La plaignante témoigne au procès de l’ex-député péquiste Harold LeBel
QUÉBEC — La plaignante au procès de l’ex-député péquiste Harold LeBel a commencé son témoignage, mardi après-midi, en affirmant avoir été touchée à répétition, contre sa volonté, pendant toute une nuit en octobre 2017.
Harold LeBel est accusé d’agression sexuelle. Il a été arrêté à Rimouski le 15 décembre 2020. L’identité de la présumée victime est protégée par une ordonnance de non-publication.
La femme en question a décrit une soirée passée entre amis, au condo de l’accusé, où elle, une autre femme et Harold LeBel discutaient autour d’un gin tonic.
La conversation a pris une tournure personnelle lorsque la plaignante s’est retrouvée seule avec LeBel. Elle a témoigné qu’elle s’était mise sans problème à ce moment-là en «mode accueil de confidences».
«Il n’y avait rien de bizarre», a-t-elle déclaré devant le jury, affirmant qu’elle se sentait «en confiance» avec son ami, une «figure paternelle» qui avait l’air un peu «déprimé».
Jusqu’à ce qu’il mette soudainement les mains sur ses cuisses et l’embrasse, a-t-elle raconté.
«Extrêmement surprise», n’ayant «pas d’attirance envers Harold LeBel» et n’ayant «jamais senti» de sa part une «approche de séduction», la plaignante aurait alors eu un geste de recul.
Elle lui aurait dit qu’elle était fatiguée, qu’elle voulait prendre sa douche et aller se coucher. Harold LeBel l’aurait alors suivie et aurait dégrafé son soutien-gorge avant qu’elle ne puisse entrer dans la salle de bains.
«Il s’est mis à argumenter», a raconté la jeune femme. À dire: «Pourquoi pas? Reste encore». «Je lui ai répété encore une fois que je ne voulais pas», a-t-elle affirmé. Il aurait ensuite tenté d’ouvrir la porte qu’elle avait barrée.
Il aurait cogné dans la porte en disant: «Laisse-moi entrer». «J’étais complètement sous le choc. Je ne comprenais pas ce que j’étais en train de vivre.» Dans la salle de bains, elle se serait mise à trembler.
Selon elle, Harold LeBel était devenu tout à coup quelqu’un de «complètement différent». Une fois sortie de la douche, elle serait allée se coucher dans le lit escamotable qui se trouvait dans le salon de l’accusé.
Celui-ci aurait alors demandé à la plaignante s’il pouvait «au moins me coucher à côté de toi». «Je me sentais mal. J’avais peur qu’il soit fâché», s’est-elle remémorée.
L’accusé lui aurait entre autres touché et serré les fesses. «Je mobilisais tout mon corps pour ne pas bouger.» Elle se rappelle s’être sentie «tellement vulnérable» et d’avoir pensé que ce serait peut-être «pire» si elle bougeait.
Elle aurait attendu comme ça que ça arrête, mais les gestes sexuels auraient continué toute la nuit, sans qu’elle ne bouge. «Le soleil a fini par se lever», a-t-elle laissé tomber lors de son témoignage.
Plus tard, dans la voiture avec l’autre femme, qui avait elle aussi dormi chez LeBel, la plaignante se serait mise à pleurer. Elle aurait demandé à cette femme de ne rien dire, parce qu’elle ne voulait pas «foutre le trouble».
Pourtant, la plaignante affirme avoir eu «mal partout» ce jour-là, tellement elle avait été «contractée» pendant la nuit «pour ne pas bouger». «Ça avait été douloureux. (…) J’étais K.O.», a-t-elle relaté.
Son témoignage se poursuivra mercredi matin.
Mise en garde de la Couronne
Plus tôt, la procureure de la Couronne, Me Manon Gaudreault, avait affirmé dans sa déclaration d’ouverture que la plaignante avait passé «une très longue nuit» au condo de l’accusé.
Elle a affirmé que LeBel avait «transgressé les limites» de son amitié avec la présumée victime, et que celle-ci avait tenté de «balayer ça de son souvenir, sans succès».
Me Gaudreault a également mis en garde le jury contre toute forme d’idées préconçues ou de préjugés sur ce qu’avaient l’air un agresseur sexuel et une victime d’agression sexuelle.
«Ça peut ressembler à un casse-tête. On va vous donner des morceaux. Ce sera à vous de les placer. À la fin, vous devriez avoir une image qui vous permettra de rendre la bonne décision, sans préjugés, sans sympathie.»
La procureure a indiqué qu’elle déposera lors du procès la preuve sous forme de témoignages, de pièces et d’admissions. Les procédures s’étaleront sur deux à trois semaines, au palais de justice de Rimouski.