John Wallace, le Père Noël des Philippines
NOËL. Invité vedette dans des émissions de télévision et de radio populaires, son visage apparaît aussi dans de nombreuses publicités. L’un des plus importants gestionnaires de centres commerciaux en Asie le recrute chaque année. Les jeunes l’arrêtent dans les lieux publics pour des selfies. Depuis une douzaine d’années, le Père Noël officiel des Philippins est un Latuquois…
Au bout de l’écran, à douze heures de décalage avec le Québec, John Wallace affiche le profil de l’emploi avec ses bretelles, sa chevelure et sa barbe blanche. « Au début, on m’a demandé de faire le Père Noël dans des écoles parce que j’avais une grosse bedaine, lance-t-il, dans un grand éclat de rire. D’ailleurs, mes amis à La Tuque m’appellent encore Gros John. »
Des bancs d’école du La Tuque High School jusqu’au trône du Père Noël aux Philippines, le parcours de John Wallace est exceptionnel. Établi sur l’île de Mindanao avec son épouse et son fils de 18 ans, il a appris à parler les dialectes locaux, le tagalog et le bisaya.
Des mois d’octobre jusqu’à la fin décembre, le Latuquois enfile son costume rouge et blanc pour des entreprises qui l’embauchent durant la période des Fêtes, alternant avec des visites dans les hôpitaux et les écoles. « Aujourd’hui, je suis devenu un genre de célébrité. Des compagnies m’engagent pour leurs activités de Noël en me payant le billet d’avion et l’hôtel jusqu’à Manille, la capitale du pays », souligne l’homme de 57 ans qui a quitté La Tuque au début des années 2000 après le décès de sa mère, Jeannine Baribeau.
« Il n’y a plus rien qui me retenait en Mauricie. Je suis parti travailler en Ontario pour des propriétaires immobiliers. Là-bas, je me suis moi-même mis à acheter des immeubles. J’ai fait suffisamment d’argent pour prendre ma retraite de bonne heure et m’en venir ici pour vivre confortablement le reste de ma vie avec ma femme », raconte celui dont les grands-pères, James Wallace et Jos. Baribeau, travaillaient respectivement à la Brown Corporation comme contremaître et à Ville de La Tuque comme employé municipal.
The Mindanao Santa Project
Cette histoire singulière devient carrément fascinante lorsqu’on découvre la véritable motivation de John Wallace à incarner le Père Noël: semer le bien autour de lui. « Quand j’en ai eu les moyens, j’ai voyagé dans des pays pauvres comme l’Inde et le Paskistan. Je cherchais un endroit où je pourrais faire une différence à ma retraite et c’est aux Philippines que j’ai trouvé. »
Pour accomplir sa mission, il verse la majeure partie de l’argent qu’il reçoit pour personnifier le Père Noël à une association qu’il a fondée, The Mindanao Santa Project, qui vient en aide aux familles démunies, particulièrement les enfants, habitant l’île où il habite.
« Ici, l’assurance maladie assume environ 50 à 70% des frais d’hôpitaux. Et si tu reviens une deuxième fois pour la même raison, le système ne paie pas. Et pour les médicaments, il n’y a aucune couverture. C’est impossible pour des parents pauvres qui travaillent souvent sur des fermes pour l’équivalent de 7$ par jour. C’est tout juste suffisant pour acheter leur nourriture. Souvent, ce sont les infirmières qui disent aux parents : »Va voir M. Wallace, il va te poser quelques questions ». Avec ma femme, on analyse chaque demande et on décide », explique-t-il.
Au-delà des aides ponctuelles en vêtements et en soins à plusieurs familles, John Wallace parraine à longueur d’année vingt et un enfants aux prises avec des maladies chroniques.
De l’autre bord de la planète
« J’ai connu moi-même la pauvreté dans ma jeunesse à La Tuque. Ma mère vivait sur l’assistance sociale et mon père est parti sans s’occuper de sa famille. Avec mon frère et ma mère, on a vécu dans les années 1980 dans une maison sans électricité, ni eau courante. Je sais donc ce qu’est la misère et quand je vois des enfants souffrir, ça m’affecte. C’est la principale raison pour laquelle je fais ça ici », confie celui qui dit avoir été inspiré par l’esprit de sacrifice de sa mère décédée à l’âge de 52 ans en 1999. « Elle a tout fait pour moi et mon frère. Elle n’était pas seulement ma mère, c’était aussi ma meilleure amie », se souvient-t-il avec émotion.
Bien qu’il compte encore des amis d’enfance à La Tuque avec qui il garde contact via les réseaux sociaux, John Wallace n’y est pas revenu depuis une vingtaine d’années. « Au La Tuque High School, les professeurs disaient de moi que je ne ferais rien de bon dans la vie. J’ai été jugé comme enfant et ça m’a donné la motivation pour aller plus haut. Et bien aujourd’hui, je suis heureux d’apprendre à mes anciens professeurs qui disaient que je n’irais pas loin que je suis en ce moment de l’autre bord de la planète », termine le sympathique Père Noël.