être magnifique! « Ce sont comme de petits léopards qui se promènent dans la maison! Ils sont spéciaux, et ce sont des machines à jouer, même quand ils ne sont plus chaton! », indique Marie-Lou.

Comme ils ont besoin d’une période de jeux chaque jour, c’est le fils des éleveurs, Jacob, qui s’occupe de faire jouer les bébés et de les faire socialiser, question d’être prêts à partir dans une famille.

Actuellement, une douzaine de chats vivent sous le toit de Marie-Lou et Éric, dont Lexington, une chatte F1, c’est-à-dire dont le père est un serval et la mère, une savannah. Elle attend actuellement une portée de trois chatons qui auront le statut de F2. Plus la génération s’éloigne du serval, plus le chiffre monte. À partir de F4, le savannah obtient le statut de chat domestique selon The International Cat Association (TICA). Les générations précédentes détiennent plutôt le statut d’hybride.

En 2019, Marie-Lou et Éric ont fait l’acquisition de Lexington en Colombie-Britannique ainsi que de leur mâle en Alberta, afin de former leur couple de départ. Pour le mâle reproducteur, il faut choisir un chat F5 ou plus, car ils sont stériles jusqu’à F4 inclusivement. Même pour la chatte F1, la fertilité n’est pas garantie!

La fertilité n’est pas le seul défi auquel le couple est confronté. En effet, les chattes en chaleur marqueront les murs avec leur urine, ce qui demande beaucoup de travail de nettoyage de la part des éleveurs afin de contrôler les odeurs. Également, le mâle doit avoir une pièce pour lui seul, car il aura tendance à attaquer les chattes qui ne sont pas en chaleur. « Ils sont très territoriaux, mais c’est ce qui en fait un bon mâle! », explique Marie-Lou.

Au Québec, il est permis pour n’importe qui de posséder des savannahs de première génération, mais ce sont plutôt des F7 qui seront vendus aux familles par Chatterie Prestige Savannah. Ils sont vendus environ 2600$, soit environ le même prix que n’importe quel chat de race pure. Les F2, cependant, seront vendus aux alentours de 10 000$. Même si la clientèle de ces derniers est plus nichée, l’entreprise n’a jamais eu de difficulté à vendre un de leurs chats.

Il est même possible de se procurer un serval avec un permis de la faune et les installations adéquates. « On avait pensé acheter un serval, car il coûte moins cher qu’une F1! Cependant, c’est tellement difficile d’hybrider un félin avec un chat qu’on a préféré y aller avec l’hybride. C’est difficile, notamment à cause de la différence de grosseur, car l’accouplement est fait de façon naturelle, et non artisanale. Même si tu présentes cinq ou six femelles au serval, il se peut qu’il décide qu’il n’en veut aucune! », explique Marie-Lou.

Il est possible d’en apprendre davantage sur l’élevage familial sur le site web de la Chatterie Prestige Savannah à www.prestigesavannah.com.